5132, Grengrass Street ◈ HALEY & PETER

Et Peter dit : lèves-toi et marches !

Quand on se donne à fond pour quelqu'un, on en finit toujours récompensé.

© by lizzou

Ê tre flic, c'était un peu un boulot à plein temps, du moins, c'était ce que je pensais. Même en étant de repos, il arrivait pour beaucoup d'entre nous de se sentir dans la toute puissance de l'emploi. De ressentir les choses comme un flic. D'analyser les choses comme un flic. C'était quelque chose dont on ne se défaisait pas rapidement. C'était à la fois agréable de se sentir ainsi en sécurité et puissant par tout temps mais également dangereux. Lorsqu'on était pas de service, on ne portait pas l'insigne, on avait pas d'arme -normalement- et on ne représentait pas la police du moins pas officiellement. C'était jouer à un jeu dangereux mais aucun de nous ne pouvait s'en empêcher. On avait été formé dans ce sens, pour être toujours en alerte, méfiant et à l'occasion, réactif. Être flic, on l'avait dans la peau. Ainsi, je trouvais ça tout à fait approprié de rendre visite à une vieille connaissance de mes années aux stups alors que j'étais de repos. Cette vieille connaissance, selon les rumeurs et d'autres faits était loin d'aller pour le mieux et même si flic et femme de la rue ne devaient pas s'entendre plus que dans le cadre du travail, j'avais ce sentiment que je devais faire quelque chose. Elle avait été mon informatrice et s'était toujours montré sensible à toute sorte de choses. Elle était à l'instant ni plus ni moins qu'une jeune femme en deuil. Une jeune femme que j'avais su utilisé. Je pouvais au moins m'assurer que le chagrin ne la change pas en tant que personne. Le seule bon point que je trouvais à sa situation était que son mac l'avait lâché un temps et qu'elle n'était plus obligée de découvrir en détail l'intérieur de voitures qui n'était pas sienne. Arrivé devant chez elle, soit non loin de chez moi, je le découvrais présentement, je donnais un grand coup dans la porte avec mon pieds. Mieux que le poing, ça avait le mérite de réveiller les morts et de ne pas passer inaperçu. « Haley, c'est le lieutenant Walker, Peter. J'apprécierai beaucoup de parler face à ton visage plutôt que face à cette sale porte alors si tu pouvais venir m'ouvrir, ce serait sympa ! »

Et Peter dit : lèves-toi et marches !

Présentement Haley Shelton était chez elle. La brunette découvrait à cet instant même ; les non joies de se retrouver seule avec soi même." Découvrait" était un grand mot car elle avait déjà eu affaire avec cette solitude pesante. En général, elle évitait ce genre de moment mais là elle n'avait pas eu le choix. Kayden Junior dormait et il n'y avait personne à ennuyer. C'était si stressant pour la femme qui n'arrivait pas à se faire à l'idée de justement avoir perdu celui qui rompait toute monotonie, qui avait donné un sens à sa vie, qui l'avait même soutenu lors de moment difficiles... Souvent, quand elle se retrouvait dans ce genre de cas de figure, elle optait pour des solutions bien radicales : alcool ou mal infligé. Ces actions lui permettaient d'être ailleurs et de ne pas penser à ce vide affreux. L'ancienne péripatéticienne de métier savait bien que ce n'était pas la solution. Mais ces "addictions" étaient ses réponses. C'était dix fois plus facile de se mettre dans ce mode là "Off". La belle sombrait chaque jour de plus en plus. Elle savait sortir, profiter, discuter et autre mais à l'intérieur d'elle même ce n'était pas la même chanson malheureusement. Chez elle, pas de faux semblants ! Elle pouvait être elle. Hal' était donc vêtue en traditionnelle tenue de maison : pantalon fleurit, sweat. Vêtements de la pure casanière dépressive qu'elle devenait ... On vint l'extirper de toutes pensées. Dans un sens, ce n'était pas plus mal car la belle ne se serait pas gênée pour certainement succomber au méandres de ses méfaits.
Nuls doutes c'était son vieil ami Peter : celui qui avait LA méthode. Il était dur certes mais il n'y avait que cela qui fonctionnait. Ce flic était bien plus pour la brune qu'un simple "ami/aidant". Il criait et tapait avec elle ne savait quoi sur la porte d'entrée. Une manière originale de s’annoncer. La femme cherchait si elle avait des choses à cacher. Elle paniqua même bêtement. Puis, Haley se résolu enfin à ouvrir.

- Entre ! Ma porte n'est pas gentille ?

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Quand on se donne à fond pour quelqu'un, on en finit toujours récompensé.

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F rapper avec mon pieds n'était sans doute pas la manière la plus douce de s'annoncer mais je prenais rarement les choses avec des pincettes, il était bien plus utile selon moi et bien plus facile de foncer dans le tas. J'aurai voulu savoir adopter une autre attitude mais l'ours mal luné que j'étais bien souvent, d'après Connor, n'en avait pas la possibilité. J'étais bâti sur un seul schéma d'action et je m'y tenais comme je tenais debout. Satisfait de mon entrée en matière sur le palier d'Haley, j'attendis une réponse de la jeune femme. Je n'avais aucun doute sur sa présence ici et je ne repartirais pas de sitôt. J'étais prêt à établir mon campement devant sa porte s'il le fallait. Mais heureusement pour moi, elle vint m'ouvrir très vite et mes cervicales l'en remercièrent silencieusement car oui, le sol ne devait pas vraiment être agréable en cas de campement ! J'affichais la mine de celui qui est contrarié et grommelait un truc plutôt indistinct en réponse à sa question et entrait sans me faire prier. « Le mini-toi est quelque part ici ? » Tout de suite mon visage s'éclaira, j'adorais les enfants celui de la jeune femme était plutôt du style adorable. Je n'attendis toutefois pas sa réponse et fouillait la pièce des yeux, constatant non sans désespoir que l'entretien laissait à désirer. Puis, ayant terminé ma ronde, je me fixais sur Haley. Prenant la pose et croisant les bras, je la regardais de haut en bas. Je prie le temps d'agrémenter le tout d'une grimace. « Dis donc mémé, t'as pas trouvé mieux que le pantalon avec des petites fleurs ? » Je rigolais dans ma barbe. « Il fallait me le dire que tu aimais bien ce style-là, je t'aurai pris un tablier pour aller avec les jours où tu sortiras faire le marché ! » Clin d'oeil, je m'approchais finalement pour lui laisser un vague baiser sur le front. « Comment ça va aujourd'hui ? »

Et Peter dit : lèves-toi et marches !

- Le mini moi dort. Tu lui diras bonjour s’il se réveille. La belle laissa Peter entrer. Quel caractère ! Kayden Junior réagissait positivement quand il apercevait cette tête masculine brune. Le sourire lui venait vite aux lèvres. Le petit tenait certainement de son papa : calme, souriant, touchant. Son prénom était un hommage à ce dernier mais il était vrai que de l’entendre, le dire chaque jour était difficile car ça renvoyait à la perte de cet être aimé. Cela s’apparentait un coup de poignard en plein cœur. Un jour, Hal’ ferait son deuil et elle serait prononcer ce prénom sans soucis.

La femme allait s’excuser de sa tenue non appropriée et ridicule allait dire mais elle n’en avait pas eu le temps. Elle rit sur le coup se sentant idiote. La brune se fichait d’ouvrir la porte habillée ainsi en réalité face à Pete car devant lui elle restait naturelle. Elle avait cette impression que de faire, mettre en place, des faux semblants s’était inutile.

- Rigole de moi mais c’est à a mode, un jour tu en auras un toi aussi. Tu pourras même venir me supplier pour t'en acheter un, je le ferai. Elle lui tapota l’épaule. T’as fini de m’ennuyer ? C’était de manière humoristique qu’elle lança se commentaire. T’es grave Peter ! Il la salua de manière plus adorable. Je préfère, elle sourit amusée. Et toi ? Réponse inutile pour sa part car ça ne changeait pas plus que les autres jours quoi qu’elle faisait des efforts même s’ils n’étaient pas flagrants encore.

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R endre visite à une amie et ne pas l'oublier dans sa peine. C'était mes plans de la journée. Ca et parvenir à la faire sortir de sa tanière. Ce qui était en soit quelque chose de plutôt difficile. Haley savait avoir du caractère quand il le fallait et j'avais peur qu'elle trouve mille excuses pour ne pas bouger et broyer encore du noir. Je faisais alors mes apparitions avec fracas et ne lésinais pas sur les moyens pour lui tirer un sourire. « Bien m'dame ». Je répondis aussi simplement que ça lorsqu'elle me précisa que Kayden Jr. dormait bien gentiment. J'étais un peu déçu de ne pas voir sa bouille tout de suite mais plus réellement, je n'étais pas venu pour lui mais pour Haley, pour la faire bouger un peu et la sortir de son affreux ensemble à fleur. Non franchement, le jogging, le vieux t-shirt, les jean troués, ça passait. Mais les pantalons à fleurs, je trouvais ça … ridicule. Mais enfin, c'était peut-être mon taux de testostérone qui faisait que j'étais limite écœuré en voyant tant de fleurs. Je prenais alors un air offusqué en l'entendant répliquer que bientôt, j'en voudrais un moi aussi, un de ces affreux pantalons colorés. « Plutôt me raser les sourcils ! Mais si jamais un jour j'en demandais un, promets-moi d'abréger mes souffrances, je ne supporterais pas de vivre avec le petit jardin fleuri de la vieille MacAllister en guise de vêtements ! » Je prenais un air dramatique et affolé avant de redevenir sérieux un instant. Je me doutais bien que la réponse qu'elle me fournirait ne serait pas des plus explicative mais j'espérais au moins qu'elle admette son mal-être. Il paraissait que c'était une première étape que de réaliser que quelque chose n'allait pas. Hors là, elle me retournait simplement la question. Je lui jetais rapidement un regard réprobateur avant de soupirer longuement et de m'affaler sur le seul siège qui n'était pas encombré par quelque chose. « Oh moi … criminel en cavale et paperasse à remplir, routine quoi. Enfin tu me diras … j'avais prévu d'aller voir une jeune femme désordonnée et vivante aujourd'hui, mais j'ai la déception de voir que les petites fleurs lui ont enlevé son magnifique sourire ! Tu en dis quoi ? Tu crois qu'elle voudrait faire les boutiques avec moi et se trouver un habit plus conventionnel pour un futur dîner simple au restaurant avec un vieil ami ? Ou alors les petits fleurs se seront tellement collées à sa peau que je vais devoir la traîner sur toute la longueur ? »

Et Peter dit : lèves-toi et marches !

L'attitude de Peter ne cessait de faire rire Haley. Il avait ce don sans ne rien faire pour forcément. Ses mots, sa posture, tout faisait oublier à Shelton sa situation. Bien sur, ça ne durait que l'espace d'un instant mais ce bonhomme là avait un talent fou. Hal' était ravie de le compter parmi les personnes de confiance. Celles avec qui te montrer sous ton grand jour ne gênait pas. Celles avec qui montrer des émotions ça ne faisait pas peur. Il lui faisait un grand bien rien que par cette présence bien remarquée. Sa visite était impromptue mais vraiment plaisante. La brunette lui en était reconnaissante. Si elle devait le lui dire, elle ne ferait que le répéter.
Un fou rire retentit. Le flic fit une remarque plutôt imagée qui ne passa pas inaperçue aux yeux de Haley qui n'en ratait pas une pour se moquer de ceux qu'elle appréciait. Puis même la suite prêtait à rire... petit moment de pause fou rire donc! La brune reprit son calme. Dans le fond il n'avait pas tord ça ne se faisait pas mais bon si elle savait qu'il serait passé elle aurait cacher ce petit bijou de sa penderie. Il ne l'aurait pas quitté. Dommage Hal' ne mettait plus de grande tenue, des trucs sympa ou autre. Elle devenait abonnée aux vêtements de personne ermite.

- Méchant... Bon j'avoue c'est pas trop top mais bon moi j'aime bien pour traîner à la maison puis Kay... . La femme se stoppa net. Elle se sentait bête. Pardon, il faut que je m'hab ... Ses yeux commençait déjà à recevoir des larmes mais elle retint tout cela, pas d'effusion devant Peter. Ne pas pouvoir finir cette phrase, ne pas pouvoir vivre heureuse avec son prince charmant, ne pas pouvoir se dire qu'il verra ce moche pantalon ... trop de choses que la femme meurtrie ne peux faire, trop d'interdictions injustes. Quand est-ce qu'elle arrêterait de citer Kayden ? Elle avait tellement de mal à se dire "Il n'est plus là". Il ne faisait qu'hanter ses pensées, rythmer son quotidien. Le fait que le bel homme aborde sa propre vie mettait moins de lourdeur dans l'ambiance. Sympa, ça va tu aimes toujours ce que tu fais ? La femme baissa le visage pour ne contempler que son sol. C'est bête ça... Elle sourit légèrement touchée par ses dires. J'en dis que les fleurs sont néfastes... enfin que cette femme devrait tenter d'être cette personne désordonnée et vivante et elle devrait tenter de ne plus se laisser bouffer par des petites fleurs... Je pense qu'elle adorerait en plus mais ... mais qu'elle n'est pas prête à faire ce grand pas là et qu'elle est idiote ... C'est surement contre elle. Les fleurs l’agrippent ...

TERMINÉ & VERROUILLÉ