Dalia était triste, comme souvent ces derniers temps. La jeune fille broyait du noir et n'arrivait pas trop à trouver goût à la vie. Malgré quelques approches de sa mère, la jeune femme n'arrivait pas à se confier. L'ambiance était donc tendu à l'appartement. Dalia se braquait chaque fois que Maria tentait de lui parler et de la réconfortait. La jeune fille aimait sa mère, mais ne contrôlait pas sa réaction. A dire vrai, l'adolescente avait l'impression que sa mère n'était jamais présente quand elle en avait vraiment besoin. En effet, Maria travaillait beaucoup pour gagner de quoi faire vivre le foyer et par conséquent, elle laissait souvent Dalia seule à la maison. La jeune fille se sentait très seule. C'était d'autant plus vrai depuis qu'elle avait rompu avec Sebastian et qu'elle était revenue à Lakeview. Mais pourquoi donc sa mère l'avait laissé partir? Dalia regrettait mais ne pouvait pas changer son passé...

Ces dans des moments comme celui ci qu'elle pensait beaucoup à son père décédé. Pourquoi le sort s'était il acharné contre sa famille? Quand elle y pensait, elle en voulait à sa mère de l'avoir si vite oublier. Ainsi, chaque fois que Dalia avait envie de parler de Marcus, son père, Maria changeait de sujet. La jeune fille ne l'avait jamais dit ouvertement, mais cela la blessait et la mettait en colère que sa mère ne veuille jamais en parler...

Ce samedi matin là, Dalia était donc seule une fois de plus à l'appartement de Brown Place. Ne supportant pas plus longtemps cette solitude, elle se prépara rapidement pour sortir. Avant de quitter la maison, bien entendu, elle prévint sa mère. C'était une règle d'or à la maison. Maria lui laissait une certaine liberté tant qu'elle savait où se trouvait sa fille. Jusqu'à présent Dalia se satisfaisait de la situation, donc elle continuait de jouer le jeu. Malheureusement elle n'arriva pas à joindre sa mère. Elle lui laissa donc un message vocal :

"Maman, c'est moi, je sors faire un tour, je rentrerais dans l'après midi je pense. Tu peux me joindre sur le portable. Bisous."

En sortant de chez elle, Dalia n'avait pas vraiment d'idées de l'endroit où aller. Elle décida donc de se promener au centre ville. Alors qu'elle marchait depuis peu, elle tomba devant un endroit appelé le « Sugar Cream ». Il s'agissait d'un café qui avait l'air très sympathique.  

Quand elle pénétra dans le café, il y avait une dizaine de clients déjà présent. Elle jaugea la salle du regard avant d'aller s'installer au comptoir. Elle attendait ainsi qu'une serveuse ou un serveur vienne lui proposer la carte. Pendant ce temps là, elle se mit à penser à Sebastian, avec mélancolie...

Dalia Lisi & Maya Standfield

“ QUELLE DRÔLE DE COÏNCINDENCE...  ”

Samedi matin, la jeune Maya avait pour habitude de bosser au Sugar Cream. Elle possédait un léger contrat donc elle venait un samedi sur deux. La blondinette se décida à postuler quand elle comprit qu'il était temps de grandir et de faire preuve de maturité. En effet, la lycéenne enchaînait les déboires. Dès sa naissance, elle n'obtint aucune chance. Elle naquit dans une famille faussement unie. Chacun détenait des drôles d'habitudes concernant les parents. Maya restait trop petite à l'époque pour comprendre les misères de l'un et de l'autre. En tout cas, elle subissait un quotidien dans un quartier pourri. Les bâtisses faisaient peur à voir tant elles demeuraient délabrées, mal entretenues. Les pelouses ressemblaient à des champs aux herbes bien trop élevées. La gamine de l'époque ne pouvait pas apprécier les belles choses de la vie car elle ne les connaissait pas. A neuf ans, son géniteur se tira. Sa mère le lui reprocha tout le temps lui annonçant qu'elle était trop encombrante pour être aimée. Disait-elle vrai ? Son papa avait-il toujours pensé cela ? Cette souffrance elle la garda en elle. La blonde se construit un personnage. Elle cohabita avec une droguée qui la prenait pour sa pote quand elle allait bien et qui la battait, l'humiliait quand elle vivait un bad trip. La petite Stanfield se contentait de cette situation, d'un sale environnement. L'adolescente usa de malhonnêteté, de mensonges, de cachotteries depuis qu'elle passa la dizaine. Elle connut des soucis avec la justice. Or, un jour elle choisit de modifier ses habitudes et de grandir un peu. Elle avait quand même seize ans, elle approchait de la majorité. A peu près à la même période, sa mère rencontra une lueur de lucidité. Elle plaça sa fille chez son cousin afin qu'elle attrapa une chance de s'en sortir. Malheureusement, les bonnes résolution de Maya s'envolèrent très rapidement. Le lycée, elle n'osait même pas y remettre les pieds tant elle avait de grandes difficultés et de retards. Elle ne voyait plus l'intérêt de continuer. Par le passé, elle se montrait rebelle, irrespectueuse, et non motivée, pas impliquée. La jeune fille côtoyait des mauvaises personnes. La pauvre se perdait. Le boulot, elle se donnait un coup de pied aux fesses mentalement pour se diriger au Sugar Cream. Ce métier ne l'intéressait pas. Or, elle savait qu'il lui permettait de garder le contact avec la réalité. Autrement, elle possédait d'autres combines qui lui offraient énormément de liberté. Aujourd'hui, observer les clients qui se pointaient, peu nombreux mais visibles, la saoulait par avance. Elle ne se laissa pas abattre. D'ailleurs, elle vint à l'encontre de la belle Dalia qui se trouvait au niveau du comptoir. Elle lui tendit la carte avec un grand sourire. La brunette devait avoir son âge. Maya se sentit plus à l'aise.

Bonjour, bienvenue au Sugar Cream ! Tenez la carte. Ça va aller pour choisir ? Ou vous avez besoin d'un peu d'aide ? Je reste disponible si vous le souhaitez. Son job l'obligeait à utiliser le vouvoiement.

© Chieuze

Dalia n'eut pas à attendre longtemps avant qu'une serveuse vienne la voir au comptoir. Ainsi, une jeune femme qui devait avoir quasi le même âge qu'elle l'aborda avec le sourire. Cette dernière lui tendit donc la carte et lui fit comprendre que si elle avait besoin d'aide pour choisir, qu'elle pouvait la solliciter. La jeune fille savait que le vouvoiement était de vigueur quand on servait des clients, quel que soit leur âge. Mais elle ne pu se résigner à vouvoyer une personne qui était sûrement plus jeune qu'elle. Qui plus est, Dalia avait envie et besoin de parler, elle se décida donc à engager la conversation:

"Merci pour la carte. Tu peux me tutoyer cela ne me gêne pas. Et oui je veux bien un peu d'aide. Cela fait fort longtemps que je ne suis pas venue ici." Dit elle avec le regard triste.

Ainsi, pendant quelques instants, elle se perdit dans ses pensées et se remémora sa rencontre avec Sebastian qui avait eu lieu dans ce même endroit. En effet, l'adolescente s'en souvenait comme si c'était hier. Toutefois, comme si elle sentait le regard incompréhensif de son interlocutrice, elle reprit ses esprits tout doucement et reprit la parole:

"Excuse moi, j'ai rencontré mon ex ici, et donc cela est un peu dur pour moi de ne pas y penser."

Dalia ne savait pas vraiment pourquoi elle avait dit cela. Peux être parce qu'elle avait besoin de parler et de se confier et que la jeune fille en face d'elle lui inspirait confiance. Tout ce que Dalia espérait c'était que la serveuse ne la prendrait pas pour une folle... Elle attendit donc patiemment et silencieusement la réaction de la jeune fille en face d'elle. Serait elle réceptive au début de conversation de Dalia ou la traiterait elle comme une simple cliente lambda? Dalia ne tarderait pas à être fixée...

HJ : désolée si c'est un peu court, je ne manquerais pas de me rattraper la prochaine fois.

Dalia Lisi & Maya Standfield

“ QUELLE DRÔLE DE COÏNCINDENCE...  ”

Maya Standfield répondit rapidement aux sollicitations d'une jeune cliente qui se trouvait au comptoir. Pour cela, la lycéenne présenta la carte à la brunette, aussi elle usa de formules de politesse pour s'adresser à Dalia Lisi. Le boulot l'obligeait à se montrer courtoise, souriante, polie et surtout respectueuse. Quotidiennement, elle n'utilisait pas ce comportement. Elle côtoyait parfois un mauvais vocabulaire, elle s’adaptait aux gens et aux caractères. Souvent, elle traînait avec la racaille du coin. Il n'était pas question pour Maya de tenir la porte à quiconque, de saluer ses voisins, de tenir le bras d'une vieille dame pour l'aider à traverser, etc. L'adolescente passait son temps à déranger autrui avec sa fumée de cigarette, avec ses mauvais gestes et regards, avec ses actions déplacées. Standfield ne détenait pas la meilleure éducation du monde. Son job lui permettait de garder les pieds sur terre car elle demeurait à deux doigts de devenir marginale.

Je n'ai pas le droit de tutoyer les gens mais comme personne me surveille, je vais me le permettre. Je te remercie, c'est quoi ton prénom ? Moi c'est Maya.

La blondinette calculait la souffrance et le mal-être de son interlocutrice. Ses yeux restaient attirés par le néant, le vide. Elle souriait sans vraiment faire passer de la joie ou du contentement. Elle exerçait cette action certainement plus par politesse que par envie, enfin cette caractéristique était peut-être présente. Or, elle ne transperçait pas les traits fatigués de la jeune Dalia. Cette dernière extériorisait un besoin de parler, voire de se confier. Ces éléments se lisaient dans sa façon d'aborder une gamine de son âge. Puis, Dalia semblait si perdue. Maya ressentait une détresse chez cette fille.

Tu es venue pour quoi ? Petit-déjeuner ? Je te conseille un bon chocolat chaud et une petite pâtisserie pour compléter le tout, sinon on n'a des petits pains au chocolat bien sympas et tout frais, de la brioche même. C'est comme tu veux. Tu aimes quoi ? Fais-toi plaisir, tu sembles en avoir besoin. Perdue dans ses pensées, Lisi se réveilla pour avouer le souvenir qui la travaillait. Standfield restait touchée. Elle s'assit quelques secondes près de l'étudiante. Je comprends, ça date ? Tu sais tu peux te créer de nouveaux souvenirs ici, ne restes pas bloquer dans le passé. T'es canon, tu en trouveras d'autres mecs, j'en suis certaine ! Maya tentait de rassurer sa cliente.

© Chieuze

Dalia avait eu de la chance. En effet, son impression sur la serveuse était la bonne. En effet, alors que la jeune fille avait fait comprendre à son interlocutrice qu’elle pouvait la tutoyer, cette dernière sembla se détendre un peu. Visiblement, dans le cadre de son poste, elle n’était pas autorisée à avoir ce genre de familiarités avec les clients. Cependant, Dalia ne voyait pas le mal à cela dans la mesure où c’est elle qui avait fait le premier pas. Qui plus est, elle semblait avoir quasiment le même âge. C’est pourquoi quand la serveuse remercia l’adolescente et se présenta sous le beau nom de Maya, Dalia ne put que sourire. Elle réfléchit quelques instants avant de rétorquer :

- Ne me remercie pas et si ton patron venait à te réprimander, j’en prendrais l’entière responsabilité. Enchantée de te rencontrer Maya, moi c’est Dalia, répondit la jeune fille en tendant la main par réflexe.

Puis, sans vraiment savoir pourquoi, Dalia se mit à être nostalgique. Après tout, c’était bien dans ce même café qu’elle avait rencontré Sebastian, son ex petit ami. Il faut croire que chaque fois qu’elle essayait de ne plus y penser, quelque chose venait toujours le lui rappeler. Ainsi bien qu’elle souhaitait prendre un nouveau départ en revenant à Lakeview, malheureusement elle ne pouvait faire main basse sur le passé. C’est pourquoi le vague à l’âme lui monta à la tête… elle avait besoin de parler. Ainsi, elle avait de la chance, car non seulement Maya ne la prenait pas pour une folle, mais semblait disposer à l’écouter et à discuter. Ainsi avec un enthousiasme certain, elle lui demanda ce qu’elle souhaitait prendre et ce qu’elle aimait. Elle avait bien comprit que sa cliente avait besoin de se faire plaisir et de décompresser. En effet, Dalia écouta les propositions alléchantes de la serveuse avant de faire son choix. Maya lui confirma qu’il y avait du choix en viennoiserie. Dalia sentit son estomac gargouiller. Finalement, elle se laisserait bien tenter par un petit déjeuner. C’est donc un léger sourire qu’elle répondit à son interlocutrice :

- Merci pour ces belles propositions. Je vais me laisser tenter par un pain au chocolat et un verre de jus d’orange pour commencer.

Puis, alors que Dalia ne s’y attendait pas vraiment, Maya rebondit sur la remarque de Dalia évoquant son ex boyfriend. Ainsi, elle lui demanda si sa rupture datait d’il y a longtemps et lui conseilla de passer à autre chose. Pour la rassurer, elle lui affirma même que Dalia était « canon » pour reprendre son expression et qu’elle retrouverait quelqu’un facilement et rapidement. La jeune femme sentit le rouge lui monter aux joues à l’entente de ce compliment. Elle prit donc la parole un peu gênée.

- Eh bien c’est assez récent. Je reviens depuis peu en ville depuis ma rupture. Mais ce qui est difficile c’est que c’était ma première vraie relation on va dire.. Enfin tu vois quoi. Bref, en tout cas merci, cela me touche mais je te retourne le compliment. Et toi alors que fait une si jeune fille à Lakeview ?

Dalia avait envie de parler, mais elle souhaitait également faire connaissance avec Maya. En effet, depuis son retour en ville, son mot d’ordre était de faire de nouvelles rencontres…

Dalia Lisi & Maya Standfield

“ QUELLE DRÔLE DE COÏNCINDENCE...  ”

Dalia Lisa se montrait accessible, agréable et très sociable. Maya Standfield se retrouva charmée par le ton employé par sa cliente. Interpellée par ce comportement familier, la lycéenne choisit de passer un moment aux côtés de Dalia. Cette dernière se situait seule au comptoir. La jeune fille faisait face à la nostalgie et l'amertume. Maya l'avait capté au bon moment. Au moins, elles auraient à discuter et l'employée pourrait user de bons conseils. Dalia la guérirait de ses soucis à s'exprimer avec autrui. Cette conversation servirait à l'une comme à l'autre.

Ce n'est pas un problème, je serai faire face aux réprimandes, j'en ai l'habitude au lycée ! L'adolescente se mit à rire. Elle instaurait un rapport de proximité elle aussi, elle suivait les traces de la brune. Enchantée ! Maya sourit. Dalia c'est un beau prénom, tu as des origines ?

La petite blonde se plaisait à afficher une curiosité sans nom. Elle espérait ne pas mettre mal à l'aise son interlocutrice. Or, elles faisaient connaissance. Un processus de questions/réponses s'installait doucement mais sûrement. Les deux jeunes filles ne savaient rien l'une de l'autre donc il s'agissait d'un élément tout à fait justifié : elles essayaient d'en apprendre plus l'une sur l'autre encore une fois. Avec le sourire, Maya avait serré la main froide de Dalia. Cette méthode l'amusait : bien trop formelle ! Or, elle n'en dit rien. Chacun possédait ses façons de réagir en société. Par la suite, Lisi passa sa commande.

Bon choix ! Je vais te chercher cela. J'en ai pour deux minutes, je reviens. C'est moi qui régale, tu m'as l'air cool et j'ai plus d'argent de poche que j'en ai besoin.

En allant chercher le pain au chocolat et le jus d'orange, l'ado sortit un billet de la poche de son jean noir pour le mettre dans la caisse : le repas de sa nouvelle connaissance était réglé ! Maya ne perdait pas tous les symptômes de la sociabilité, elle n'était pas si désuète. Elle savait encore s'intéresser à autrui et agir avec gentillesse. Dalia la touchait sans rien effectuer, une question d'attitude. Aussi, elles avaient le même âge. La brune réveillait les instincts humains de la serveuse. Maya revint contente vers Dalia. Les clients n'affluaient plus pour le moment et les autres étaient déjà servis. En plaçant la commande de Lisi sur la table, la jeune fille écouta ce que son interlocutrice avait à dire sur son coup de blues apparent. Ce lieu rappelait une histoire passée et importante aux yeux de Dalia. Elle le vivait mal. L'employée la soutiendrait, une conversation s'engagea.

Tu étais partie ? Pourquoi ? Pour fuir quelque chose ? Elle pensait à sa souffrance par rapport à sa rupture. Maya restait intéressée. Dalia se confiait, elle avait vécu sa première vraie relation avec son ex. Ouais je vois...  tu es jeune, tu en retrouveras d'autres, des bien mieux qui te méritent. Elle imitait une voix de vieille femme puis elle reprit la sienne. Sincèrement, je crois à ce que je viens de dire ! Dalia ne cacha pas sa gêne quant au compliment trop direct et pensé que Standfield lui fit. Elle le lui retourna même, la blonde garda le sourire. Merci c'est gentil. Euh... j'ai toujours vécu ici. Je suis un cursus au lycée... enfin quand j'y vais, c'est rare. Je bosse en parallèle, un petit contrat et j'habite chez mon cousin : Matthias Cleveland, tu le connais peut-être... . Et toi racontes-moi tout. Maya appréciait cet échange authentique.

© Chieuze