Un oro di famiglia.

La fatigue, cruel sentiment pour une femme qui se devait de conserver le peu de moyens qu'il lui restait. Son programme de la matinée rapidement complété par les impératifs habituels, elle avait la sensation de ne jamais en voir la fin. Une boucle constante et éreintante. Des bouches à nourrir, des visages à laver, des larmes à essuyer et une maison à ranger. Un flot constant d'obligations qui la faisait se sentir vivante mais qui la vidait également de ses forces. Elle avait peur qu'un jour, elle ne puisse plus se lever. Hier encore, en finissant de laver la fenêtre qui menait sur le balcon, la jeune femme avait eu cette sensation d'étourdissement. Un moment de faiblesse. Lâcher prise un moment avait été sa seule option, la seule possible et la plus raisonnable. Un instant de répit avant de récupérer Roméo à l'école et de recommencer le manège infernal des médicaments à donner à Gabriella. Et Jeff qui ne donnait pas de nouvelles … Comme souvent ces derniers temps il découchait, rentrait aux aurores et la sortait du lit par la même occasion. Daphne était au bord de la rupture et douter de pouvoir en supporter plus. N'importe quoi, le moindre changement, la moindre nouveauté risquait de la faire imploser. L'arrivée impromptue d'Anakin même, avait failli lui coûter son air détaché et sa facilité à cacher ses émotions.

La brune se demandait encore ce qui avait pu pousser son frère à quitter son esprit de globe-trotteur pour s'établir un peu dans la chambre d'amis de leur petit appartement sur Raven Street. Une petite voix lui soufflait que Clea n'était pas étrangère à cela et que la cadette avait du lui compter les misère de sa grande sœur. A tous, même aux enfants, elle parvenait à cacher son état d'esprit et l'épuisement autant moral que physique dans lequel elle était mais lorsqu'il s'agissait de Clea, tout était différent. Un seul mot ou presque et sa sœur comprenait tout de suite. Dans ces conditions, il était bien difficile de lui cacher quoique ce soit. Ça avait marché un temps … puis elle avait été moins vigilante et finalement, elle avait simplement décidé de lui en parler, de sa vie, de son couple, de tout. Un poids considérablement amoindri. Un bienfait temporaire. Oui, c'était sans doute à cause de sa sœur que l'aîné de la famille avait déposé ses valises dans l'appartement. Elle penserait sans doute à faire mine d'être en colère face à Clea le jour où elle l'aurait au téléphone, ne serait-ce que pour montrer sa désapprobation. Elle n'avait pas besoin d'aide, elle s'en sortirait toute seule. Mais même elle n'y croyait plus à l'instant. Elle avait peur. Peur de ne pas pouvoir assumer pour ses enfants, de ne pas être à la hauteur. Une peur constante qui la faisait veiller jusqu'à tard dans la nuit et la levée tôt le jour. Une peur qui l'empêchait de faire autre chose que de tenter d'offrir une vie aussi simple et ordinaire que possible à ses deux enfants qui n'avaient rien d'ordinaires. Ils étaient bien plus. Pour Daphne, ils étaient simplement exceptionnels. Comme toute mère voyait son enfant, malgré les difficultés, malgré tout, ils étaient bien plus qu'ordinaires.

C'est en pensant à eux, le sourire aux lèvres et soudainement moins abattue qu'elle se dirigea d'un pas rapide vers la porte, l'ouvrant d'un geste vif après avoir entendu frapper. Elle s'attendait à voir Jefferson, appuyé sur la rambarde et marmonnant toujours le même refrain comme quoi il avait oublié ses clés. Ou encore à entendre son frère s'esclaffer comme quoi il n'y avait rien d'intéressant dans cette ville avant d'entrer en trombe. Mais ce n'était rien de tout ça. Plutôt une surprise. Bonne ou mauvaise, elle ne pouvait encore le dire. Au moins était-elle contente de voir ce visage. « Clea ?! Qu'est-ce que tu fais ici ?! » Elle regarda dans le couloir et nota la présence d'une valise imposante. Suspectant que quelque chose se tramait sans savoir exactement quoi, elle plissa les yeux et tenta de déchiffrer ce qui se passait en fixant le visage de sa sœur. « Tu aurais du me prévenir que tu venais. »

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Abandonné et verrouillé.