La vie était dure pour tout le monde, même pour moi. Malgré l’empire que mes parents avaient créé dans le domaine pharmaceutique, je souffrais des mêmes mots que la plupart des filles de mon âge. Une fille de riche ne vivait pas ce genre de chose dans les plus beaux contes de fée. C’était ce genre de foutaise que je buvais quand j’étais petite. J’entretenais le rêve d’être aussi belle… et mince qu’elles. Je n’étais qu’une pauvre adolescente boutonneuse et dodue. Le rêve de toutes les soi-disant jeunes femmes riches. Ironie du sort ! Je n’étais pas cette fille qui sortait des films de riche ; j’étais loin d’être une belle blonde pulpeuse dès l’âge ingrate et encore moins forte sur mes pieds. J’étais une petite âme qui suivait difficilement le flot. J’avais du mal à m’intégrer au monde qui était mien aux premiers abords. Je voulais être la fille d’à côté. Je voulais être ce que je n’étais pas. Je rêvais à une vie meilleure. Je rêvais d’être la fierté de ma famille sans pour autant attirer des regards de pitié à mon encontre. Papa et maman voyaient bien que je tentais de me cacher sous une tonne de vêtement ample, ils voyaient bien que je léchais les vitrines avides de porter la mode. Je voulais sentir la mode jusqu’au bout des doigts, mais j’étais trop ronde. Toujours trop ronde pour cette satanée mode. Je sortais des boutiques pleurant à chaude larme devant le regard attristé de mes proches. Je ne voulais plus mettre les pieds là. Plus jamais ! Le shopping n’était pas une passion pour moi ; c’était une punition douloureuse. Je voulais être aussi mince et belle que mes autres amies, que les autres élèves de mon école et que toutes les femmes qu’on retrouvait dans les magazines. Je ne voulais plus entendre les rires des autres élèves me pointant durant mes cours de sport où en me changeant je voyais les regards curieux descendre sur mon ventre mou. Blessée profondément, je déguerpissais loin afin de pleurer ce que j’avais ressenti comme mal aise. Je voulais être une nouvelle femme : forte, belle et accomplie.
Je ne m’étais décidément frottée à un groupe de fille les plus belles et populaires de l’école. J’étais une petite proie facile qui baissait les yeux lors de leur passage tout près de moi. Elles s’amusaient à me faire mourir de honte par rapport à mon corps et à mon grand estime de moi. La douleur qu’elle me faisait ressentir était toujours plus grande de jour en jour. Comment pouvais-je supporter autant de regard dégoutée sur ma personne ? Je voulais être Mulan. Cette asiatique qui se battait pour sauver son père, mais aussi pour l’honneur de sa famille. Je voulais être l’héroïne de ce film de Disney. Mais regardez-moi ! Regardez à quel point j’étais grosse. Regardez à quel point que je ne correspondais pas à l’image de cette femme forte. J’étais tellement malheureuse. Assise sur mon lit, je voyais le reflet de cette fille aux yeux rougis par l’effort des larmes. Je me levai pour constater que je devais perdre un peu de ça, un peu de ci et encore un peu de ça. J’avais mal. Les mots résonnaient encore dans mon esprit : « regarde la baleine échouée, regarde la pauvre face de pizza… comment va ta famille d’éléphant ? Regardez-la ! » J’avais besoin de prouver à tous que j’étais une personne comme eux. J’avais envie d’être la victime se défendant vis-à-vis ses agresseurs.
Mon père ouvrit la porte de ma chambre toute grande. Il m’avait aperçue pincer la moindre partie de mon corps en me regardant la glace. Il regardait mes larmes coulées sur mes joues. Père n’était pas souvent présent, mais il nous aimait énormément. Il était un grand homme qui s’épuisant au travail afin de satisfaire le monde entier pour les nombreux médicaments dont il était le « créateur », mais aussi il donnait de son mieux pour que nous manquions de rien à la maison. C’était avec ce grand air triste qu’il me fixait : «
» Les larmes affluèrent à mes yeux. C’était une question douloureuse. J’avais cru que mon père aurait gardé le silence. «
» Il semblait autant anéanti que moi. «
» Je répliquai sur le coup en étouffant un sanglot le mieux que j’en étais capable : «
» Je lâchai finalement un sanglot que j’avais tenté de freiner en vain. Je ne pouvais plus endurer la façon dont on me maltraitait. «
» Mon père s’approcha de moi pour me prendre dans ses bras. Il embrassait le haut de ma tête tandis que je pleurais contre lui. Je pleurais fort. J’avais tant souffert ses derniers temps sans me confier de tout ce mal. C’était un cri du cœur cette aide. «
» Le pacte était scellé ; mon père m’aiderait à perdre les kilos en surplus pour boucler cette boucle d’intimidation.
Plus jamais quiconque m’avait rappelé l’époque où j’étais différente. Pourtant, je ne pardonnais pas à ses filles qui m’avaient maltraitée. Je passais à leur côté la tête haute, les épaules droites et avec cette confiance inouïe que j’avais acquise au cours de mes nombreuses séances de sport. Je m’aimais comme j’étais, mais je devais avouer que ce changement ne s’est pas effectué dans un claquement de doigt. Non ! Un long processus mental et physique. Mon père avait beaucoup dépensé pour mon bien être. Je réalisais l’ampleur des investissements. Plusieurs adolescentes n’avaient pas cette chance. Elle continuait pourtant à se faire martyriser par ceux qui naturellement furent choyés par la nature. Je me dissociais de ses gens-là préférant la compagnie de ceux parmi lesquelles on m’avait associé dès le départ : les intellos-boutonneux. «
Alors, tu vas continuer les sciences, Liz ? » Je souris à son meilleur ami toujours aussi boutonneux depuis le temps. «
Bien sûr, ma vie se base sur tout ce qui englobe la chimie. » J’avais toujours beaucoup de succès en chimie et en biologique. Le gène scientifique de mon père m’avait été retransmis. «
Tu vas me manquer, Nico ! » Il se frotta la tête. «
Tu sais… ma demande est toujours à jour ? » J’eus une petite moue de désolation. «
Je suis désolée, Nico, mais tu es pour moi un ami uniquement. Je n’aime pas te faire de la peine, mais entre ami de longue date, il faut rester sincère… je ne veux pas te donner de faux espoirs…» J’étais extrêmement mal à l’aise à chaque fois qu’il me rappelait qu’il m’aimait un peu plus tous les jours. Je n’étais décidément pas amoureuse de mon ami. Justement, il ne m’attirait pas ; ce n’était qu’un simple ami pour qui j’avais quelques sentiments purement amicaux. Pourtant, il ne semblait pas voir le mal à l’aise qu’il me faisait vivre. Je devais peut-être m’éloigner le temps que je serai aussi à l’université pour avoir mes idées bien en ordre. «
… c’est mon physique qui ne te plait pas ? » J’avais perdu le moindre sourire. Non, ce n’était pas son physique uniquement, il était tout simplement mon meilleur ami. Je ne voyais aucune possibilité autre que d’être son amie. Mon meilleur ami me mettait réellement dans un sale état. Il ne voyait donc pas qu’il me compliquait toujours mon existence. Oui, j’étais parfois égoïste, mais je ne l’aimais pas. Je ne voulais pas avoir d’autres rapports que celui que j’entretiens présentement avec ce dernier. «
Je ne veux pas de toi comme tu me veux, Nico. Nous sommes que des amis, j’aimerais qu’il en soit ainsi pour longtemps. Je n’ai aucun sentiment amoureux pour toi. Oui, j’ai de l’affection. Ton physique n’a rien à voir dans tout cela ; je ne suis tout simplement pas intéressé par une relation autre que de l’amitié… ça me désole de ne pas être dans la capacité de partager les mêmes sentiments que toi. Ça me rend mal à l’aise. » Il baissa la tête en marmonnant : «
j’avais raison, c’est mon physique. » Exaspérée, je levai les yeux au ciel. «
… j’dois partir… » je filai tout droit vers ma seule porte de sortie que je trouvai du coup sur le moment : la fuite.
Scène 3 : Notre rencontre !
Les vendredi soirs étaient réservés aux grands travailleurs de ce monde. L’université m’avait paru parfois si facile comparativement à la vie adulte que j’affrontais ses derniers temps. J’étais à la tête de la compagnie familiale depuis peu. Pourtant, je ne suivais que mon vieux père qui tentait de m’expliquer le moindre rouage du métier. Mon pauvre père ! Il avait si peur de voir notre patrimoine de famille disparaître ; il avait été un brave dirigeant. Je ne voulais décevoir quiconque de ma famille. Mes ancêtres ne devaient se retourner dans leur tombe en sachant que j’ai délaissé cette fameuse forteresse chimique. J’avais besoin de vivre mes Vendredi soirs aussi fortement que mes années universitaires. Je sortais tous les vendredis religieusement avec les copines. Mes amies ressemblaient à des clones blondes sans toutefois être le stéréotype de femmes stupides. Elles étaient des croqueuses d’homme qui était régulièrement en chasse devant moi, la petite brunette de groupe. Je ne cessais de les regarder faire en souriant malgré mon envie de faire comme elles. J’étais décidément une vraie scientifique ; j’étais un pied pour draguer. Peut-être que je n’avais pas cette chevelure blonde qui rendait les hommes fous ? Peut-être n’étais-je pas assez « cool » pour le genre masculine ? Peut-être n’étais-je pas assez comme elles ? Pourtant, elle me rassurait que j’étais à la hauteur de tout homme. Je ne voulais pas qu’une nuit dans les bras d’un homme ; je désirais la stabilité plutôt. J’avais ce monde pharmaceutique à diriger à la tête d’une compagnie qui était mienne depuis peu. Je n’étais pas encore à l’aise.
J’avais remarqué un homme depuis quelques semaines. Il était toujours assis à une table près du bar où il révisait des notes et des livres sur la physique. Je l’observais sans toutefois m’y approcher. Je n’étais pas la seule de mon groupe d’amie l’ayant aperçu. Chaque semaine, elles revenaient bredouilles. Elles n’obtenaient que du sarcasme et de fausses promesses où l’inconnu ne se pointait jamais. Je ne comprenais décidément pas les raisons de ce refus incessant envers mes belles amies ; elles étaient tous belles, séduisantes et intelligentes. Comment un homme pouvait-il aussi facilement décliner toute invitation sans jamais loucher sur leur décolleté bien généreux ? Je m’étais surprise ce soir encore une fois à espérer le croiser ayant vérifiés mes quelques atouts. Je voulais lui plaire sans avoir cette envie de frapper ce mur de plein fouet. Je ne voulais jamais perdre la face vis-à-vis un homme. N’étais-je pas cette femme forte à la tête d’une grande compagnie pharmaceutique ? J’étais une petite chose tellement stupide par moment. Cette peur me menait par le nez. Je devais prendre mon courage à deux mains, mais je ne me sentais pas à l’aise de le faire. Pourquoi n’étais-je pas une de mes héroïnes de mon enfance ? Assise à une table non loin du bar, je regardais les clones dansés au rythme de la musique. Elles serpentaient ensemble sur leurs jambes agiles. Je crois que ce soir j’avais plutôt l’envie de me rouler en boule devant le feu à lire un roman à l’eau de rose pour croire à un pseudo conte de fée pour moi.
Pourtant, j’étais là à ce bar comme chaque vendredi depuis que j’avais quitté l’université. Je tournai la tête vers le bar où se trouvait cet inconnu qui m’attirait autant qu’il me terrifiait. Je pris une longue gorgé de la bière que j’avais commandée. Le courage venait grâce à l’alcool. Je me lançai finalement à l’eau : «
Vous avez bien du courage pour étudier dans ce genre d’endroit. La musique à fond, tous ses gens… votre concentration est excellente monsieur surtout ce que je peux observer ce n’est pas de la physique de base que vous étudiez.» Je souris nerveusement tandis qu’il levait la tête pour me regarder fixement. Je déglutis ; il me retournait comme pas un l’avait fait. Je me sentais si petite dans mon pantalon ajusté que mon courage s’était sauvé au grand galop. «
Ah bon ? » «
Oui, malheureusement je n’aurais jamais eu ce courage et la concentration de le faire durant mes études » Je devais absolument me détendre. Je devais me faire confiance un minimum. «
Pas de chance » C’était tellement froid. Peut-être devrais-je reculer ? Je regardai mes amies qui s’amusaient toujours sur la piste de danse. «
Effectivement… Par curiosité malsaine, j’aimerais connaître les motifs des refus de ses femmes là-bas ? » Il avait replongé dans sa lecture. Il ne prenait même pas la peine de lever sa tête en ma direction. J’étais si peu intéressante. Aouch ! Je crois atteindre ce mur en pleine vitesse. «
Elles ne m’intéressent pas. Vous êtes donc leur émissaire ? » «
non, non… ce n’est que ma curiosité qui a ce grand besoin d’être assouvie. Pourtant, je les trouve si belle » Mon regard restait poser sur ses femmes qui s’amusaient. «
Elles sont des destructrices nées qui ont habituellement tout ce qu’elles veulent. Mais elles n’ont pas grand-chose d’intéressant à mon avis. » Je tournai la tête vers lui. «
Pourtant, vous ne les connaissez pas… elles ont quand même tout ce qu’elles veulent sauf vous, mais je ne crois pas que beaucoup ont pu se vanter de vous avoir. » Petite pause le temps de mettre mes idées en ordre. «
… d’ailleurs, je crois que votre opinion sur moi est déjà forgé. Nul besoin de m’humilier plus longtemps ! » Il répondit du tact au tact : «
Elles ont tellement de choses, dont elles se servent et jettent ensuite. Leur intérêt est purement matériel, ensuite mon refus est devenu un défi. – il pose les yeux sur moi -
Vous ne connaissez pas mon prénom, alors je me demande bien ce que vous pouvez savoir de mon opinion sur vous. » Je ne sus où regarder sur le coup. «
Bien que je ne connaisse pas votre prénom, j’ai bien peur que vous m’aviez associé à ses femmes sans même me connaître. Je détonne parmi mon groupe d’ami. Tout ce que je viens de faire, c’est de prendre mon courage pour venir que vous adressez la parole… je sens bien que je vais y perdre la face par votre prochain de refus de quoique ce soit envers ma personne ! » J’avais perdu toute trace de sourire. J’étais terrifiée. «
Elles sont vos amies et elles n’ont jamais prononcés mon prénom ? Elles le savent toutes pourtant. » J’haussai les épaules. «
J’évite de parler de vous ; plusieurs se mettent en colère. Puis, elles savent tous que je meurs d’envie de discuter avec vous. » je venais de faire un grand aveu assez gênant à mon avis. «
Alors je suscite de la colère ? Intéressant. » Il asséna le coup final. «
Il est hors de question que j'accepte l'invitation de quelqu'un qui ne sache pas mon nom, Lady. » Je venais de ravaler mon courage. Je baissai le regard. «
Bien, j’ai compris. Je ne veux pas en entendre plus. Bonne soirée inconnu… » «
Linus. » «
C’est ça… Linus. J’ai compris le message, j’arrête de faire le clown devant vous. Vous n’aviez qu’à me dire que vous n’êtes pas intéressée ; pas besoin d’humilié quiconque. » J’étais une dégonflée. «
Vous êtes la seule à croire que vous êtes humiliée. Vous avez raison, vous détonnez parmi vos amies et ça n'a rien à voir avec la couleur de vos cheveux, Lady Lizbeth.» C’était la colère qui me faisait parler. Il se contredisait. J’étais mal à l’aise de ne pas être comme mes amies au final. Je baissais généralement la tête face à un homme. «
Mais pourquoi êtes-vous autant désagréable ? Je me sens humilier parce que je ne suis pas aussi... aussi fière et courageuse qu'elles » «
Je suis naturellement désagréable et pourtant vous êtes toujours là. Et en plus, je n'ai pas posé les yeux sur mon bouquin depuis plusieurs minutes. Aucune d'entre elles ne peuvent s'en vanter. » Je commençai à taper du pied parce que j’étais extrêmement nerveuse et énervée. «
Parce que vous me fâchez ! Vous me faites tourner en bourrique ! » Je ne voulais décidément être représenté comme l’idiote du village. «
Vous êtes fascinante, Lady Lizbeth » « » J’avais mal à la tête. Il me mettait dans un sale état pour aucune raison. Ma fierté avait peut-être pris un coup depuis le début. J’avais cru bon rester à la maison… dieu sait à quel point j’aurais du définitivement passer mon vendredi soir en pyjama avec mes romans savons. «
Et comment connaissez-vous mon prénom ? » «
J’ai lu tous vos écrits de chimie, vous êtes douée » Je tombai des nues. Comment pouvait-il me lire et me connaître tout en m’humiliant ? Je me sentais tellement humilier dans toute cette histoire bien qu’il affirmait que j’étais bien la seule à voir cette dite humiliation. «
Et vous refusiez la moindre invitation de ma part... vous n'avez aucun fil conducteur, Monsieur Linus. » «
Je n’ai refusé qu’une invitation. » «
Ça inclus les prochaines… » Dieu sait qu’il était énervant de se retrouver devant un comparse masculin froid et distant qui ne cessait de vous humiliez. Pourtant, Linus me faisait passer l’un de mes plus désagréables vendredi. Je regrettais presque ma vie de jeune étudiante qui passait ses nuits à s’imaginer sa vie adulte dans le monde « jet-set ». Je connaissais ce monde, mais je n’y arrivais pas toujours à m’y inclure totalement, car je manquais de ce courage que les clones avaient toutes. «
vous connaissez mon nom maintenant. » Je fronçai les sourcils le regardant de façon la plus sérieuse qu’une scientifique pouvait le faire. «
Décidément, vous me prenez pour une conne. La question est simple : voulez-vous passer du temps avec moi pour un diner ou une sortie complètement comme un saut en parachute avec moi ? » Je le regardais attentivement ; je vis la surprise dans son visage. J’étais capable de provoquer ce genre de chose chez lui… c’était bien ! «
Parachute » «
Oui, j’ai dit parachute… » Allo ? C’était clairement le mot parachute que j’avais dit. «
Pourquoi parachute ? » J’eus un petit sourire. «
Pour vous faire réagir un peu. Vous êtes froid, peut-être que ça délierait un peu votre langue. En plus, peut-être aviez-vous envie de prouver quelques lois de la physique ? » Je soupirai en me tapant presque la tête contre le coin de la table. «
Avez-vous déjà sauté en parachute ? » «
Non, jamais. J’aime bien les premières. Pas vous ? » J’avais enfin son attention. J’avais l’impression d’avoir marqué quelques points ; il me dévisageait. C’était encore une avancée dont j’étais presque fière. Je lui fis un petit sourire tendre inoffensif. «
Oui, j'aime bien les premières. Je n'ai jamais sauté en parachute non plus. » Je souris. J’avais beaucoup plus de point que les clones avaient obtenu avec cet homme. «
Voulez-vous m'accompagner, monsieur Linus ? » Méfiant, il me répondit : «
Vous allez vraiment inviter un parfait étranger pour votre premier saut en parachute ? Qui plus est un inconnu désagréable et qui vous prend pour une conne ? »«
J'essaye d'inviter cet imbécile étranger désagréable qui me prend réellement pour une conne à venir faire avec moi mon premier saut» J’avais répondu avec beaucoup d’humour. Je voulais me détendre. J’avais enfin gagné une lutte. Cet homme m’inspirait quelques choses que je n’avais pas connu auparavant. Je désirais réellement me retrouver avec un homme dans ma vie de façon stable. Une vraie vie de couple, mais ce Linus semblait peu intéressé par les femmes dont moi. C’était plutôt le parachute qu’il l’intéressait que ma propre personne. «
Je ne crois pas que vous soyez conne. D'accord, allons-y pour les premières fois. Premières fois en parachute et première fois que j'accepte une invitation dans un bar » J’avais peut-être gagné une première bataille, mais la tâche n’était toujours pas facile. Je n’arrivais pas à suivre les moindres changements de direction aussi facilement qu’avec les autres. Cet homme était si complexe, plus que complexe qu’un simplet petit être humain comme moi. «
Bien, je suis réellement heureuse» Je présentai ma main en guise de pacte. Je voulais le faire de façon plus conventionnelle «
Quel jour vous conviendrait-il le mieux ? » Il ne me prit pas la main. Il la regardait d’un air suspect comme si je venais de faire la plus grande des bourdes. Je la retirais instinctivement. J’étais totalement mal à l’aise. «
Une journée sans trop de nuages. ni brume, sinon il y aura moins de plaisir de voir le sol approcher très rapidement.» J’avais les yeux rivés vers le sol avec cet air de femme blessé dans l’estime. Malheureusement se sentir idiote était si facile face à cet homme aussi déroutant. «
Jeudi, soit dans 2 jours, à la météo, ils annoncent du bon temps. » Je changeais encore une fois de pied. Je désespérais à nouveau face à mon idiote de main. «
Prêtez-moi votre téléphone. » Je sortis de façon nonchalante mon cellulaire lui laissant sans vraiment d’espoir rempli la tête. J’avais eu mon lot de déception en moins de quinze minutes. Je le suivais du regard tandis qu’il y inscrivait des choses. Il se pouvait très bien qu’il me donnait à cet instant précis son numéro de téléphone ce qu’Il n’avait fait pour aucune de mes amies. «
Si jamais je commence à recevoir des appels de groupies, je saurai d'où ça vient. » Il haussa les épaules. «
J'aurai besoin de l'heure et du lieu, quand vous l'aurez. Je n'aurai pas le prétexte de dire que je ne savais pas. » Je le regardais surprise, mais à mon tour sur mes gardes. «
je n'ai pas envie de faire foirer ce rendez-vous par un quelconque fan club. Je peux garder ce rendez-vous dès plus secret, je suis égoïste... monsieur Linus. » Elle n’avait aucunement l’intention de détruire ce pseudo rendez-vous qu’elle venait d’obtenir avec difficulté. «
Oh, j'arriverai bien à le faire foirer moi-même, ça ne serait pas une première » «
Je vous en empêcherai ! Je désire profiter de mon premier saut tout en m’amusant. C’est l’important, non ?» «
C'est une promesse ou une menace ? » Je souris timidement. «
Une promesse. Je vous promets de vous empêcher de détruire notre rendez-vous » «
Bonne chance, je suis doué. » Toujours aussi timidement. «
j'ai une tête de cochon. » Il esquisse un petit sourire imperceptible. «
On verra bien. » Je tournai la tête vers la piste de danse apercevant les clones s’approcher de nous. Je soupirai bruyamment. J’étais un brin agacée. «
Nous devrions peut-être mettre un terme à notre entretient, les clones reviennent » Il jeta un coup d’œil vers les clones qui s’approchaient de nous. «
Oui, ça vaut mieux » Il referma son livre. «
Je vous enverrai un message pour vous confirmer l’heure. À jeudi, monsieur Linus ! » «
À jeudi… » dit-il se sauvant de l’attroupement de clone. Je ne savais quoi penser, mais je crois que j’avais réellement obtenu un rencart ; il ne restait qu’à attendre ce jeudi pour être bien certaine de mon avancé.
Scène 4 : La réalité après moins de trois ans de mariage...
L’inquiétude se lisait sur mon visage. Il était parti… j’en étais plus que certaine. Je ne l’avais cru dans sa phase de scientifique fou où il s’enfermait durant des heures cherchant en vain à s’alimenter de toutes informations nouvelles sur la physique de tout genre. Mon mari était fou, mais je l’aimais tant. Je l’avais cherché durant des heures. Pourtant aucune trace de lui à la maison, au bureau et au labo. Ses collègues m’avaient répondu tous le même refrain : Linus n’était pas entré au travail. C’était ce qui me tuait ! Où était-il ? Pourquoi était-il parti sans moi ? Je le savais qu’il n’était plus ici. Douleur, malheur et tristesse ; je me retenais sans cesse en question. M’aimait-il vraiment ? Est-ce que notre mariage était une grande erreur après tout ? Je ne voulais pas y croire. J’étais réellement amoureuse de Linus. Mon Linus ! Je l’aimais comme il était avec ses défauts. D’ailleurs, j’avais appris à vivre avec tous ses défauts. Son départ me brisait littéralement.
Je me retrouvais dans ce grand appartement, seule, sans lui. Je vivais dans tous ses souvenirs. Je percevais encore sa faible odeur dans notre appartement. Cela faisait une semaine que je m’en faisais pour cet homme que je n’avais pu avoir de ses nouvelles. J’étais une grande ignorante puisqu’il ne répondait pas à mes messages ni à mes appels téléphoniques. Malheureusement, je perdais petit à petit l’énergie de me battre contre cette violente tristesse qui m’habitait. Je le voulais ici. Je voulais qu’il me prenne dans ses bras pour me consoler de tout. Pourtant, il n’y était pas. Je me couchai dans mon lit étant incapable de manger ou de travailler. J’étais étendue dans mon lit en serrant mes bras autour de moi-même comme si je tentais de m’auto-satisfaire dans ma consolation. C’est en tournant la tête que j’aperçus l’une de nos nombreuses photos de mariage. Linus, mon Linus ! La digue céda. Je m’étais effondrée littéralement sur mon malheur. J’aimais mon mari. Je devais le récupérer où qu’il soit. Je me doutais de l’endroit où il se trouvait présentement. Je voulais avoir le cœur net si mon mari tenait toujours à moi. À vrai dire nous avions toujours été vite en besogne. Demain, j’irai le récupérer. Demain, je le saurai. Je préparais mes bagages pour partir pour Lakeview.