insanity runs in my family

« It practically gallops. »

A me voir aujourd'hui courir d'un côté à l'autre de la cuisine, protège-main à portée et penchée vers tel ou tel four pour s'assurer que tout cuit correctement, on ne pourrait pas le croire. Difficile de réaliser qu'il y a maintenant six mois que ma vie avait basculé, que j'avais passé tout ce temps à basculer entre l'envie de me flinguer et la lassitude que le geste m'inspirait. Ca, ou alors une pensée pour Juliet arrêtait ma main. Cela avait été pénible, de m'extirper de l'enfer à force seule de mes mains; ma grande soeur était là pour moi évidemment, et elle avait fait de son mieux mais... j'étais tout bonnement trop butée pour mon propre bien.

J'avais voulu m'en sortir toute seule. Comme une grande. Ne me reposant sur ma soeur que lors d'extrêmes qui arrivaient de moins en moins souvent. Enfin...

Aow... J'inspire profondément avant de me redresser et presser une main sur mon abdomen, où une gêne soudaine m'avait forcée à me détourner des fourneaux. Les blessures cicatrisaient, je guérissais, mais certaines choses n'allaient pas disparaître du jour au lendemain. Il m'avait marquée comme sienne et la preuve de son attouchement n'allait pas disparaître de sitôt, juste parce que je me mettais à souffler sur les souvenirs. Cela aurait été tellement mieux, ceci dit... Mais non. Au lieu de quoi, je portais avec moi les stigmates de cette soirée, martelée par des souvenirs cauchemardesques qui réveillaient la maisonnée en pleine nuit aujourd'hui encore. Juliet voulait que je consulte, moi je refusais d'en parler à qui que ce soit. Le détail de ce qu'il s'était déroulé ce jour-là, entre l'humiliation et l'étrange sensation que celle de la mort ressenties, tout ça n'appartenait qu'à moi. Mais le souvenir m'était indésirable.

Un coup d'oeil.

Un instant de plus à paraître complètement psychotique dans la cuisine, et je remettais la main sur l'ipod que j'avais laissé traîné sur la table, le brancher sur le moniteur et laisser la musique balayer mes songes. Je n'étais pas la reine des cuisinières (vraiment, Juliet avait réellement trop tenté de me dissuader préparer à manger pour tout le monde) mais même elle ne pouvait nier que le peu que je savais faire, je le faisais bien. Mieux que bien, même, si j'en jugeais sur le gémissement appréciateur de Joshua lorsque j'avais fait à manger pour célébrer son retour; à croire qu'il ne se serait jamais attendu qu'en trois ans, je puisse parvenir à certains délices culinaires.

C'est gesticulant au rythme de la musique que Juliet me découvrit, faufilée en mode furtive et me faisant peur telle un fantôme apparu soudainement. Sérieusement ! Une seconde, je préparais à manger en me laissant aller au rythme des mélodies et la seconde suivante, je me retrouve face à face avec une grande blonde qui ne trouve rien de mieux à faire que manquer de me faire renverser la casserole que je tenais en main, fumante de vapeur...

Juliet !! Non mais ça ne va pas ?! .... er... à moins que tu ne veuilles faire office d'évier, j'ai besoin de vider ça quelque part

Elle se poussa sur le côté, et j'en profitais pour me hâter et filtrer le contenu de la casserole: l'eau dans l'évier, bye bye, le reste restait là. Une fois fait, couvercle posé et catastrophe évitée, je me retournais vers ma soeur avec un regard sévère sur le visage: elle savait pourtant que pour les rares fois que je cuisinais, il ne fallait pas venir me déranger. Elle avait déjà même taquiné que la raison derrière ça c'était pour qu'ils ne voient pas avec quoi exactement j'allais les tuer (elle s'était prise un essuie humide en pleine poire, ce jour là!).

Qu'est-ce qu'il y a ?

Loin de moi l'envie d'être sur la défensive, mais c'était l'une des premières choses "normales" que je faisais depuis bien longtemps et si on commençait dès le début à me tourner autour pour s'assurer que tout allait bien, j'allais exploser. Donc soit elle avait une raison d'être là, soit elle pouvait sortir... Elle avait beau être l'aînée, il y avait certains moments, comme ça, où c'était de toute évidence moi le boss. Et je pense qu'elle adorait ça.

© Chieuze

Matt avait passé la journée entière dans sa chambre les yeux rivés sur un écran de télévision trop petit. Cette émission commençait à tourner en boucle alors il saisit la télécommande et appuya sur off. Il se leva et glissa ses pieds dans ses converse en jeans. On lui avait demandé de ranger, ce qu'il n'avait pas fait bien évidement. Non, il avait joué à sa console, il avait dessiné sur son mur, un pan de mur qu'il gardait caché derrière son armoire pour qu sa mère ne le voit pas, il trouvait ça fun, il avait rédigé son journal intime et grignoté ses oeufs de pâques qu'il avait emmené en cachette dans son « repaire ». Une journée assez morne en réalité. Et puis il avait entendu du bruit en bas. On s'activait. Quelque chose allait arriver. Une fête ? Une réunion ? Un peu des deux s'il avait bien comprit. La famille au complet réunie, avec quelques personne en plus. Oh, mais c'était chouette ça ! Encore une soirée où Matt allait se demander se qu'il venait faire ans cette famille de dingues. Non, Matt aimait sa famille, mais il la trouvait juste un peu... Décalé. Déjà, rien que leur maison était coupé de tout. Ensuite leur réputation. Et puis il y avait ce -W, ce type, cette femme ou cette homme, ou cette secte qui s'en prenait régulièrement à eux. Pour le jeune garçon, c'était parfois compliqué à l'école.

Il passa pas la salle de bain d'un pas pressé, se passa un coup de peigne dans sa tignasse brune. Il était alors descendu, encore en tenue décontracté, de grandes cernes sous les yeux. Serah était là, dans la cuisine, et courait partout. Elle préparait la soirée et était très occupé. Et dynamique surtout. Matt aimait bien la voir ainsi. Pour lui, c'était comme si sa grande sœur allait mieux. Il était nostalgique de l'époque où il passait un paquet de temps avec elle, elle était la seule grande sœur avec qui il avait un tel lien. Il pouvait tout lui dire, lui confier mais depuis ce qui était arrivé à Joshua, Matt l'avait vu s'éloigner de lui et cela l'avait attristé. Juliet était là elle aussi. Elle c'était différent, très différent. Il avait toujours l'impression qu'elle ne tenait pas beaucoup à lui, qu'elle mettait des distances entre eux alors que de temps en temps, Juliet avait pris sa défense pour quelques petites querelles avec son père ou sa mère. Ouais, cette grande sœur était vraiment étrange. Peut être que ce soir elle lui porterais d'avantage d'intention ? Ou peut être allait-il se faire entendre ? Matt leur sourit, fourrant les mains dans ses poches. Il s'approcha de sa grande sœur, la plus jeune des filles Stark et s'adressa à elle d'une voix enjouée.

Si tu as besoin d'aide Serah, j'suis là.

Il lui attrapa un ustensile qu'elle semblait chercher et lui tendit, tout souriant comme à son habitude. Oui, Matt ne ressemblait pas vraiment à ses autres frères et sœur. Ils étaient tous différents et c'était tout ce qui faisait la singularité de leur famille. Et quelque part, Matt devait bien avouer qu'il aimait ça.

Serah, Matt, Henry, Juliet.

let's get this party started !

Cette semaine, tous allaient devoir faire un effort. Juliet avait usé de toute sa force pour convaincre les réticents qu'un dîne en famille serait agréable et tranquille. Malheureusement ou heureusement, Ginny se sachant pas trop si c'était une bonne idée, Serah se proposa pour la préparation du repas. A tous les coups, ça allait être un vrai chantier. Un chantier comme, un retournement de tout ce qu'il était possible de trouver dans la cuisine, des courses à n'en plus finir en travers de la ville, bref une après-midi de surmenage. Malgré tout, la blonde céda bien vite, en se répétant qu'ainsi, peut-être sa petite sœur ne se morfondrait plus, ne serait-ce que l'espace d'un après-midi.

Enfin, la fin de journée arriva et Juliet sortit la tête de ses papiers, se rendant compte du travail qu'il restait à fournir. Travailler chez soi n'était pas le meilleur moyen d'être productif, elle aurait du s'en douter. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle avait envie de rouler jusqu'à Atlanta. Elle préférait de loin rester là, écoutant les bruits que pouvait faire sa sœur en s'activant dans la cuisine, se satisfaisant de la savoir occupée, débout et non prostrée dans sa chambre. Ginny regarda l'heure se rendant compte qu'elle n'avait pas vu Matt de la journée. Un bref instant d'inquiétude avant de réaliser que du bruit émanait de sa chambre. Bien, il était là. Ne voulant pas s'immiscer dans son antre et ne sachant surtout pas s'il accepterait sa présence, elle préféra descendra au rez de chaussée où la musique résonnait. Une musique entraînante lui rappelant toutes les fois où elle avait vu Serah se produire au milieu du salon entraînant souvent un petit Matt derrière elle. Elle espérait presque avoir cette vision lorsqu'elle atteindrait la cuisine et resta là un minute observant la cuisinière de la soirée en action. A gauche, à droite, dans le placard, sur la table, d'un côté, de l'autre … c'était à y perdre la tête. Juliet faillit lui demander si elle n'avait pas pris un quelconque cachet lui donnant une vivacité infernale mais se retint, préférant observer la scène. De temps à autre, elle jetait un coup d'oeil à son portable, vérifiant qu'aucun message d'Henry n'était en attente, se demandant s'ils devraient l'attendre pour le repas ou commencer sans lui. Quant à Joshua … pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il était parti tôt le matin-même sans donner d'explication, une voiture l'attendait simplement devant la maison, vivant une sorte de nouvelle vie. La jeune femme le laissait faire, se persuadant de ne rien lui demander, de le laisser aller sans poser de questions, s'inquiétant simplement de le savoir toujours en vadrouille depuis que ses pas ses faisaient plus assurés. Mais enfin … Juliet préféra se concentrer sur les membres de sa famille présents à l'instant-même et s'avança,  prête à poser une question, interrompue dans son mouvement par la cadette.

« Je pensais que tu m'avais vu, désolée. » Fit-elle en la laissant passer jusqu'à l'évier préférant ne pas tenter le diable alors que sa sœur portait une casserole pleine d'eau bouillante.

Débarrassée de sa potentielle arme, Serah se retourna vers elle, faisant preuve d'une certaine méfiance, imaginant sans doute que Ginny venait vérifier qu'elle ne s'était pas encore écroulée, comme souvent ces derniers temps. L'aînée des deux sœurs plaça alors ses mains en signe de paix, affichant un grand sourire.

« Y a rien. Je venais juste voir notre cuisinière maboul préparer son nouveau poison et savoir si tu pensais encore en avoir pour longtemps. » Répondit-elle le plus innocemment du monde, consciente qu'elle risquait de devoir esquiver diverses ustensiles de cuisine si sa sœur était d'humeur. « Comme Henry est encore au cabinet, c'est juste pour lui dire à peu près combien de temps il lui reste avant de louper tes prouesses culinaires ! Et peut-être aussi prévenir Josh s'il a envie de se montrer … »

Elle finit sa phrase en inspectant réellement la cuisine et non plus sa sœur, se demandant si la tornade nommée Serah avait prévu un plan de replis. « Dis donc, c'est un véritable chantier cette cuisine, sûre que tu ne veux pas de l'aide ? » Elle avait presque envie de se mettre à tout ranger de suite, s'inquiétant pour sa problème santé mentale à la vue du désordre ambiant.

Matt apparut alors dans la pièce, coupant court aux tendances maniaques de Juliet. Celle-ci remarqua l'air légèrement fatigué de son frère mais se garda bien de faire la moindre réflexion pour l'instant, remettant à plus tard une conversation sur l'heure du coucher réglementaire instaurée à l'origine par Henry. Comme à la bonne époque pensa Juliet, les trois Stark se trouvaient ensemble, Matt proposant son aide à Serah. L'aînée imaginait déjà la catastrophe si eux deux s'alliaient pour cuisiner. Elle s'inquiétait en particulier pour les murs de la cuisine mais d'un autre côté, cela mettrait sans doute de la vie dans cette maison …

Serah, Matt, Juliet, Henry.

let's get this party started !

Voilà une semaine que la maison ce prépare pour ce jour, le fameux repas de famille des Stark. Juliet est sur cet événement sans relâche, en plus de son boulot, mais aussi Serah qui tentait depuis l’annonce d’en devenir la cuisinière. Surement pour s’occuper les esprits, histoire de faire autre chose, mais de nous prouver aussi à tous qu’elle avait fait des progrès culinairement parlant et nous faire gouter les mets qu’elle aurait mis des heures à préparer. Matt quant à lui, il se fichait complètement de ce repas, pour lui cela ne devait pas être mieux que nos repas de tous les jours, nous étions justes plus nombreux, le repas durait sur la longueur dans l’après-midi et souvent le ton montait suite aux désaccords dès un et des autres. Quant à Josh… et bien, j’avais comme l’impression d’avoir perdu mon meilleur ami, nous ne nous parlions que brièvement lorsqu’il daignait se montrer en notre présence. Il évite les conversations, je dirais même plus, qu’il évite la maison familiale. C’est un peu comme s’il était encore dans le coma, sauf que lorsqu’il était dans le coma, nous pouvions au moins le voir.

Fort heureusement j’avais échappé à l’effervescence de la maison toute la journée en allant travailler au cabinet. L’agitation des cuisines, les prises de têtes pour telle ou telle chose, ou encore les tensions de ma femme qui devait gérer cette journée en plus de son travail qu’elle avait décidé de faire à la maison aujourd’hui, c’était très peu pour moi ! Après tout, j’étais un homme, je faisais ce que les deux femmes me demandaient et ça s’arrêter là pour moi. En sois à part pour mettre la table et porter les choses lourdes, je n’étais d’aucune réel utilité ! Il était donc, à mon sens, inutile de prendre une journée de congé et vu mon travail, il m’était légèrement impossible de travailler à domicile. La journée n’était pas des plus chargées, surtout que certains clients avaient annulé leur rendez-vous pour partir en week-end ou je ne sais quoi d’autre. J’avais donné sa journée à ma secrétaire. Je ferme le cabinet aussitôt après mon dernier client puisque le suivant m’avait laissé un message pour me dire qu’il ne pouvait pas venir. Et c’est avant de prendre le volant de ma voiture que j’envoie un texto à Serah pour savoir si elle a besoin que je passe chez l’épicier, avant de rentrer. Je reçois la petite liste de ma belle-sœur alors que j’étais à un feu rouge. Lorsqu’il passe au vert, je tourne à gauche pour changer de sens et aller chez l’épicier. Je mets tous les articles que m’a demandés Serah dans un sachet et le pose sur le siège passager de ma voiture. Je file ensuite chez le fleuriste pour acheter deux bouquets de fleurs, de 1) pour faire plaisir aux deux femmes de la maison et peut-être détendre l’atmosphère et de 2) décoré la maison avant l’arrivée de la famille. Une fois le tout caler dans la voiture, je reprends le volant histoire d’enfin rentré au manoir familial et retrouver ma famille.

Une fois garé dans l’allée en vaillant à laisser de la place aux éventuelles autres voitures, je prends le paquet de provision dans un bras et les fleurs de l’autre. Lorsque je franchis le pas de la porte je suis submergé aussitôt par l’odeur des différents mets qu’a préparés Serah. Je me dirige aussitôt vers la cuisine puisque j’y entends des conversations. Lorsque j’entre, j’y découvre toute la petite famille. Ma femme, sa sœur Serah aux fourneaux et Matt, son petit frère. C’est avec le sourire aux lèvres que je m’avance et dépose le paquet sur l’ilot central de la cuisine. « Voilà ce dont tu avais besoin Serah. » Je m’avance vers Juliet et je l’embrasse rapidement, nous ne sommes pas très démonstratifs de notre affectif devant ses frères et sœur. Puis, je me tourne vers Serah, tout en m’adressant aux deux femmes. « Voilà pour vous, j’ai pensé que cela vous ferez plaisir. » Je tends alors un bouquet vers chacune des femmes, même si je pense que Serah en sera surement moins ravi que ma femme. Mais bon… je pense quand même à ma belle-sœur qui a surement besoin d’être traitée plus comme une femme que comme une enfant.

Lorsque les deux femmes se sont emparé de leurs bouquets respectifs je me tourne vers Matt qui n’a pas bougé et nous regarde. Je remarque aussitôt sa mine fatiguée, il a encore du passé toute la journée enfermé dans son antre à regarder la télévision. Je m’approche de lui en souriant et lui ébouriffe joyeusement les cheveux d’une main. « Alors Matt, tu es encore resté toute la journée devant la télé pour avoir cette tête ! » Je ne le réprimande pas, mais il allait falloir avoir une petite discussion à ce sujet et vu le visage de ma femme suite à mes mots, il était clair que j’avais raison au sujet de la petite discussion.

Let's get this party started !

Stark family

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« Meeerde, je suis en retard ! »

Josha lâcha des yeux la pendule murale de l'appartement de Camille. Il s'extirpa du canapé après avoir embrassé la joue de la jolie brune avachie à coté de lui. Il enfila ensuite sa veste, se dépêchant du mieux qu'il pouvait, sa canne dans la main dans l'unique but de faire plaisir à son kiné qu'il avait vu tôt dans la matinée.  Plus de trente minutes de retard par rapport à ce qu'il avait annoncé à Juliet la veille, elle allait le  tuer à coup de poêle lorsqu'il se pointerait chez eux, à moins qu'Henry s'en charge à sa place, ou encore Serah puisqu'elle s'était elle-même nommée cuisinière en chef pour ce grand repas de famille qui s'annonçait riche en émotions. Tous semblaient quelque peu réticents, par le fait que la petite brune se soit portée volontaire pour leur confectionner un repas de qualité, de son coté il n'y voyait pas d'inconvénients. Après avoir passé de nombreuses années à manger des aliments lyophilisés, en conserves lorsqu'il était sur terrain, Serah pouvait bien cuisiner ce qu'elle voulait, il trouverait forcément cela délicieux.

« Tu peux m'appeler un taxi ? Je repasse plus tard, à tout à l'heure! »

Joshua n'avait pas remis les pieds dans la demeure familiale des Stark depuis qu'il était parti, limite comme un voleur en début de matinée. Ces derniers temps, il était très peu dans le manoir, en particulier lorsque toute la petite famille s'y trouvait. Bien que cela paraisse volontaire de ça part, il ne le faisait pourtant pas exprès, du moins pas totalement.. Ces derniers temps il ne supportait plus l'idée d'être enfermé dans cet endroit, cette maison où il avait grandi, vécu d'incroyables moments, mais qui aujourd'hui semblait uniquement capable d'accroitre sa culpabilité. Dans cette maison, l'ancien soldat se retrouvait confronté à tout ce qu'il avait manqué. Il voyait Matt, son petit frère qu'il n'avait pas vu grandir et devenir le jeune adolescent qu'il était désormais. Il tentait difficilement de renouer des liens fraternels avec le dernier des Stark, vis à vis de qui il avait plutôt l'impression d'être un vieux tonton éloigné.

Le jeune homme avait beau avoir passé quelques années dans un état total de léthargie, il n'était pas pour autant devenu totalement naïf ou aveugle. Il savait pertinemment qu'il n'était pas le seul à étouffer des cris de terreur dans son oreiller au beau milieu de la nuit, en espérant que personne n'entende quoi que ce soit. Ils avaient tous changés durant son absence, il en arrivait aujourd'hui à se demander s'il n'était pas responsable de toute la peine et la souffrance que les êtres les plus chères à ses yeux avaient endurés, et enduraient toujours pour certains. Il se passait quelque chose avec Serah, il le savait, le sentait, il voyait bien que la demoiselle téméraire et très casse-cou avait laissé place à une jeune femme très craintive. Seulement, il doutait bien qu'en se mêlant des problèmes de Serah, ou encore de ceux de Juliet, devenue beaucoup trop anxieuse et stressée, les deux sœurs se retourneraient contre lui avec le soutient d'Henry, pour aborder un sujet délicat qui consisterait très certainement à parler de ses propres problèmes. Des problèmes qu'il n'était pas encore prêt à admettre.

Le jeune homme préférait donc jouer les fantômes, laissant quelque peu sa famille de côté et enterrant profondément ses problèmes. Et puis, il y avait Camille, elle avait besoin de lui en ce moment, et il ne pouvait pas se permettre de l'abandonner elle aussi. Il se sentait mieux en sa compagnie, il avait l'impression d'être utile à quelque chose, il parvenait à lui redonner le sourire malgré la douleur qui le traversait à chaque fois qu'elle utilisait une expression, une façon d'agir, parfois même rien qu'un regard, qu'il avait déjà connu par le biais de Sam.

Josh sortit de ses pensées lorsque le taxi se gara devant le numéro 1005 de Sunrise, il entra dans le manoir à la recherche de son frère, ses soeurs ainsi que son meilleur ami. La première personne qu'il croisa fut Matt, affichant un petit sourire, il lui tendit un jeu vidéo qu'il avait emprunté à Camille après l'avoir lui-même testé chez elle.

« Salut mon pote ! Dis rien aux autres sinon je vais me faire taper sur les doigts, ou encore pire.. être privé de dessert. On l'essaiera plus tard, mais je suis sûr que tu vas aimer. »

 L'ainé de la famille ébouriffa légèrement les cheveux de son frère avant de se rendre dans la pièce d'où semblait provenir l'agitation et les voix qui lui étaient familières.

«Désolé j'suis en retard, j'ai pas fais gaffe à l'heure. »

© Grey WIND.