Je frissonnais de plaisir , respirant à plein poumon. Soleil, enfin tu étais revenu parmi nous. Tu m'avais manqué plus que je n'avais voulu l'admettre mais ta nouvelle apparition me rendait heureux, me donnait envie de bouger, de rire, de vivre. Et pour cela je ne voyais pas de meilleur moyen que de sortir ma moto, elle que je n'avais pas conduit depuis si longtemps ma blessure m'en empêchant d'abord, le manque de temps ensuite. Mais tout vient à point à qui sait attendre et cette journée était tout simplement parfaite. Contact. Rugissement de moteur. Extase. Comment avais-je pu me passer de cette perfection sonore si longtemps ? Je n'en avais strictement aucune idée. Tout comme je n'avais absolument aucune idée d'où aller.

Ce fut simplement quelques minutes après être parti que je me suis rendu compte que je me dirigeais instinctivement vers un endroit que je connaissais bien : le garage de Daryl. Daryl était un biker, un peu bourru au premier abord -même parfois au second d'ailleurs-, mais qui se révélait être quelqu'un qui valait le coup d'être connu une fois que la conversation était engagée. A mon retour à Lakeview j'avais récupéré la vieille Jeep Wrangler 1987 de mon père sur laquelle j'avais des vues depuis toujours. Mais n'ayant pas roulé depuis la naissance de ma sœur, quasiment vingt ans plus tôt, elle avait besoin de quelques réparations pour la remettre totalement en route. J'avais beau m'y connaître en mécanique, je n'étais pas assez doué pour tout faire moi même. Puis l'on m'avait recommandé ce nouveau garage qui avait ouvert du côté de Screwdriver Road et où l'accueil n'était pas terrible mais le travail réalisé rapidement et parfaitement bien. J'y étais donc allé. Une fois, puis deux, puis d'autres. Voyant à chaque fois les nombreuses motos, toutes différentes mais tellement belles, dans chaque coin de la pièce je ne pouvais m'empêcher de m'en approcher. Et c'est comme ça que tout avait commencé. Nous avions commencé par parler moto pour finir amis. C'était bien une des choses qui faisait que je ne regrettais pas d'être revenu à Lakeview.

Après m'être arrêté acheter des bières j'arrivais à Screwdriver Road. Comme à son habitude Daryl était dans le garage, occupé à démonter un moteur. Je m'étais toujours demandé si il lui arrivait de monter dans son appartement parfois ou si il passait même ses nuits près de « ses bijoux ». J'avais ma petite idée sur la question, ce qui me faisait toujours sourire. Il était tellement concentré qu'il ne m'avait pas entendu et ce ne fut qu'après que j'ai fais tinté deux bouteilles ensemble qu'il daigna lever la tête, son habituel air aimable sur le visage. Pas difficile de voir où étaient les priorités !

_Et ba mon vieux, cache ta joie. Le manque de moi ne te réussit pas on dirait !

Hercule & Daryl

Ce matin j'étais censé aller acheter des choses pour Aelie en ville mais bien sur, il y avait eu 4000 contre temps. Un vieillard m'avait emmené sa voiture qu'il avait planté contre un arbre la nuit dernière. Je n'avais pas pu m'empêcher de lui demander si c'était un coup de fatigue dû à l'âge ou à l'alcool. Bien sûr, il n'avait pas vraiment aimé la question mais avait quand même laissé sa voiture ici. Après tout, j'étais le mécano le moins cher de la ville et le patron dans cet endroit. Les gens n'avaient qu'a faire avec mon humeur. Ce n'était pas comme si je les obligeais à m'écouter. Je regardais ma montre d'un air distrait. Cette réparation allait me prendre encore plusieurs heures et je voulais absolument m'arrêter acheter des choses pour la petite. Montant dans mon appartement, j'enjambais les restes de bouteilles qui traînaient un peu partout dans le salon. J'avais pris l'habitude de dormir dans le canapé avec une bouteille de scotch et quelques bières. Je savais que Anna m'avait autorisée à voir notre fille mais cela ne voulait pas dire qu'elle allait rester. Dés qu'elle le pourrait elle essayerait certainement de me l'enlever à nouveau et cette fois ci, cela sera encore plus douloureux pour moi. Secouant la tête pour essayer de me sortir toutes ses sombres pensées, j'attrapais ma veste posée sur mon lit et descendait à nouveau pour le garage pour me diriger vers la Harley noire posée à l'entrée. C'était une Dyna Fat Boy, le fleuron de l'entreprise de Milwaukee. C'était aussi une moto rapide. C'était pour ça que je l'avais choisi à l'époque ou j'étais chez les Hells. Car cette moto qui était devant moi avait faîtes toutes les guerres avec moi. Même si j'avais repeint le réservoir pour cacher le logo Hell's Angels, les symboles 81 était toujours visible à certains endroit. Enfilant mon casque, je démarrais ma chérie, souriant à entendre son moteur. C'était mon petit plaisir quotidien. 320Kg de pur bonheur. 1690Cm3 de puissance sauvage. Partant dans les rues de la ville, je m’arrêtais à la seule boutique qui semblait offrir des choses pour les enfants. Je n'avais pas envie de passer la journée à faire du shopping tout de même. Alors que j'arrêtais ma beauté devant la boutique, je sentais déjà les regards des gens se poser sur moi. Cette ville était 1000 fois plus malsaine que beaucoup de grandes villes, sauf que personne n'en parlait. Mon visage se figea totalement en repensant à cette merde de -W et à la provocation dont j'avais été victime à ma première rencontre avec Liz. A cette pensée, mes poings se serrèrent contre moi. Balayant le souvenir de W, je poussais un peu brusquement la porte du magasin ce qui fit sursauter la vendeuse qui n'avait pas l'air totalement rassurée.

Une heure après, je sortis du magasin, un petit lapin bleu à la main. Il n'y avait pas grand-chose qui m'avait plu et j'avais clairement compris que la demoiselle cherchait à se débarrasser de moi au plus vite. Glissant le lapin dans mon sac dos, j'enfourchais la moto et redémarrais rapidement. Je n'étais pas de bonne humeur, ça c'était clair. Une fois au garage, je rangeais la Dyna près de l'entrée et montait directement dans l'appartement attraper mon bleu de travail et une bière. Redescendant, je décidais de bricoler une peu. Après tout c'était la seule chose qui me calmerait même si j'aurais préféré travailler sur mes belles Harleys plutôt que sur les voitures miteuses des clients. Mais il fallait bien vivre. Six bières plus tard, je n'étais toujours pas de bonne humeur et il fallait que je me rende à l'évidence que c'était principalement du au stress que je ressentais à l'idée de rencontrer ma fille. Balançant ce que j'avais en main à l'autre bout de la pièce, je décidais d’abandonner totalement la commande du client pour la journée et je me tournais vers une de mes propre moto qui avait bien besoin d'une nouvelle beauté. Me penchant pour commencer à démonter le moteur, je commençais à râler après quelques minutes. Pour traiter comme il se fallait une beauté comme celle la il ne fallait pas être distrait par quelque chose d'autre à côté. Les Harleys c'était comme les belles femmes...

Une bruit de verre me sortit de mes pensées. Relevant la tête prêt à gueuler sur quiconque était rentré dans mon garage sans prévenir avant, je me tournais un air grognon sur le visage avant de découvrir qu'il s'agissait d'Hercule. Je l'avais rencontré ici même. C'était un gentil mec que j'appréciais, et c'était beaucoup moi de le reconnaître. Posant la pièce de moteur, je m'appuyais contre l'établis.

DARYL _ Bon tu compte me la donner cette bière ou tu va rester à me fixer ?

Mon ton avait beau l'air froid et distant, j'avais pourtant un sourire en coin. Hercule avait l'habitude de ma manière d'être et je savais qu'il n'était pas du genre à s'enerver de ma manière de parler. Haussant, les sourcils, je fis signe de la main pour avoir ma bière avant de finalement m'approcher de lui pour la saisir. J'avais soif et son timming était parfait. Je n'avais plus de bouteilles dans le petit frigo que j'avais mis dans le garage et je n'avais vraiment aucune motivation de monter en haut en chercher de nouvelles. Même si je savais parfaitement qu'entre ma flemme et mon envie de boire, cela serait cette dernière impulsion qui gagnerait. Je fixais Hercule avec un regard amusé avant de continuer,

DARYL _ Comment ça va ? Tu m'aimes tellement que tu te sens obligé de venir me rendre des visites régulières maintenant ?

En parlant j'avais attrapé sa bière également et avait ouverte les deux bouteilles avec mon briquet avant de la lui tendre à nouveau. Poussant du pied un des tabourets dans la direction d'Hercule, je bu quelques gorgées de ma bière avant d'attraper mon paquet de cigarette dans ma poche pour en allumer une. Il n'y avait pas à dire, Hercule savait comment m'approcher. Il avait vite compris que l'alcool était une des manières les plus efficace d'avoir toute mon attention pour un certain temps.