Ft. J. Christopher Holden

Devait y avoir personne...

C'est une idée totalement stupide. Carrément stupide. Mais depuis qu'elle était entrée dans cette maison, elle avait besoin d,y retourner. Juste voir à l'intérieur, ça ne lui avait rien fait. Mais elle avait voulu pousser sa chance et elle était rentrée. C'était pas la première fois qu'elle entrait dans une maison en l'absence des propriétaire. C'était même un truc qu'elle faisait fréquemment. Elle ne laissait pas trop de traces et elle ne prenait pas grand chose. C'était jamais pour voler, c'était surtout pour entrer. Pourquoi revenir ici ? Elle n'en sait trop rien, mais elle avait résisté à la tentation durant plusieurs semaines, avant d'y succomber. Elle n'avait pas appelé Maya cette fois, elle venait seule.

Elle avait suivit le même chemin que la première fois. Et encore une fois, le système d'alarme n'était pas mis. La maison était sombre et il était nettement plus tard que la fois où elle était venue avec Maya. Elle enjambe la fenêtre. Cette fois elle a des gant. Toujours vêtue de son ouaté à capuchon qui lui couvre la tête, elle entre et se dirige vers le salon. C'est sa pièce préférée. Elle remarque tout de suite que c'est beaucoup plus en désordre que la fois où elle est venue avec Maya. Elle avance lentement, sans lumières, mais elle a son portable dans sa poche, elle peut se servir de la lumière si elle a besoin.

© Leeyarom

Seul dans l'obscurité de son salon, Christopher fixait l'écran, la bouche ouverte tel un mort-vivant. Le doute l'emparait, il n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait faire pour survivre. La main devant l'écran du téléviseur, Christopher Holden observait les formes, les images et les couleurs, se remémorant les scènes qu'il voyait. En réalité, le riche gagnant du loto visionnait une vidéo souvenir du temps où sa femme et sa fille se trouvaient toujours en vie. Il souffrait et le manque lui dévorait l'estomac tout comme l'alcool d'ailleurs. Une bouteille de Whisky à la main, Jaymes ne trouvait plus la force de réagir comme il se devait. Il était complètement ivre et l'alcool contrôlait tout son être. L'homme décida qu'il devait faire un petit arrêt au toilette, ayant but une très grande quantité de bières, mais aussi de boissons fortes, le brunet devait se vider. Il y alla et revint alors en direction du salon. C'est en contournant le couloir qui devait le mener à la cuisine qu'il fonça directement dans une inconnue. L'effet de l'alcool le désorienta sévèrement. Il attrapa sa tête suite au choc qu'il venait d'avoir en fonçant dans cette femme mystérieuse. Une fois les yeux ouverts à nouveau et le regard agar en direction de cette dame, il ajouta un sourire, laissant pousser un de ses rires. Il ajouta. « Tabarnac ! C'est d'la pogne que ta là toé ! » Dit-il en se frottant la tête. « Tu fous quoi icitte ma p'tite ? » L'homme fixait la femme, mais il ne décernait à peine les formes. « Tu veux tu un drink m'd'moizelle ? » Il avança d'un pas, mais risqua de perdre l'équilibre, il s'appuya contre le mur souriant bêtement à son « invitée » ne se doutant même pas de la réelle raison qui l'amenait chez lui.

Ft. J. Christopher Holden

Devait y avoir personne...

Silencieuse et peu pressée, elle se dirige vers le salon, lorsqu'elle remarque les ombres mouvantes et lumineuses. Elle sait que certaines personnes laissent la télé allumée pour faire semblant qu'il y a quelqu'un. Rien ne bougeait lorsqu'elle a regardé par la fenêtre avant d'entrer. Mais maintenant, en voyant les images qui défilent, elle a un doute. Un film de famille ? Qui laisserait défiler un film de famille pour faire croire qu'il y a quelqu'un ? Elle se laisse distraire par les images, parce qu'elle reconnait SA ville, Montréal. Elle avait déjà remarqué les traces lorsqu'elle est venue avec Maya. Peut-être était-ce pour la raison qu'elle était revenue.

Elle entends des pas et elle fait brusquement demi-tour, pour tenter de rejoindre la fenêtre par où elle est entrée, mais mauvaise pioche, elle fonce carrément dans la source du bruit, à savoir un homme. En même temps, elle essaie de forcer le passage, fonce dedans, mais il est plutôt baraqué et la force de l'inertie étant ce qu'elle est, c'est Bridget qui se fait expulser, mais elle tente de se retenir après le type, qui chancelle. C'est là qu'elle prend une grande bouffée d'air alcoolisée. Elle se rattrape et reprend son équilibre et se fige, prête à lui coller la raclée de sa vie s'il tente quoique ce soit. Mais non, il ne tente rien. Au contraire, il chancelle et se prend la tête dans les mains. Oh, il est saoul.

Elle vient pour ficher le camp à nouveau, mais il se met à parler. Oh, du français... du québécois. Elle en a presque les larmes aux yeux. Bon sang, tout ça lui manque cruellement. Tellement, qu'elle en oublie ses mots.

- Euh... Elle devrait en profiter pour ficher le camp, mais quelque chose la retient. Allez, parle encore. Je.. j'fais juste passer, dit-elle, dans sa langue maternelle. Uh... non merci... rien pour moi...

Une fascination morbide, c'est presque ça.

© Leeyarom

Verrouillé