Jane J. Wellington & Maya Standfield

“ What? I'm not like my mother and u know that Jane! ”

Depuis quelques temps, Maya Standfield tentait d'adopter une autre posture. Elle en avait un peu marre de jouer à la fille immature. En effet, elle commençait tout doucement à comprendre l'importance accordée au fait d'emprunter la bonne route dans son existence. Cela permettait de ne pas dévier de la norme, de ne pas être automatiquement rejetée à l'âge adulte, peut-être aussi d’accéder au bonheur et enfin de rendre fiers ses possibles proches. La blondinette postula pour devenir serveuse afin de récolter son propre argent, bien qu'elle détenait d'autres combines pour cela. Le Sugar Cream répondit positivement, elle possédait un contrat étudiant assez léger pour favoriser sa réussite scolaire et ne pas entacher son programme. Tout semblait aller de soi, la jeune fille avançait sereinement. Or, une nouvelle l'obligea à revoir ses priorités. Quelques jours plus tôt, sa génitrice lui annonça qu'elle ne savait pas et qu'elle ne pouvait plus s’occuper de son enfant : une première pour cette shootée que de parler avec lucidité et ouverture d'esprit ! Elle décida donc de laisser sa fille aux mains de son neveu : Matthias Cleveland. Maya irait donc vivre chez lui. Il représentait la seule solution pour sauver cette adolescente. La blonde prit très mal cette nouvelle et elle fit rapidement ses valises pour squatter chez un ami, au lieu d'attendre le week-end comme le lui proposa sa mère. Pendant quatre jours, elle passa son temps à réfléchir, fumer, sécher les cours, elle accapara du temps pour elle afin de difficilement se recentrer. Elle n'effectua rien de bien. L'adolescente déviait même de la ligne de conduite qu'elle s'était fixée. Le week-end, elle rejoignit son cousin. Toujours perturbée, elle continua sous une mauvaise lancée le reste de la semaine. Résultat : elle était paumée en classe, et elle collectionnait les mauvaises remarques. Elle était perdue. Maya ne ferait pas plaisir à Matt en agissant ainsi, ni à sa mère. Or, il lui fallait digérer l'abandon de sa génitrice. Standfield n'acceptait pas cette initiative car cette femme aurait pu la sauver avant. Désormais, il était trop tard ! Elle aimait son quotidien et celle qui l'avait élevé également. Elle s'était habituée aux traitements plus infâmes que sa mère lui faisait subir : humiliations, maltraitances, oublis. Or, elle restait la personne qui avait conçu Maya, alors elle l'appréciait en tant que telle puis elle trouvait sa mère sympathique quand elle débutait ses séances de piqûres, car elle se montrait très copine et absolument joyeuse au départ. Au moment de la descente, quand le produit finissait son effet, il s'agissait de l'inverse mais Maya savait quoi faire avec le temps : partir pour laisser sa génitrice respirer un peu. Pourquoi la privait-elle de ses coutumes ? A part l'aider, elle lui faisait perdre ses repères. Présentement, la jeune fille traînait dans le parc, à côté de dealers dont un qu'elle connaissait. Elle ne se droguait pas pourtant, sauf en soirée avec des substances peu nocives. La belle avait fini les cours, elle ne travaillait pas aujourd'hui alors elle préférait se relâcher là-bas plutôt que de rentrer chez Cleveland.

© Chieuze

L’alerte était lancée à Lakeview et la grande majorité de la population était en panique. Depuis l’assassinat de Cailee Montgomery, la disparition de l’actrice Autumn Henderson et l’incendie chez les Blue, plus rien n’allait. C’est pourquoi les citoyens de Lakeview avaient exigés de la police locale de patrouiller et garder un œil plus méfiant envers les habitants de cette ville. En cette soirée fraiche, on avait exigé au lieutenant Wellington de patrouiller à travers les différents quartiers. À bord de la voiture de patrouille, JJ roulait tranquillement, fixant les terrains et les boisés avec insistance pour être certaine que tout aille bien. Arrivée devant un parc, la lieutenante constata qu’il y avait quelques jeunes là-bas, sans doute des jeunes rebelles, peut-être même des vendeurs de drogue, elle s’arrêta et activa un coup unique l’alarme de sa bagnole. La brunette sortit de la voiture et marcha vers la table, pointant sa lampe torche droit dans les yeux de deux jeunes malfamés. « Qu’est-ce que vous foutez à cette heure-là dans un parc, retournez chez vous sinon, j’exige de fouiller vos putains de sacs et croyez-moi, je suis certaine de trouver quelque chose d’intéressant…. Alors, dégagez ! » Dit-elle entre ses dents. C’est à ce moment que les gamins quittèrent le parc rapidement, laissant la policière croiser le regard d’une gamine qu’elle connaissait bien. La fille de son amie, Maya, JJ serra les dents et fronça les sourcils sévèrement. « Maya… qu’est-ce que tu fous là, merde ? » Dit-elle directement à l’adolescente, surprise de la voir trainer dans un endroit comme ça. Elle connaissait le passé de sa mère et souhaitait seulement que cette pauvre enfant ne finisse pas dans l’enfer de sa génitrice.

Jane J. Wellington & Maya Standfield

“ What? I'm not like my mother and u know that Jane! ”

Posés dans le parc, les jeunes ne se doutaient pas une seule seconde de ce qui allait arriver : la tornade Jane J. Wellington. Maya Standfield la connaissait car la brunette restait une des rares amies un peu près clean de sa génitrice, surtout une camarade de lycée. Les deux femmes se connaissaient depuis longtemps, elles s'appréciaient et elles tentaient de conserver leur rapport d'amitié, de garder le contact. Leur lien ne faiblissait apparemment pas malgré la basse fréquence de leurs rencontres communes. Avec le temps, elles ne pouvaient plus se voir comme par le passé. Chacune possédait sa vie et son lot de problèmes. Malheureusement, ceux de Madame Standfield demeuraient connus. Elle côtoyait la justice. Cette dame avait déjà failli perdre la garde de Maya suite aux nombreuses fugues de cette dernière. Aussi, son souci avec la drogue ne restait pas caché et elle fut surprise trop de fois à traîner dans des ruelles pour effectuer ses réserves. De plus, elle fréquentait de la racaille. La femme ne faisait pas preuve de responsabilité et elle n'était pas apte à élever un enfant. La preuve, sa fille enchaînait les pires conneries à cause d'un manque de repères mais aussi en réponse à certains traumatismes de l'enfance. Cette famille se trouvait sur une route pavée de tristes épreuves et leurs pieds paraissaient comme cimentés sur le mauvais chemin. Elles ne pouvaient s'en défaire. Maya essayait mais rien n'était facile ! Présentement, elle se situait avec des jeunes délinquants sans pour autant leur parler. Une bagnole de flic se pointa. Quand la sirène retentit une fois, deux adolescents réussirent à se tirer sans se faire remarquer. Il en restait pas mal encore. Jane arriva affûtée de sa lampe torche qui eut le don de briser quelques mauvais regards. Impossible de tenir tête à cet halo de lumière un peu trop puissant. Les jeunes avaient planquer leur matos dans leurs sacs à dos depuis déjà quelques longues minutes, les transactions s'étaient figées. Wellington prit la parole. Comme souvent, elle usait de menace. Elle était dans l'exercice de ses fonctions. La belle savait se faire entendre avec ce genre de populations. Elle ne les fouillerait pas à condition qu'ils libèrent le lieu. Les gamins respectèrent l'ordre de la femme de loi, de cette représentante de l'autorité aussi féroce qu'un pitbull. Maya ne se sentait pas concernée par tout ce raffut. Elle souhaitait squatter l'endroit encore un moment. Son regard croisa celui de la policière. Évidemment, la brune ne put s'empêcher de s'énerver, de réagir de manière impulsive en accompagnant ses dires d'un terme vulgaire. Elle jugeait la présence de la lycéenne. Pourtant, il n'était pas écrit quelque part qu'elle était comme ces petits dealers en herbe. Bah rien, ça va ne t'énerves pas ! Je me baladais juste. Elle soupira. T'as l'air à cran, ça va toi ? Maya se permettait de répondre ainsi, de façon familière à son interlocutrice, car elle savait à qui elle avait à faire. Puis, elles s'étaient déjà vues pas que dans un contexte privé, également au poste: il s'agissait d'une évidence, la petite blonde en accumulait des bêtises.

© Chieuze

Depuis que Jane connaissait la mère de Maya, cette dernière semblait adorer côtoyer les problèmes. Malheureusement, bien que JJ adorait les fêtes depuis toujours, la brunette n’avait pas sombré dans la drogue ou les problèmes de ce genre préférant se lier à la loi et rejoindre la criminelle. Enfin, elle n’appréciait pas comment sa grande amie avait tournée, mais Wellington ne pouvait malheureusement plus rien faire de plus qu’elle ne l’avait déjà faites. La brunette passait son temps à tenter de l’aider et la remettre sur pied, mais jamais elle n’y était arrivée jusqu’à présent. De voir Maya trainer dans un parc comme celui-ci rempli de dealer, Jane ne voyait pas la situation du bon œil, mais rapidement, la gamine se défendit et lui fit comprendre qu’elle n’avait aucun lien avec ces jeunes idiots. Un sourire de soulagement accompagna le changement de regard de la lieutenante à l’égard de Maya. « Oh Putain… ça me soulage, parce que j’ai pas envie que tu te foutes dans le même genre de merde que ta mère… il y a déjà assez d’elle qui se fait enculer par tous ses probs’… » Jane comprit qu’elle exagérait peut-être un peu face au langage qu’elle usait devant une adolescente. Elle serrait les dents perplexes et leva d’un bond les sourcils maladroitement. « Hum… ouais, excuses moi pour mon foutu langage…. » Elle passa une mèche rebelle derrière son oreille et observa la jeune femme qui semblait être dans son état normale. « Disons qu’au boulot, j’en bouffe de la merde avec la disparition de cette actrice, la mort de Cailee Montgomery et l’incendie des Blues…. J’en ai mon cul de toutes ses morts, on dirait que la petite ville calme de Lakeview n’arrive plus à s’en remettre…. Tout ça depuis la fin des Warren…. » Évidemment, Jane ne voulut pas parler de la mort de Leslee non plus, cela évoquerait une boule trop lourde pour la lieutenante qui commençait à guérir tranquillement.

Jane J. Wellington & Maya Standfield

“ What? I'm not like my mother and u know that Jane! ”

Maya Standfield n'appréciait pas mentir à ceux qu'elle appréciait mais parfois, elle se voyait obligée de le faire. Présentement, la blondinette disait vrai. Elle n'avait rien à voir avec ces dealers. Or, elle en connaissait quand-même un, elle était venue le saluer précédemment. Maya ne préférait pas alarmée le lieutenant de police avec ses douteuses fréquentations. Jane s'en faisait bien assez pour un rien. Chaque souci semblait détenir une importance capitale pour la brune qui perdait facilement pied. Elle laissait rapidement ses émotions prendre le dessus. Elle ne contrôlait pas cet aspect de sa personnalité. Depuis quelque temps, la belle paraissait encore plus fragilisée. Standfield n'avait pas su pour le décès de Leslee, elle ne comprenait pas ces changements importants dans le comportement de Jane, alors elle s'inquiétait pour cette femme qui représentait un peu son ange gardien. Même si la lycéenne lui donnait du fil à retordre, elle restait reconnaissante de ce que l'amie de sa génitrice faisait pour elle. Wellington s'assurait que l'adolescente ne se perdait pas à l'image de sa mère. La brune tentait de l'aider à conserver une marche vers le droit chemin. Elle l'empêchait dévier dans des délires encore plus fous que ceux dans lesquels elle se fourrait déjà. Maya ne demeurait pas une cause perdue, elle était entourée. Un jour elle se sortirait sûrement de ces mauvais pas. Pendant ce temps, rien ne semblait gagné mais le défi valait le coup : devenir une personne responsable. Présentement, Jane se montra soulagée quand elle comprit que la petite blonde ne traînait pas avec ces délinquants, pas ce soir en tout cas. Le lieutenant s'était de suite formalisée mais elle savait réajuster sa position. Elle parlait toujours avec un langage fleuri. Cela ne dérangeait pas Maya qui avait l'habitude d'entendre son entourage discuter de la même manière. Si Jane n'était pas flic, on aurait pu la voir dans un rôle de belle racaille avec ce vocabulaire ! J'suis pas ma mère Jane ! La jeune fille préféra rire quand la brunette s'excusa. Y'a pas de mal ! C'est clair que ma mère n'est pas foutue de lever la tête de la merde dans laquelle elle se fout chaque jour. Maya choisit de ne pas raconter les dernières nouvelles de sa famille : sa génitrice l'avait carrément envoyé chez son cousin, Matthias Cleveland... . Jane en revint au sujet qui intéressait son interlocutrice : le malaise apparent chez cette représentante de la loi apparemment au bout du rouleau. Tu parles d'affaires non résolues ? Rien n'est ta faute si tu crois que c'est le cas, tu n'es pas incompétente, juste les méchants sont malins dans cette ville. Elle marqua une légère pause. Qu'est-ce qui a amené la violence et de terribles affaires comme celles-ci ? Faut éliminer la cause, balayer la ville de sa criminalité. Je pense que tu as mieux à faire que de gérer des petites dealers de merde, tu ne crois pas ? Ce ne sont pas ces gens qui vont foutre à feu et à sang la ville mais des vrais criminels comme ceux qui se permettant les actes que tu as cité ! Décompresses, tu sembles vraiment tout prendre à cœur et pour toi. Il t'arrive de penser à toi Jane ?

© Chieuze

La lieutenante leva un pied pour le poser sur le banc, s’appuyant ainsi sur son genou tout en discutant avec la jeune Maya. Un bref sourire à ses lèvres, la brunette voyait en cette gamine une femme forte à devenir et surtout, beaucoup plus pied sur terre que l’était sa mère. Comment avait-elle réussis à laisser Rachel de côté pour qu’elle plonge autant. JJ se trouvait plutôt mauvaise comme amie en repensant à ce qu’était devenue Rachel. Ce n’était pas de sa faute, mais bon, elle s’en voulait tout de même. En levant les yeux vers Maya qui l’interpella, Wellington sortit la langue en riant. « Putain Maya, combien de fois je t’ai dit de m’appeler JJ ! » Et ouais, Jane adorait son petit surnom qui lui collait bien à la peau, lorsqu’une personne qu’elle appréciait l’appelait par son prénom, elle détestait. Après tout, la policière ne laissait pas tout le monde l’appeler de la sorte. La conversation continua sur les meurtres et tous ses événements dont la petite ville autrefois tranquille de Lakeview était victime. Depuis la mort des Warren, c’était le chao dans le village et JJ n’arrivait pas à trouver pourquoi. « Je sais, je ne prends pas tous les enfoirés de probs de cette ville sur le dos, mais qu’est-ce que tu veux que je foute Maya… depuis la mort de Les’ j’ai que le boulot dans le sang… ça me fait penser à autre chose plutôt que de morfondre comme une pute… j’en ai plein le cul moi ! Je veux seulement retrouver ma femme, mais je ne peux pas, alors je tente de me défoncer au boulot et de vaincre les criminels… une bonne fois pour toute ! » Dit-elle en soupirant.

Jane J. Wellington & Maya Standfield

“ What? I'm not like my mother and u know that Jane! ”

La fraîcheur de la nuit ne semblait pas perturber la discussion entre le lieutenant de police et la lycéenne. Pourtant, le vent se levait doucement mais sûrement. Wellington avait stoppé les dealers dans leurs activités de l'ombre. Ces derniers quittèrent le parc. Il ne restait plus que Jane et Maya. Aux premiers abords, la petite blonde évalua mal la situation. Son interlocutrice se montra plutôt compréhensive, elle changea de suite son fusil d'épaule. Elle ne jugeait pas l'adolescente, enfin elle arrêta très rapidement. L'adolescente demeurait ravie d'en apprendre plus sur l'amie de sa mère qu'elle trouvait décalée, amusante, sympathique, peut-être vulgaire mais agréable comme tout. La brune reprit sa jeune partenaire, concernant cet échange verbal, Standfield osa appeler JJ par son prénom. La jeune fille ne détenait plus l'habitude de côtoyer cette femme alors elle ne pouvait pas se permettre de l'aborder aussi familièrement. Apparemment, ce droit lui était toujours offert. Maya gardait le sourire. Elle savait que Wellington n'autorisait pas à tous d'employer son pseudonyme. Ah ouais désolé, miss JJ ! Par la suite, Jane se confia. Elle avoua être dépassée par les affaires criminelles en cours qui lui pourrissaient la vie. L'enfant de Rachel tenta de la rassurer. Or, une blessure plus profonde fendait son cœur en deux. Maya apprit que la brunette était lesbienne, qu'elle était assurément mariée et heureuse jusqu'à ce que son épouse meure. L'ado afficha un air triste et compatissant. Merde JJ je ne savais pas ! J'suis désolée... . Prends une pause, penses à toi. Je comprends ta vision des choses mais tu côtoies que du négatif... ce n'est pas ce qu'il te faut. Tu dois prendre soin de toi, tu as parlé à quelqu'un ? Aussi, je te conseille une activité sportive, ça défoule ! Tu n'es pas obligée de te torturer l'esprit de cette manière.

© Chieuze

Bien que Jane paraisse si dur et solide parfois, la pauvre lieutenante en avait traversé des mésaventures qui fracassait sa carapace de plus en plus. Comment pouvait-elle continuer à sourire après la perte de son grand amour, le meurtre de son père sans oublier toutes les atrocités qu’on voyait dans ce monde imparfait. Jane n’aurait jamais imaginé que sa ville natale deviendrait un sanctuaire de mal et de crime, mais le monde en était rendu là. On ne pouvait presque plus faire confiance aux gens qui nous entouraient. Est-ce que Madame Marlin du 3eme cachait son mari dans son congélateur, est-ce que le nouveau voisin du bout de la rue assassinait des enfants ? JJ commençait à douter de la valeur humaine des gens, ce qui l’anéantissait beaucoup.

Malgré cette douleur constance, Wellington se devait de dévoiler par moment ce qu’elle ressentait à l’intérieur et c’est en compagnie de Maya – qu’elle ne connaissait pas beaucoup contrairement à Rachel sa grande amie – qu’elle éclaira le plus profond de son âme. La réaction de la gamine laissa JJ perplexe, elle voulut sourire, mais n’y trouva pas la force. Comment pouvait-elle arriver à se confier à une adolescente qu’elle ne connaissait à peine. Certes, cette jeunette en avait bavé dans le passé particulièrement à cause de sa génitrice, mais quand même. Wellington enfonça sa tête dans le creux de son bras un moment et releva celle-ci rapidement. « Je m’en sors… j’ai été des mois et des mois, sans pouvoir me foutre une enquête dans la gueule… je déprimais dans mon appartement, là, j’ai repris le boulot, j’ai changé d’appartement et ça va mieux, sauf que j’ai toujours cette boule de merde dans le fond du ventre qui m’empoisonne le sang… et peu importe ce que je fais, elle reste… et t’inquiète pas, je fais mon jogging à tous les jours et je me tiens en forme… » Elle baissa les yeux ironiquement en choisissant d’échapper un court sourire.

Jane J. Wellington & Maya Standfield

“ What? I'm not like my mother and u know that Jane! ”

Apparemment Jane J. Wellington commençait doucement à reprendre goût à la vie. Cette dernière lui enleva l'être aimé. Comment survivre après cela ? Le lieutenant prouvait bien que cette entreprise ne venait pas d'elle-même. Il fallait affronter plusieurs étapes, des passages obligés pour enfin faire son deuil. La brunette avait mis des mois à se replonger dans le travail. Qu’avait-elle effectuait entre deux ? Détenait-elle du soutien ? Maya restait inquiète pour son interlocutrice. Elle la connaissait peu. Il s'agissait de l'amie de sa mère. Maya et Jane possédait presque une vingtaine d'années qui les séparaient. Mais, le dialogue n'était pas impossible. Standfield en avait vécu à son âge et elle connaissait bien le terme de « souffrance ». Elle galérait depuis le départ de son père. Il fallait tenir avec une génitrice droguée et immature. La jeune fille s'en sortait à sa manière. Elle n'empruntait pas toujours les bons chemins mais la volonté de s'en sortir demeurait présente et puissante. Elle pouvait au moins inculquer cela à son aînée. La blondinette ne taisait pas ses pensées, elle souhaitait éclairer son interlocutrice.

Et le boulot ? Tu ne penses pas que ton job t'enfonce plus ? C'est vrai quoi ! Tu rencontres des affaires portant sur des meurtres, des cinglés et j'en passe. C'est trop stressant ! Tu crois vraiment que cela va t'aider à aller mieux que de constater la misère autour de toi ? Je ne trouve pas l'élément joyeux dans ce bordel. Et qui t'a dit de reprendre le travail ? Tu ne penses pas que c'est trop tôt ? Maya imaginait la douleur de la brune. Franchement, elle s'en rajoutait pas mal avec ce boulot dur, oppressant et prenant. La femme avoua subir un accompagnement gênant, celui d'une boule au ventre qui l'empêchait de respirer. Elle n'avait absolument pas fait son deuil. La plaie restait vive et ouverte. Avait-elle reçu le soutien d'un professionnel ? Son cas était alarmant. Une tristesse se dessinait sur son visage. Jane n'était pas la même femme quand elle parlait de ce qui lui faisait mal, ce qui la touchait. Il était rare de la voir développer ses sentiments. Maya n'avait jamais su que la belle avait eu une femme. Ce qui la choqua qualifiait la perte de cette dernière. La lycéenne compatissait au chagrin de son interlocutrice. En tout cas, Jane changea d'appartement : un progrès. Cela lui permettait de s'éloigner du souvenir de Leslee, d'arrêter de vivre dans le passé en côtoyant les affaires de sa femme. Wellington était déjà veuve à son jeune âge. Le destin lui jouait de sale tour. Tu es entourée j'espère, c'est le plus important. C'est le cas ? Maya ne rebondissait pas sur les derniers propos de Jane. Elle désirait juste s'assurer de la santé physique et mentale de JJ. Maya appréciait cette femme malgré qu'elles se voyaient peu. Elle n'était pas de la même génération. Or, la situation de Jane touchait Maya... pas besoin d'être proches pour se sentir concernée par la vie d'autrui.

© Chieuze

Lorsque le boulot revint sur le tapis, Jane se sentit un peu perplexe. Elle ne semblait plus accentuer la conversation sur la vie, mais craignait des reproches, ce qu'elle n'osait pas recevoir - particulièrement pas en ce moment - Maya restait une gamine et JJ ne pouvait pas envoyer balader la petite comme elle le ferait avec n'importe quel adulte. Elle avait beaucoup de respect pour sa mère de plus, Wellington devait garder un peu son calme. Après tout, le boulot, c'était tout ce qu'il lui restait de la vie. Elle se démenait corps et âme là-dedans et l'attente fut encore plus pénible qu'elle ne l'aurait imaginé, la laissant plonger encore plus dans l'enfer qu'elle se créait.  « Fuck off ! Tu veux m'baiser ou quoi ? J'ai jamais été aussi bien après la mort de Leslee que lorsque j'ai recommencé à bosser merde ! J'ai plongé dans le chao et la solitude et ça été bien pire que de travailler. J'aurais amplement recommencer avant, mais ces enfoirés ne voulaient rien entendre.... mon métier, c'est ma vie et affronter toute cette horreur, ça me motive de poursuivre et tenter de rendre ce monde un peu moins con et horrible... » Elle soupira. La femme fixa un instant sa montre. « Oui oui... j'ai mon frère qui m'a héberger le temps que je comprenne que mon appart, c'était de la bousse et que ça me foutait encore plus dans la dépression... et j'ai des amis.... » Dit-il d'un faible sourire. « Moi je vais y aller ma p'tite... j'ai encore ma patrouille à faire ... j'espère que tu vas rentrer chez toi et pas aller trainer avec ces connards de droguer... tu es une fille intelligente, je sais ! » La lieutenante se leva et lui fit un signe de la main. « Ciao ! » Elle marcha tranquillement, laissant balader ses longs cheveux de gauche à droite, marchant tel un homme jusqu'à sa bagnole.

TERMINÉ & VERROUILLÉ.