Mathias & Heather

Et si c'etait pas si drole ?

J

me demande pourquoi ce Matt ne s'est pas rendu compte qu'il parlait avec la mauvaise personne. J'avais failli répondre qu'il se trompait, mais je ne suis dit que s'il ne s'en rendait pas compte tout seul, il méritait bien de marcher un peu. Je me demande comme il est tombé sur mon numéro. Il n'a peut-être pas ce Bill, que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, dans ses contacts, mais du coup, pour écrire des text, ce n'est pas très pratique. Évidemment, si c'est son dealer, il préfère peut-être ne pas laisser son numéro dans son portable. J'ai bien envie de voir quel genre de type peut ne pas remarquer qu'il ne parle pas au bon interlocuteur. Surtout qu'il semble habiter à Lakeview. Je vais aller voir s'il parle bien de Wellington et St-George à Lakeview.

Je prend mon temps avant d'y aller. J'ai tout mon temps, je ne compte pas arriver en avance. Je compte même arriver en retard. Je préfère que ce Matt soit déjà dans la ruelle quand j'y arriverai. Je compte bien entraîner Zeus avec moi. Je fais des conneries, d'accord, mais j'ai mon chien de garde. On ne sait jamais. Je prend sa laisse, parce que comme l'idée de base et de lui refiler de la drogue, Zeus sera aux aguets et attendra la gâterie. Zeus a été entraîné avec les chiens policiers, du coup, il se prend pour un détective privé, freelance. Je dois parfois le retenir pour qu'il ne dérange pas les petits consommateurs. Je gare ma voiture à quelques coins de rues, déjà largement en retard. J'arriverai au point de rendez-vous au mois 13 minutes en retard. Je ne crois pas exagérer. Escortée de mon chien, j'entre dans la ruelle et j'avance d'un pas on ne peut plus certain. Je vais bien croiser quelqu'un, s'il est venu.

 


Mathias mis en veille son cellulaire et le déposa sur la basse table du salon. Il s'enferme dans sa chambre et se défit du pyjama qui traînait sur son dos depuis la veille au soir. En paresse, presque, la seule motivation d'un rendez-vous attendu sur Wellington en poche, il s'habilla décontracté. Tout de simple s'il n'allait que faire transaction avec son fournisseur...

Il fit sa toilette et se piqua une rôtie entre les dents, lui qui n'avait pas encore déjeuner, et salua sa colocataire qui dormait probablement encore à cette heure avant de claquer lampiste de l'appartement derrière lui. Dans ses mains, son cellulaire et quelques liasses de vingt dollars. Il fit marche aisé entre les passants des trottoirs et les voiture le klaxonnant pour toute l'agressivité du monde - généralement il leur rendait la main et un sourire chaleureux qui avait de quoi clouer leur bec criard. Ses doigts pianotaient furtivement le clavier de son téléphone portable aux accords de ce SMS: «yooo jai trouver ton stok pour a soir je te le donne tantot :pppp». Il envoya. Enfin, il avait réussi à trouver un contact qui lui vendrait en plein ce qu'il avait de besoin pour effacer de son ardoise amicale une dette qu'il avait envers un pote de longue date. C'est l'impatience qui le tenaillait à revoir ce Bill avec qui il s'était plus que bien entendu à une fête la veille. C'est en une quinzaine de minutes et quelques uns de ces songes qu'il arriva au lieu de la transaction. Désert.

Rien de bien surprenant ou embêtant. Il attendrait. De toute façon, son dealer devrait bien se pointer d'une instant à l'autre d'entre les murs de briques de cette ruelle douteuse et crade. Il gratta sa barbe jeune et hirsute en soupirant et sortit un paquet de cigarettes de sa poche avant d'en croquer une et de l'allumer. Fumer faisait toujours passer le temps. Adossé au mur, le regard perdu au ciel, il compta les tours d'horloge inconsciemment en jouant à inhaler et cracher la nicotine. Puis, des pas.

Mathias se retourna, se redressa sur ses talons et jeta la cigarette du bout des doigts sur le sol avant de la piétiner. Il releva un visage heureux qui se brisa instantanément. Ce n'était pas Bill qui approchait, à moins que celui-ci n'ait décidé d’arborer la tignasse blonde et les formes féminines pour cette journée - fait cocasse mais inconcevable. Il se racla la gorge en mal aise et déception et retourna comme si de rien était à son mur pour s'y accoter. Baissa le menton, pouvait même paraître timide. Avec la fille, un colosse canin qui avait de quoi le faire frémir. Il le fixa, incertain et inquiet en sourcil froncés, un instant. Point qu'il avait la peur des chiens, simplement que cette bête en particulier aurait la force de lui arracher le visage en un claquement de doigt. Et qu'il était seul dans une ruelle lointaine avec ce cabot et sa maîtresse qui, étrangement, ne semblait vouloir continuer son chemin. Mathias fit mine de les ignorer. Après tout, il attendait toujours Bill. Dans la direction inverse à la femme et son animal, il fouilla du regard l'allée de la ruelle en quête de son fournisseur en se pinçant les lèvres.


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Mathias & Heather

Et si c'etait pas si drole ?

Je ne suis pas encore décidée au comment agir quand j'entre dans la ruelle. J'essaie d'affecter mon air le plus innocent et le plus hors contexte possible. Je ne vois personne tout d'abord et je me dis que je suis arrivée trop tôt, mais j'entends rapidement un froissement et un mouvement et je vois un type s'avancer et se dévoiler. Je vois tout de suite à son sourire qui disparaît en me voyant que c'est le Mat que je cherche. Enfin, je ne le cherche pas. Mais tout de même, c'est lui. Je me sens aussitôt coupable. Bon sang, il a l'air si déçu. Il a l'air d'un gamin à qui on vient de dire que finalement, on ne va plus au McDo.

Je continue à avancer, parce que ce serait trop bête de m'arrêter maintenant et de rebrousser chemin. Je compte passer devant lui et tout simplement poursuivre ma route. Il finira bien par texter Bill pour lui demander pourquoi il n'est pas là. S'il me texte moi, je lui dirai que je peux pas y aller finalement. Et je serai débarrassé. Bon plan, j'aurai ensuite qu'à effacer son numéro de mon téléphone et ne plus y penser. Ça ne devrait pas être si difficile. Oui, bon plan. Mais c'était sans compter Zeus que j'avais presque oublié. Zeus a été élevé comme un chien flic. Il repère la drogue à des mètres de distance. Je ne sais pas si ce type en a dans ses poches ou quoique ce soit, mais je n'ai pas le temps de le retenir et la laisse m'échappe.

- Zeus !

Eh oui, mes pires craintes se fondent, Zeus se précipite en aboyant directement vers le type qui attend et moi, tout ce que je trouve à faire, c'et de courir derrière mon chien pour le rattraper. Je n'ai pas le temps de lui mettre la main dessus avant qu'il ne se mette à l'arrêt en aboyant pile devant le pauvre jeune homme. J'arrive derrière, attrape le collier de mon chien et le tire en arrière. Le pauvre. je me confonds aussitôt et sincèrement en excuses.

- Oh ! Je suis désolée ! Tellement désolée ! Je ne m'attendais pas à ce qu'il agisse ainsi ! Est-ce que ça va ? Je suis sincèrement désolée, j'espère que ça va pour vrai. Je ne sais pas du tout quelle mouche l'a piqué.

Oui, bon d'accord, pour ça, je mens effrontément, mais je ne peux quand même pas dire que j'étais distraite par mes remords de le laisser poireauter là, ni que mon chien peut sentir sur les vêtements la moindre poussière de cannabis ou autre substance illicite.

 

Cette personne qui s'approchait que Mathias feint ignorer était une jeune femme, blonde, au teint de santé et à la démarche d'assurance. Rien de Bill. Et elle traînait cet énorme croc avec elle qui avait tout pour faire frémir le bouclé. Elle semblait marcher dix pieds au dessus du jeune homme qui se fait petit dans son coin à tenté vainement de me pas fixer le cador acéré. Une nervosité passagère - un peureux dans l'âme, il faut avouer - qui fut étanché d'un cellulaire sorti de poche. Il regarda l'heure et sélectionna son contact attendu dans l'intention de lui porter message impatient.

Il débuta l'écriture d'un message SMS à Bill. Qui eut une seconde de plus aurait été expédié en nom propre et en heure fixe. Mais le nom d'un Dieu fut crié. Aucun temps de réflexion accordé, rien que le bruit des pattes galopant le sol de poussière et un grognement ravisseur de courage. Le jeune homme fit volte-face et sursauta de sa grande stature à en échapper son cellulaire sur le sol. Un molosse, sa gueule aboyante et meurtrière qui voulaient sa peau. Mathias cria de terreur en plaquant son dos contre la brique derrière lui comme seule échappe à cette terreur qu'on disait meilleur ami de l'homme dont il sentait déjà la mâchoire autour de son bras. S'agrippant au mur, toujours à laisser échapper la panique de ses hurlements sans queue ni tête, il eut en dernier réflexe de porter ses bras devant son visage. Mais aucun chien enragé ne lui sauta à la figure. Non. Après avoir piteusement regarder derrière ses manches de veston, il vit l'étrangère tenir le chien par le collier. San retenu qu'il soupira, on aurait dit, la crainte d'être échappé d'une mort certaine. Il s'ébroua comme l'on sort d'un cauchemar et pencha son visage encore tordu par la peur, porta une main à sa poitrine battante et courba le dos. La blonde fondit en excuses; il était trop sous la surprise encore pour les assimiler - quoiqu'il les reconnut avec grâce.

Merde..! Plus jamais que tu me fais ça, t'entends?!

Il avait parlé au chien à qui il projetai une face de crainte et de dédain à la fois. Et ramassa son cellulaire sur le sol en faisant bien attention de ne pas frôler la bête ne serait-ce que du regard. Il se redressa, enfin, et fronça les sourcils en s'ébouriffant les cheveux. Le livreur avait fait carrément mauviette; il s'en rendait tout juste compte. Se racla la gorge et, comme si de rien était, il hocha un menton respectueux à l'inconnue en cachant difficilement son embarras.

Ça va... Y'a pas de problème... Il m'a un peu... surpris. C'est tout.

Non. Il l'avait complètement effrayé. Pas la peine de le préciser, ça, toutefois. L’orgueil le lui empêchait, son mauvais jeu d’acteur le trahissait certainement. Et toujours comme si cet épisode était déjà loin derrière lui, il envoya le SMS précédemment écrit à Bill et rangea le téléphone dans sa poche. Renvoya un regard gêné mais point bête à la blonde.

Ça vous fait un bon garde quand même ce... Zeus?

Au moins, se disait-il, il paraîtrait sympathique au comble de paraître trouillard comme tout.

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Mathias & Heather

Et si c'etait pas si drole ?

Si la situation n'avait pas été si gênante, j'aurais éclaté de rire en voyant la réaction de ce Matt. Une parfaite caricature, mais il a visiblement eu peur et ça j'aime pas trop. En avoir été témoin sur la rue, je n'aurais pas été capable de me retenir de rire, mais là, c'est ma faute. Non seulement je l'ai attiré ici pour rien, mais en plus je le terrorise avec mon chien. Visiblement, je suis très déplaisante aujourd'hui. Il se prend et lorsqu'il se rend compte qu'il n'a plus rien à craindre pour sa vie, il dit de ne plus jamais refaire ça. Je met une ou deux secondes à comprendre qu'il s'adresse à mon chien. Oh, non, je ne laisserai plus Zeus lui sauter comme ça dessus. À moins qu'un jour, ça lui fasse plaisir. Ça arrive parfois.

- Je suis vraiment, mais vraiment désolée.

Oh, pour ça oui, il l'avait surpris. Il m'avait surprise aussi. Enfin, pas tant que ça, parce que je connais mon chien, mais j'en avais fait abstraction. Ce type doit avoir les poches bourrées d'odeurs illicites. C'est ce qu'avait senti Zeus, et là, il attends la récompense. Il fixe ce Matt, puis il me jette un regard de biais. Oui, je sais mon chien, je sais, tu l'auras, mais plus tard ta récompense. J'essaie d'ignorer ma bête, pour me concentrer sur ce Matt. Il récupère son portable et le met dans sa poche. Une fraction de seconde plus tard, j'entends le miens vibrer, mais il est dans ma poche. Je ne vais pas y répondre, pas maintenant. J'hésite, il semble encore un peu secoué. J'hésite à le laisser seul. Et en même temps, je m'en veux de le faire poireauter comme ça. C'était mesquin de ne pas terminer la blague avant. Et lui, tout gentil, me dit que Zeus est un bon chien de garde Je lui souris, parce que c'est la bonne chose à faire. Autrement, il pourrait penser que j'ai des choses à cacher. Ce qui est vrai. J'ai à cacher que je ne suis pas Bill.

- Oui, c'est ça, Zeus. Je l'ai bine dressé. Il ne fait pas de conneries comme ça d'habitude. Encore un mensonge, c'est un chien flic. C'est évident qu'il va sauter sur le première odeur illicite qu'il va croiser. Je... pour me faire pardonner, je peux vous offrir un café ? Ou un autre breuvage quelconque ? Question de vous faire oublier que j'ai failli vous faire dévorer par mon chien ?

Je suis prête à lui offrir le repas au resto le plus cher de Lakeview s'il peut oublier Bill et son RDV absent.

 

Et la franchise sur le visage velouté de l'étrangère apaisa Mathias qui en reconnut là un réel espoir au pardon. Si elle le connaissait: peu rancunier pour deux sous, il faisait preuve de la plus affable des compréhensions. Même si son palpitant battait encore à toute rompre. Même si un cabot avait rasé lui déchiqueter le visage de sa gueule acérée. Pas un seul instant il ne se douta que l'odeur d'herbe fumante imprégnée dans ses vêtements aurait put égayer ce chien policier - encore était-il complètement absent d'idée qu'un flic à quatre patte se trouvait à ses pieds.

Et son mal aise qui s’amplifiait sur son visage pâle, sous sa tignasse blonde. Mathias fronça les sourcils, se pinça les lèvres. Il ne désirait pas recouvrir cette inconnue de remords, loin de là. Il lui fit un sourire qui peint de peu le faux – il avait du mal à encaisser la terreur encore – et hocha négativement de la tête, évasivement. Elle n'avait pas à s'excuser de la sorte, tout de même. Ce n'était pas de sa faute si son animal perdait les pédales – oh! s'il savait seulement qu'il avait toute sa tête! Son cellulaire, toujours dans sa main, affichait «message envoyé» depuis quelques secondes déjà. Et une vibration se fit entendre. C'est sans hésiter que Mathias ouvrit son cellulaire à l'instant, certain d'avoir une réponse de la part de Bill expliquant son retard. Rien. Il constata en retardataire et en coin de pupille qu'il s'agissait du téléphone de la blonde qui vrombissait. Il soupira donc d'impatience en envoyant un «heyyyu t ou?6??» à son ami de la veille en vitesse, d'une main, sans trop faire attention au pianotage de son doigt maladroit.

Et spontanément, elle lui offrit un café. Le livreur haussa les sourcils et son sourire s'épanouit dans la franchise. Avec bonhomie qu'il accepterait ce restaurant. Habituellement, c'est lui qui se prenait pour l'ami improvisé des inconnus et qui balançait ce genre d'invitations. Savoir qu'une jeune femme l'imitait lui retira le peu d'angoisse qu'il lui restait. L'enchantement d'avoir peut-être une future bonne amie devant soi primait, apparemment. Quoi que le coup de cet échange le désarçonna de peu, le surprit grandement en fait. Il secoua sa tête en prononçant l'inévitable cinquième lettre de l'alphabet en hésitation.

Euhm... Ça me ferait grandement plaisir! sa rauque voix débuta avec l'enthousiasme d'un gamin au fond de l'âme.

Ce qu'il possédait mieux que quiconque. Toutefois, un rire heureux se brisa hors de ses lèvres et il se racla la gorge. Le soucis tordit son visage dans un grimace désolée.

J'aimerais bien, j'te jure... Mais c'est que j'attends quelqu'un. Un rendez-vous, quoi. Ton téléphone vibre depuis tantôt. C'est peut-être important.

C'est sur cette même intonation trop amicale et gentille qu'il fit remarqué à l'inconnue qu'elle avait encore reçu un message: il reconnaissait le son de la vibration décevante qui n'était pas de son propre cellulaire, mais du pantalon de la belle. Il la laissa regarder ses messages et en envoya un troisième tout de go à son ami traînard: «fuck off bill!!1 jen ai mare de tattendrre jvais men aller si tes len comme sa» d'une traite. Un bip entendu des millions de fois, un écran affichant un message envoyé, une vibration. Encore qui n'était pas de son cellulaire, mais de celui de sa rencontre. Là, il leva un air curieux sur elle en fronçant légèrement les sourcils. Il n'était pas une lumière, mais trouvait la coïncidence étrange: celle où à chaque fois qu'il envoyait un SMS, elle en recevait un.

Mais... sa voix était hésitante, son air presque craintif. Peut-être que je peux me libérer... Peut-être...

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Mathias & Heather

Et si c'etait pas si drole ?

Comme c'est amusant. Je vois son visage s'illuminer lorsque je l'invite pour un café ou quoique ce soit d'autre. L'idée semble lui plaire et je suis contente de trouver quelque chose pour lui faire plaisir puisque je me suis moquée de lui avec les textos. Si ça pouvait s'arranger ainsi, ce serait très bien. Je sens mon téléphone vibrer, mais je ne m'en occupe pas. Mais malheureusement, lui, il l'entends et croit d'abord que c'est le siens, avant de comprendre que non, c'est le miens. Il change soudainement d'air. Il prend un air désolé et m'informe qu'il aurait bien aimé, mais qu'il attends quelqu'un. Et par la même occasion, il me dit que mon téléphone vibre. Non, sans blague. Oui, je sais bien, mais je ne vais pas y répondre, puisque c'est probablement lui. Je n'y jette même pas un coup d'oeil.

- Oh, non, ce n'est pas important. Quand c'est important, ils me téléphonent, ils ne me textent pas. J'essaie de ne pas être esclave de ce bidule, alors je ne répond pas tout de suite, dis-je d'un ton dégagé.

Je le laisse se décider, mais je ne manque pas de l'encourager d'un sourire. Je pousse même l'audace à pencher la tête de côté pour une presque innocente supplication. Il texte une nouvelle fois et encore, mon téléphone vibre. J'espère qu,il n'aura pas l'idée de téléphoner. Parce que là, je devrai avouer et bizarrement, si ça m'amusait follement lorsque je répondais aux text, le fait de me retrouver devant lui, ça m'amuse beaucoup moins. Je dois absolument lui changer les idées pour éviter qu'il ne texte encore une fois. Je dois le déconcentrer assez pour qu'il ne me texte plus. Et si j'arrivais à mettre la main sur ce téléphone pour effacer mon numéro, ce serait génial et toutes mes angoisses de mesquine fille s'envoleraient.

- Oh, ce serait tellement amusant ! Je m'en voudrais beaucoup moins de t'avoir fait si peur avec Zeus. Ça m'apprendra à ne pas le tenir assez solidement en laisse. C'est un rendez-vous que tu peux déplacer ? J'ai probablement une heure à t'accorder, pour me faire pardonner. Sinon, on devra faire ça une autre fois, mais je suis vachement occupée...

D'accord, c'était pas tout à fait vrai, bien que pas totalement faux non plus, mais je voulais effectivement me faire pardonner pour Zeus, mais surtout pour m'être foutu de sa gueule.

 

Cette jeune femme avait la parole rapide, Mathias en découvrit, sa foi. Rapide et sympathique, pour le mieux. Une compagnie ravissante que de déployer autant de concorde pour un simple étranger. Peut-être essayait-elle toujours de pardonner son cabot grognant qui, pourtant, le livreur avait fait mine d'indifférence et lui avait dit les craintes enterrées sous les excuses et la laisse maintenant bien fermement en main de la blonde, surtout.

Ce foutu rendez-vous faisait impatienter le jeune homme et languir les minutes d'un café possible avec l'amitié probable. De bon temps et d'idées à grouiller, à changer en coup de vent. Il avait promis ce stock en remboursement d'une vieille dette à son ami. Si Bill ne se pointait pas aujourd'hui, il aurait sans doute les remontrances et une perte de confiance grinçante à endurer - rien qui ne lui donnait fossettes. Il trépigna sur place, dans l'hésitation, la coutume d'accepter la plus offrande des invitations contre un devoir autre, d'importance pour le frisé. Ce qui lui fit prendre finalement décision fut cette explication du merveilleux manque d'attention que la blonde donnait à son cellulaire. Une personne refusant de vérifier son écran pour accueillir plutôt un étranger dans une conversation était quelque chose de rare en cette ville, en cette année. Cleveland admirait ce comportement pourtant anodin. Sans doute parce qu'il était incapable de l'adopter. Peut-être recevait-il rarement message à déborder dans le chaleureux, mais dès que son téléphone sonnait, il ne perdait pas une seconde pour s'y brancher. Lui qui voulait goûter à la vie devrait peut-être justement lever le visage sur celle-ci plutôt que de la mirer depuis l'interface d'un réseau vide.

Il lui sourit grandement. Elle continua à l'inciter davantage, toujours et encore avec la bonhomie d'une vendeuse, on aurait cru. Était-elle en train de lui vendre cette collation et ce temps volé? En perfidie? Pensée stupide. Pourquoi tiendrait-elle autant à s’accaparer de sa personne maintenant, sans préambule, si ce ne serait que pour y découvrir un ami? Conseil à suivre, il clama intérieurement, il devrait lâcher Bill et ses SMS inexistants et suivre la belle jusqu'au restaurant de son choix. Ses joues se redressèrent à lui plisser les yeux, il étira ses lèvres tout bonnement.

Bon d'accord... Je viens! Ça serait merdique de ma part de pas accepter l'invitation, hein? et il passa une main dans ses cheveux à la gêne et l'embarras quelque peu. C'est certain qu'il faut pas se laisser trop envahir par ces foutues sonneries.

Et, comme s'il se contredisait, il saisit son appareil et l'ouvrir sous ses yeux, choisit l'absent dans ses contacts et reporta son attention sur l'étrangère.

Je t'accompagne... Mais juste avant, je fais un dernier appel. Ça sera pas long, je te jure, le temps de laisser un message à un ami pour reporter le rendez-vous.

Et il porta le cellulaire à son oreille qui dialysait déjà Bill. Il fit mine presque inquiète, vérifia les extrémités de la ruelle dans l'espoir de voir son vendeur arriver miraculeusement à la dernière seconde. Il porta pouce à sa bouche dont il grugea nerveusement l'ongle. Il n'aurait qu'à demander à Bill de passer chez lui plus tard, en pire des cas. En autant qu'il puisse, il avait vraiment besoin de cette drogue. Ses iris tombèrent sur Zeus, ses sourcils se froncèrent. Il irait au café avec la jeune femme, mais n'adorait pas pour autant la présence de ce molosse. Il la tolérait et la craignait en passagère froussarde âme. Le combiné sonnait.

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HRP:

Mathias & Heather

Et si c'etait pas si drole ?

Ol hésite et s'il ne se dépêche pas, j'abandonne. J'ai beau vouloir soulager ma conscience, je ne vais pas y passer la journée. Mais heureusement, il finit par se décider. Je suis soulagée, au moins il n'aura pas poireauter pour rien, par ma faute. Je lui adresse un de mes magnifique sourire, pour qu'il ne change pas d'idée et pour l'encourager à penser que c'est vraiment une excellente idée et que ça me fait si plaisir. Je suis mitigée en fait. Je ne sais pas si ça doit me faire plaisir ou juste m'empêcher d'avoir trop mauvaise conscience.

- C'est offert de bon coeur ! dis-je, enthousiaste, même si je ne suis pas certaine que ce soit de si bon coeur.

Je ressent surtout de la culpabilité à avoir carrément fait perdre son temps à ce type. Au moins il aura droit à tout ce qu'il veut en échange. J'ai une pointe d'appréhension lorsqu'il prend son portable et encore plus quand il s'excuse pour faire un appel. Je le sens mal. Il compose et m'explique, question de tourner le fer dans la plaie, que c'est pour reporter le rendez-vous. Je n'ai même pas le temps de tenter de discrètement fermer la sonnerie de mon téléphone qu'il se met à sonner. Merde ! Cette fois, pas de vibration, c'est un extrait de Centipede, de Knife Party, ma sonnerie générale. Parce que tous mes contacts ont une sonnerie particulière qui leur est propre. Je sors mon téléphone de ma poche et je le laisse sonner.

- C'est ma boite vocale que tu finiras par avoir, dis-je.

 

La jeune femme sembla heureuse que Mathias est accepté l'invitation, bien naturellement. Mais à bien regarder le minois de la blonde, ce n'était pas de la joie qui se dessinait sur ses traits. Le livreur plissa les yeux et pencha sa tête sur le côté à la regarder attentivement. C'était plutôt su soulagement en fait. Étrange... Était-elle à ce point de gaieté de pouvoir lui faire oublier l'événement avec le chien d'un café gratuit? Surprenant.

Mais tout de même charmant. Ce fut une réflexion qui fondit dans sa tête quelques secondes et repartie. Après tout, il n'était point au courant de tout ce qui se tramait entre sa poche et celle de l'inconnue, alors pourquoi aurait-il eut des soucis quelconque à se faire..? C'est pourquoi il décida d'appeler Bill sans plus tarder. Vite reporter le rendez-vous - puisqu'il avait vraiment besoin de cette drogue le soir-même - et passer quelques jasettes avec la maîtresse et son canidé. Mathias se retourna donc et attrapa de son ouïe la commune sonnerie du creux d'un téléphone. Ainsi qu'une chanson, une musique rythmé et festive. Du dubstep. Il fronça les sourcils d’incompréhension et se tourna vers la blonde dont le cellulaire alarmait un appel. Une autre coïncidence? Matt était bien assez stupide pour le penser. Mais son regard de l’incompréhension vira à l'incertitude puis à l'inquiétude. Ces SMS, puis cet appel... Ce pouvait-il que cette étrangère ait le portable de Billy? Ces craintes furent fondées lorsqu'elle parla, enfin. Qu'elle dit qu'il allait tomber sur son répondeur. Comme preuve, elle entendit la voix de la jeune femme au creux de son tympan qui lui disait de laisser un message.

Sans la quitter des yeux, Mathias ferma lentement son cellulaire. Un visage outré, surpris et déconfit fit grimace à la fille et son chien. Sa boîte vocale... il pensa sans comprendre davantage. Pourquoi? Alors elle avait vraiment le numéro de cell de Billy?! Comment pouvait-elle le connaître? Et comment pouvait-elle s'être fait passé pour lui?! Car, visiblement, Matt ne croyait plus aux coïncidences, pas non plus celle de la venue de la blonde à cette heure dans cette ruelle. Enfin, il réagit, après un moment de silence. Il fut presque prit de panique, on aurait put croire, et se mit à crier à la jeune femme:

Fuck! Qu'est-ce que ça veut dire?! Pourquoi t'as le numéro de Bill, merde?!

Sa voix rauque et éraillée retentit dans le corridor de briques. Il était visiblement mécontent, autant étonné qu'en colère. Il repensa à la marchandise qu'il avait de prévue le soir même et grimaça en se passant une main dans les cheveux, levant son visage au ciel. Dans un élan de rage, il grogna et donna un bon coup à une poubelle non loin. Elle ne bougea pas et ne crut bon que de lui cogner solidement le pied. Mathias lâcha un juron en essayant de ne pas faire paraître la douleur et continua sa haine sur la jeune femme:

À quoi t'as pensé, merde?! Qu'est-ce que je vais faire... Tu veux dire... Depuis tout ce temps c'est toi qui m'écrit? Fuck!

Plus colérique d'avoir son rendez-vous annulé définitivement ou de s'être fait duper? Dur à dire.

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Mathias & Heather

Et si c'etait pas si drole ?

Quand on regarde la situation sous un autre angle, c'est quand même de sa faute s'il s'est planté de numéro quad il a texté la première fois. Évidemment, si j'avais seulement dit qu'il s'était trompé de numéro, je ne me retrouverais pas dans cette situation. Mais je n'avais rien à faire de particulier, alors je m'étais divertie de ce message inopiné. Peut-être aurais-je du couper cette conversation avant de le faire se déplacer, mais de le savoir insister et s'enfoncer un peu plus dans son erreur m'avait amusée un moment. Il met de longues secondes à assimiler et à faire le lien que ce Bill ne répondra pas, parce qu'en fait, il ne lui a jamais répondu. Je pense à un moment, un court moment, qu'il va se mettre à pleurer, ou quelque chose du genre. Non, plutôt une sorte de panique, comme si sa vie dépendait de Bill. En fait, c'est peut-être le cas, j'en sais rien. Mais bon, si sa vie en dépend, il avait qu'à ne pas se planter de numéro.

Je n'aime pas la manière dont il reprend la parole. Il semble agressif et contrarié. Non, pas contrarié, en colère, plutôt. Je connais cet air. Je l'ai affronté il y a quelques années. Linus était toujours si en colère. Je n'ai pas envie de provoquer ce genre d'émotions chez un parfait inconnu. Mais pourtant, sa contrariété exacerbe la mienne et le reproche qu'il me fait m'attaque aussi clairement que le sont mes remords. Je me sens attaquée, mais je sais que c'est injustifié de répliquer et céder à la contrariété à mon tour, mais j'ai toujours eu la réplique cinglante facile.

- J'ai pas le numéro de ce Bill, dis-je avec un peu trop d'agressivité dans la voix.

Et il frappe dans une poubelle qui évidemment, vu la taille de la dite poubelle et le fait qu'elle sembla pas mal pleine, ne bouge pas du tout. Je réprime une grimace douloureuse, qui je dois l'avoir, évoque une certaine compassion. Je nage entre deux émotions, celle de le trouver bête de réagir ainsi à cette petite blague, mais avec la conscience que je serais vraiment contrariée si ça m'était arrivée. J'aurais peut-être frappé une poubelle également, mais j'aurais plutôt choisit une vide. Ou le joueur de tour lui-même. En fait, je n'apprécie pas trop qu'il semble réagir un peu comme moi aux blagues de mauvais goût.Parce que c'est pas mal ça au final.

- T'avais qu'à pas te planter de destinataire du texto. Je ne suis pas Bill, je n'ai jamais été Bill et c'est pas Bill que t'as texté, c'est moi.

Eh ben tiens, ça va lui en boucher un coin ! Non, mais ça suffit. Mes paroles sont suintante de reproche. C'est sa faute, non ? Il s'est planté, je vais pas avoir des remords parce qu'il s'est planté, si ?

 

Si seulement Heather, cette douce qui n'avait pourtant prévu que de plaisanter un brin, avait sut que Mathias était un agneau au cœur d'or. Qu'il ne pouvait faire de mal à personne, hormis soit même, et même pas à la moindre mouche... Peut-être n'aurait-elle pas été sur la défensive. Cet air de colère qu'il portait comme le cafard n'était nul autre qu'un enfant qui sommeillait partiellement et en tout temps dans le creux de ce coffre aux milles trésors qu'était sa poitrine. Bien certainement que la blonde aurait put rire de se casse-pied, de ce lamentable qui prenait une poubelle d'abandon comme défouloir de rage sporadique.

Des amis, que le livreur avait espéré qu'ils deviendraient. Maintenant, la blague qui l'embêtait plus que tout et le ton serpent de la jeune femme lui faisait distant dans leur connaissance. Il se saisit les cheveux, n'osant pas frapper à nouveau un objet inanimé – et jamais n'oserait s'en prendre à l'inconnue qui l'avait totalement berné, d'autant plus qu'elle avait une bête de crocs acérées à la poigne – mais il avait bien envie de hurler sa rage. Parce que Mathias était ainsi: d'exagération et de stupidité. Mais il n'y réfléchissait pas à cet instant. Il se demandait comment il pourrait rendre la substance promise à son ami à temps et comment il s'en procurerait de toute façon. Parce qu'au comble du malheur d'être tombé dans le panneau d'un rendez-vous falsifié, il n'avait pas le numéro de Bill. Il jura encore, entre ses dents serrées. Qu'allait-il faire à présent? Rectification: qu'allaient-ils faire? Autant d'autorité elle pouvait avoir, autant de force elle avait sur le jeune homme à présent. Il le réalisait qu'à présent, crétin. Elle savait clairement qu'il prenait de la drogue (du moins en marchandait) et il avait tout intérêt à se faire ami avec l'étrangère qui prouvait toutes les pensées du moment à dire «qu'elle avait été Bill» depuis le début des textos. Mathias se massa le front et soupira. Il ne savait plus où se donner de la tête entre crier ou se faire ami de celle qui avait tous les droits de le balancer aux flics. La fuite, il pensa un instant. Avant que son regard ne tombe sur le clébard. Puis, reportant attention à la belle:

Écoute, il débuta à contre cœur, je suis vraiment... Désolé pour t'avoir embarquée là-dedans. Okay? Alors... Tu vas... Oublier tout ça, hein..?

Il leva sur elle un regard plissé d'inquiétude, des lèvres pincées, sur un soupçon de douleur toujours présente. Son orgueil se pinça quand il réfléchit trop tard à ces paroles. Quel minable il faisait! Il la regarda, et aussi rapidement qu'il eut prononcé ces paroles, la haine avait disparut de son visage. Il n'aimait pas paraître victime et l'été toujours bien visiblement malgré lui. Le livreur soupira vers le ciel et se retourna pour se cogner la tête vers le mur de brique doucement. Quelle galère! Une réflexion lui trotta en tête, une ressasse des évènements. Soudainement il sembla se détendre, et il retourna son attention sur la blonde. Malgré toute la merde qu'elle lui causait, sa rage abrupte et sa froideur féminine face à cela... Elle avait eut un sacré cran d'agir de la sorte. Un sacré cran et une idée de génie. En y repensant bien, le bouclé aurait peut-être fait de même avec un mauvais numéro entre les mains. Et il se mit à rire, dans sa barbe hirsute. Il se força pour cacher cette hilarité sortie de nulle part de peur qu'elle ne le prenne pour un dégénéré qui planait sur l'herbe. Entre ses rires, il gloussa de sa rauque voix:

Bon... Faut quand même admettre que t'es foutrement du tonnerre pour avoir fait le coup.

Le chien bougea le flair et grogna un tantinet pour on se sait qu'elle raison et Mathias sursauta d'un bond vers l'arrière pour s'apeurer et cesser de rire. Il baissa le menton plutôt d'un air timide d'avoir dit ce dernier dialogue sur autant de légèreté, lui qui était bouillant de hargne quelques secondes plus tôt.

© Never-Utopia

Ft. Matthias P. Cleaveland

Et si c'était pas si drôle?

À le voir réagir, avoir l'air si désemparé, je me dis merde, j'ai affaire avec un foutu camé et quand il va tout comprendre, il va me tabasser. Machinalement, j’attrape le collier de Zeus, parce que Zeus est du genre à anticiper les attaques, c'est son boulot. Évidement, puisqu'il sent ma tension qui vient de grimper en flèche, il gronde, mais je tire un coup sec sur son collier, il se tait. Brave bête. Et moi, je recule doucement, sans mouvements brusque. En fait, je ne suis pas vraiment en danger, s'il m'attaque, je lâche Zeus et je vais avoir le temps de m'éloigner, de rappeler Zeus et de filer. Mais ça ne sera peut-être pas nécessaire, puisque le dénommé Matt semble se calmer. Enfin, pas vraiment, mais son attitude change. Comme si à présent c'était moi le montre. Remarque, c'est un peu le cas. Et le voilà qui se confonds en excuses et qui me demande d'oublier tout ça. Je le dévisage un moment, sans trop comprendre pourquoi l me dit ça. J'ai l'impression qu'il craint quelque chose, mais je ne sis pas quoi.

- Euh... ouais... ok... j'oublie tout si tu oublies tout aussi, marchandai-je avec un peu trop de fermeté dans la voix.

Il est bizarre ce type... vraiment bizarre. J'ai l'impression de replonger il y a 8 ans avec Linus dans cet état, mais Linus piquait des crises et il n'éclatait pas soudainement de rire. Tout aurait été si différent s'il avait parfois éclaté de rire. Mais non... ce n'était peut-être pas dans l'ordre des choses. C'est peut-être ce gus qui n'est pas normal. Il est peut-être totalement cinglé. C'est pas grave, je lui lâcherai Zeus dans les couilles si ça dégénère. Mais en même temps, l'entendre rire me rassure. Je ne sais pas si c'est normal de ma part. Il a l'air de rire sincèrement. Je ne sais pas trop, je n'explique pas ce comportement. Il finit par me dire que c'est quand même du génie de ma part d'avoir fait ce coup. Je le dévisage, stupéfaite. Je ne comprend pas, il avait l'air si furieux. Mais il continue de rire, alors j'esquisse un sourire aussi, même si je ne suis pas certaine que ce soit l'attitude à adopter. Et probablement parce que je ne sais pas comment réagir, lorsque Matt bouge, Zeus donne un coup et grogne. Je le calme aussitôt. Et à voir Matt sursauter et bondir en arrière, je me dis qu'il  vraiment peur de Zeus. Et j'aime pas qu'on ait peur de mon chien.

- Écoutes, Matt je... mon invitation tient toujours si tu veux aller boire un truc... et comme on a oublié la mauvaise blague, eh bien c'est juste parce que mon chien t'as effrayé.

Je souris, parce que ça rassure les gens un sourire.

© Leeyarom

 


Bourrique empiété! Matthias n'était que cela, peut-être bien pire... Mais toujours sa colère, qui mutait en indécision, puis en esclaffe le gardait sur la pensée droite et incongru à ses songes qu'il avait toute la logique du monde dans sa réaction, sa situation, et son point de vue. Bidonnant, peut-être d'un angle externe. Le lecteur a de quoi se moquer en tout cas...

La blonde agrippa le collier de sa bête fourrure au pedigree prestigieux et celle-ci se raidit. Réticence chez le livreur de pizzas qui voyait le canin jaillir les croc de sa prestance droite et bondir sur son torse qui palpita sur le coup. Mais cela ne semblait que d'un avertissement douillet, autant pour le chien que pour lui-même. Un grognement, même, qui tue Matthias précipitamment. Bien certainement, la belle n'avait qu'à laisser son animal s'occuper du drogué, appeler la police et plaider légitime défense. Le jeune homme avala bruyamment; merde, se disait-il alors qu'il sentait déjà les lacères autour de sa chaire, celles d'un molosse en plein ordre de tuer.

Et malgré le fait que la jeune femme paraisse quelque peu craintive, à se reculer même, rien de cela ne se produit. Il soupira intérieurement en priant que Zeus n'ait à se dresser sur ses pattes et ses molaires d'une quelconque manière. Et plus encore, l'inconnue dit tout oublié si ce mensonge blanc en finissait réciproque. Fermement. Matthias baissa le menton d'un air qu'il voulait caché inquiet. Elle semblait trop catégorique pour ne pas penser à l'utilisation de la drogue contre lui. Tout ce qu'il lui restait à faire était de prier qu'elle ne pousse pas ces informations qu'elle tenait de lui contre sa piètre personne.

Et à son commentaire au delà du compliment qui n'en sortait pas de la sorte volontairement, ses grands yeux témoignèrent bien sans cachette de son ahurissement. Elle devait le trouver cinglé. Il rougit peut-être, se gratta la nuque en cessant de rire et replonger son regard sur le sol. Il esquissa devinette un sourire sur les traits de la belle qu'il aurait rendu en retour si Zeus n'avait gronder tonnerre soudain contre lui. Sur ce, Matthias sursauta vers l'arrière à buter contre le mur de brique et pousser un léger cri qui n'avait rien de charmant. Et elle lui parla. Il l'écouta d'une oreille attentive en levant un regard craintif sur elle, toujours la gorge bien basse, et elle lui sourit. En toute politesse, et franchise aussi, il lui remis cette gentillesse. Si ses lèvres retroussées étaient pour le rassurer, ça avait fonctionné. Tout ce qui agaçait Matthias à cet instant n'étaient plus que ce chien et le fait qu'il paraisse d'un vrai trouillard débile devant lui.

Et même si l'étrangère pouvait trouver son interlocuteur fou ou bizarre, elle comprendrait bien vite qu'il n'était qu'un immature gamin coincé dans un corps d'adulte irresponsable. Ce fut d'ailleurs la cause de son acceptation à aller «boire un truc». Il sortit son cellulaire à moitié de sa poche, l'observa, fit moue en coin et sourit. Balançant sa main comme si ce n'était que du passé, il fit négation de la tête.

Bah! L'autre attendra. Je l'envoie chier de toute façon il n'a jamais vraiment été mon pote... et dans l'espoir de s'en faire un nouveau, il ajouta: Ouais! Ça serait cool qu'on aille prendre un truc! Je te paie un café, pour me faire pardonner?

Il la pointant en levant le pouce, se demandant si elle accepterait l'invitation retournée. En fait, il désirait simplement s'en faire amie, positive rencontre au pire, pour ne pas qu'elle parle aux flics ou peu importe dans l'heure qui vienne. Et un peu parce qu'il savait qu'il saurait apprécier une excentrique de bonnes blagues avec qui et à qui il aimerait bien jouer de futurs tours...

© Never-Utopia

Ft. Matthias P. Cleaveland

Et si c'était pas si drôle?

Ce Matt me fait penser à un gamin. Il change d'air au gré de la conversation, passant du sourire à l'inquiétude ou à la contrariété. J'étais comme ça gamine, avant que je comprenne que tout était plus facile quand on avait l'air joyeux. C'est donc l'attitude que j'avais adopté et affiché tous les jours, ou presque, depuis mes 15 ans. Même à la mort d'Errol, j'avais continué à afficher en public un sourire, même si tout ce dont j'avais envie était de me rouler en boule et me laisser mourir, surtout après le départ de Linus. Mis j'avais du faire face, parce que j'ai horreur qu'on me prenne en pitié et il y avait aussi Nigel. Je ne pouvais pas lui faire perdre sa cousine en plus de ses deux frères.

Matt annonce que l'autre peut aller bouler et qu'il vient prendre un café avec moi. Il ajoute même que l'autre type n'est pas vraiment un ami. Je lui adresse un sourire complice et je rigole. Il est vraiment bizarre ce type et en le regardant, il n'a pas l'air très dangereux. Il ajoute même qu'il me paie le café. Ah bon ? Et pourquoi ?

- Oh, un café, si tu savais à quel point ça me fait plaisir ! Je suis caféinomane, tu vois. Le café, c'est le bonheur, que j'explique, mais je secoue la tête. Mais il n'y a aucune raison pour que tu me paie le café. C'est mon chien qui t'as effrayé, c'est moi qui paie le café, ou quoi que ce soit d'autre, ce que tu préfères. De toute manière, on a oublié ce qui aurait pu se passer d'autre, alors je te paie un café, ou peu importe, comme tu voudras.

Non, je me suis peut-être trompée. Je ne pense plus que ce soit un malade qui est en manque de cam. Je pense seulement que c'est un type qui avait promis un peu de brouillard à un pote et qui ne peut pas. Mais qui tout de même, se passe volontiers de cet ami... qui n'est pas vraiment un ai. Du coup, j'imagine qu'il a pas trop d'amis, que des camarades de fumette, comme on a des camarades de beuverie.

- Alors, t'as envie de quoi ? demandais-je en reculant pour me mettre en marche. Zeus. Je claque des doigts et Zeus vient me rejoindre, passant à droite, là ou je lui indique. Tu viens ? Au fait, moi c'est Hetty. Tu l'as probablement entendu... je sais plus où, dis-je avec un clin d'oeil complice.

© Leeyarom

 

La belle blonde accepta et Matthias soupira de soulagement, bien faiblement pour ne point qu'elle remarque. De sédation parce qu'elle n'allait visiblement jamais en parler au 9-1-1 et parce qu'elle n'allait lâcher son canin sur lui. Il fut enchanté, bien qu'il trouvait étrange qu'elle refuse à tout prix qu'il ne lui paie la donne, malgré ses excuses valables. Après tout, il ne pouvait qu'être heureux de ce renversement d'offre; il n'avait que quelques ronds en poche, et il comptait bien, malheureusement, les fumer un jour. Et il ne comptait pas les utiliser autrement.

C'est pourquoi il accepta bien volontiers l'invitation en retour. Il haussa les épaules, les sourcils, et pouffa d'un air dépourvu. Et pendant ce réflexe, avant de ne répondre à sa question à savoir ce qu'il voulait se faire offrir, il sentit une légèreté la pâmer. Andy lui avait donné un tas de truc, bien normalement puisqu'elle était sa sœur. Jamais dans ses «amis» on ne lui avait fait cette attention, sinon en sachant qu'ils auraient en retour. Et voilà que la jeune inconnue l'invitait à prendre un café... L'arme à l’œil du cœur, il répondit qu'«un café serait chouette».

Et il enjamba le pas à la jeune femme, prenant bien soin de contourner largement la bête pour aller marcher non loin de la blonde à son autre extrême gauche: hors de question que le féroce ne le touche. Jamais il n'avait trop aimé les chiens et ce n'est pas à cet instant qu'il voudrait les côtoyer tout bonnement, aussi sympathique soit leur maîtresse. Elle se présenta: Hetty. Joli prénom qui allait parfaitement à son minois doré. À son clin d'oeil complice et sa réplique, le livreur de pizza sourit largement, au bord du rire, et conclue:

Moi c'est Matt... Bon, tu le sais déjà. Matthias, plus précisément. Tu m fais bien marrer, toi! Je sens qu'on va bien s'entendre...

© Never-Utopia