Beauty and the Geek

Samantha & Mathias
★★★★★★

Une petite envie de sortir, une envie de voir du monde. Aujourd'hui, Samantha était de bonne humeur et l'on espère que ça va durer. Se levant du bon pied, la jeune femme repensait à ce qu'elle avait fait durant la semaine, en particulier ces nouvelles rencontres. Il y avait en effet plusieurs habitants qui venaient d'emménager ici et elle qui ne sortait que rarement avait apprécier de les découvrir. Mais la demoiselle était plus réservée et n'était pas fan des grandes foules. Bien souvent elle avait fuit les séances de dédicaces, lorsque trop de fans se pressaient pour la voir, pour avoir un signe de sa part. Flippée et angoissée par toute cette agitation, voilà pourquoi Sam avait fuit un instant ce monde. Son agent avait encore tenté de la joindre la veille. Hier, ce n'était pas le bon moment, pensa Samantha en attrapant le téléphone. Mais ce matin, la jeune femme était heureuse et s'empressa de rappeler l'homme, l'informant d'un début de résumé concernant le livre qu'elle écrivait. La miss Trudeau avait un style se rapprochant de celui de J.K Rowling, mêlée d'une pointe Wildienne dans sa façon de tourner les intrigues, les amoureux de la grande littérature comme de la petite adoraient son style et c'était toujours étrange pour elle de voir des jeunes gens se présenter comme étant des lecteurs. Elle n'écrivait pas vraiment pour viser quelqu'un en particulier, elle faisait ce qu'elle aimait, rêvant de partager la seule chose qu'elle sait apparemment faire dans la vie. Écrire est tout pour elle, alors avoir ces passades de morosité n’est pas ce qu'elle préfère. En revanche, elle ne prendrait pas ses médicaments aujourd'hui. La brune ne désirait pas avoir les idées embrouiller pour ce grand jour où elle allait enfin mettre le nez dehors.

Peut-être qu'elle rejoindrait Sasha pour le déjeuner, ça lui ferait plaisir. Si son meilleur ami était là, ce serait encore mieux. Samantha apprécie ce jeune policier, il prend soin d'elle et l'aime autant qu'elle, ça la rassure de ne pas la savoir seule. Elle se réfugie chez lui, chez elle, et ça fait plaisir à Samantha de voir sa nièce être proche d'elle, s'éloignant d'Erika malgré elle. La situation semble compliquée entre les deux femmes et la romancière fait de son mieux pour que la vie de son entourage soit la plus belle possible.
Alors la voilà sortit ! Il ne faisait pas chaud et ce fut un bonheur de sentir ses pieds au fond de ses bottes fourrées. Samantha était toujours tiré à quatre épingles lorsqu'elle sortait. Même en jean, elle avait une silhouette parfaite, bien qu'elle privilégie les jupes le plus souvent. Mais pas aujourd'hui. Non, il fallait se tenir au chaud pour ne pas risquer de prendre froid. Enfin, la jeune femme le pensait mais ça ne l'empêcha pas de mettre un haut plutôt décolleté. Et sa légère écharpe ne ferait pas grand chose, mais Samantha était surtout frileuse des jambes, espèce d'effet secondaire de son traitement, elle l'avait lu sur la boîte d'un de ses médicaments. Saloperie !

Ordinateur portable en bandoulière, la belle brune entra dans le Sugar Cream avec appréhension. La dernière fois qu'elle était venue ici, une grande blonde lui avait renversé son café sur ses habits, la tâchant et surtout lui faisant terriblement peur en manquant de l'ébouillanter. Il ne semblait pas y avoir de traces de cette femme... Tant mieux, Samantha pouvait souffler. Elle commanda un bon chocolat chaud et alla s'installer au fond du café, là où il y avait le moins de personne. Sammie sortit son ordinateur et l'alluma. Si elle était venu dans cet endroit, c'était avant tout pour trouver un nouveau souffle d'inspiration. Les mots venaient. Les mots sont plus fort que les actes par moment, ils provoquent tellement d'émotions, c'est ce qui plaît à la brune. Elle a toujours aimé écrire sur tout les sujets. En cours, elle adorait les rédactions, les dictées de primaire, toutes ces petites choses qui permettent d'apprendre des mots, de les utiliser et surtout de les employer sans faire de fautes. C'est important pour elle, comme un toc, elle ne laisse passer aucune faute. L'imperfection est quelque chose d'humain, qui ne devrait pas être dans les mots, jamais. Sam est irréprochable.

Au bout de deux heures, la brunette releva la tête. Son chocolat était terminé. Elle sauvegarda pour ne pas perdre le fils de son récit en cours de route et observa le temps par la fenêtre. Des gens se pressaient au dehors, par petits groupes. Certains avaient un visage connu pour la demoiselle, elle avait du les croiser un jour sans leur parler. Très peu d'habitants de Lakeview étaient ses amis. Elle aimait beaucoup ses proches, comme une grande famille. Elle dépend énormément d'eux, ils sont comme vitaux. Et parmi la foule à l'intérieur du café, miss Trudeau remarqua qu'on l'observait. Elle sentit le regard de l'homme avant de tourner la tête dans sa direction. Fixant du coin de l’œil son observateur, elle tenta d rester discrète mais un stress montait en elle. Qui était cet homme qui la dévisageait ? * Mince ! Il vient par ici...* pensa la jeune femme en baissant les yeux sur son clavier. Était-il de bonne compagnie ou désirait-il simplement l'importuner ? La belle brune leva les yeux vers le grand frisé tout en arborant un sourire timide. « Bonjour. » répondit-elle au jeune homme sans le connaître. Parler à des inconnus n'était pas son sport favoris.

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i do reconize you!

Mathias frappa du bout du pouce sa cigarette pour que les cendres s'étalent en flocons brûlants dans leur lit de cendrier. Il était une heure quelconque de l'après-midi, et son entière journée avait été des jeux vidéos devant ce même écran cathodique à mille défauts. Peut-être devrait-il se préparer, il pensait. Pour ce rendez-vous qu'il impatientait depuis une semaine déjà.

Il avait rencontré cette fille sur un site de rencontre. Une belle jeune femme brunette au teint soie et aux prunelles noisettes. D'après ce qu'il s'imaginait depuis les quelques mots lu à l'écran de son ordinateur, car jamais ils ne s'étaient monté de photos d'eux-même. Ce n'est qu'au cour de cette journée ensoleillé et frisquet qu'ils comptaient se voir pour la première fois. Et pourquoi? Le nombre de messages incalculables qu'ils avaient échangés apportaient une connivence bien sympathique. Se rencontrer. Devenir ami, peut-être plus... Le livreur de pizza repensait à cela et se pinçait les lèvres sur son canapé moelleux et centenaire. Un nom à placer sur ce visage imaginaire: Emily. Croyait-il vraiment à une relation avec cette Emily? Ils s'entendaient bien, étaient tout deux célibataires, à rechercher un amourette... Le garçon se passa une main dans les cheveux et tira un soupire hors de ses poumons malade, toussa pour la peine. Puis alla sous la douche, s'habilla proprement, se coiffa du mieux qu'il le put, se rasa même... Un jugement dans le miroir, et on aurait pu croire de lui un jeune étudiant en voie de devenir vétérinaire. Plaisant, il espérait, comme minois... Il haussa les épaules, s'alluma une autre cigarette et verrouilla la porte de son appartement à clef après en être sorti.

Il ne savait trop. Réellement. S'imaginer en couple - s'imaginer amoureux, surtout! - pour quelques temps avant la Fin... Il n'y croyait pas. Mais la solitude rongeait le caniveau de ses songes depuis belle lurette, et essayer de se trouver compagnie riche, ne serait-ce qu'un goût avec échec, était alléchant pour cet âme solitaire. Il décida de marcher par ce beau temps, veste sur les épaules, jusqu'au lieu du rendez-vous: le Sugar Cream. Il prit de longues minutes à s'y rendre - eut le temps de terminer deux tabacs en rouleaux - et, finalement, entra dans la place en frottant ses mains pour conserver leur chaleur. Sur son cellulaire, il regarda l'heure; il était en avance. Tout de même il chercha du regard l'endroit. Peut-être Emily était-elle aussi quelques tours d'horloge de la grand aiguille plus tôt que prévue. Aux tables, un vieux qui sirotait son café en faisant des mots croisés, une grébiche qui discutait avec sa complice du même vieil âge le menton bien haut. Un obèse qui dévorait un gâteau double chocolat avec un cellulaire à l'oreille. Une mère blonde qui nettoyait la bouche de son bébé en grondant son gamin turbulent. Et cette femme. À la longue tignasse brune, au teint clair et ravissant, aux yeux brillants et magnifiques. Il s'approcha d'elle, hésitant. Elle le remarqua et accrocha son attention à lui. Il fut certain à cet instant qu'il s'agissait d'Emily.

Mathias avait déjà lu quelques livres. À l'école, il ne se forçait même pas pour entamer les bouquin de cent pages qu'il considérait brique. Ce n'est pas la peine de dire que ce faible intellect n'était pas un grand lecteur. Alors autant peu connaissait-il les grands titres, jamais il n'aurait reconnu un écrivain au public. Alors aucune idée qu'il ne pouvait avoir que la belle Samantha devant lui aurait pu lui donner un autographe. La jeune femme le salua, il sourit à en creuser deux adorables fossettes dans le creux de ses joues et à plisser son regard légèrement.

Hey! il débuta de sa rauque voix tout de même douce. C'est bien toi..? Ouais! C'est clairement toi! Tu es exactement comme je l'imaginais! Et sans gêne, il prit place à table devant Samantha. Étant bien certain de son geste. Alors... Comment ça va?

À aborder sa compagne comme si elle avait été une connaissance de longue date. Une serveuse l'accrocha et il commanda un chocolat-chaud avec crème-fouettée. Puis reporta son attention sur la brunette à qui il offrit le plus tendre des sourires à attendre sagement sa réponse. Et intérieurement, il avait le trac. Il espérait que les choses iraient bien entre eux et qu'il ne fasse pas l'imbécile comme il avait l'habitude de faire devant cette nouvelle rencontre.

©BoogyLou

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Samantha & Mathias
★★★★★★

La vie peut parfois nous jouer de drôles de tours, nous surprendre pour le meilleur comme pour le pire. C'est un fait avéré, on ne peut jamais planifier le déroulement de ses journées, ni être sûre que rien ne changerait en cours de route, même une fois débutée. D'ordinaire, il ne se passe rien pour la demoiselle. Elle se contente d'écrire, chez elle, sans jamais mettre le nez dehors par peur qu'il ne lui arrive quelque chose de déplaisant. Quelques semaines auparavant, elle avait changé ses habitudes en sortant pour s'aérer un peu, prendre un café. Et la voilà qui se faisait « agresser » - de ce qu'elle a ressenti – par une blondasse qui lui renversait son café sur elle. Bien qu'ayant prévu de passer du temps au dehors, la belle n'avait en rien prévu cette attaque et avait été plus que surprise, traumatisée même ! Depuis, elle n'était pas vraiment ressortit.
C'est fou ce que l'on peut voir lorsque l'on met le nez dehors. Des gens, tous différents, qui peuvent vous faire du mal comme vous faire passer un bon moment. Samantha avait évité la ville un moment, ne sortant que pour aller s'enfoncer dans les bois, là où personne ne venait jamais, plus certaine qu'aucune blonde ne viendrait lui jeter un liquide quelconque au visage. Ça avait durer quelques jours, jusqu'à ce samedi où la vie vint encore changer ses plans. Une jeune fille. Une petit brune touchante et un carnet à dessin. Jamais la jeune femme ne pourrait oublier cette enfant si douce. Elle avait eu envie de la serrer contre elle, mais s'était retenue. On ne fait que rarement ce qu'on veut dans la vie...

Aujourd'hui, elle s'était risquée à sortir de chez elle, mettant les pieds en ville avec appréhension. Ça ne pouvait que lui faire du bien d'après son psychiatre. Alors elle avait marché, son ordinateur sous le bras, pour trouver un cadre agréable afin de poursuivre son écriture. Et, malgré elle, ses pas l'avaient mené au Sugar Cream, lieu de la dernière attaque. Mais la blonde n'était pas là et Samantha respira en commandant son chocolat chaud. Seule à une table, la brunette écrit une heure durant, sans perdre le fils. Son histoire se mettait en place, elle aimait contempler les gens alentour et trouver de nouveaux éléments pour ses thriller grâce à ces figurant de son quotidien. Mais voilà que sa concentration s’étiole, ses yeux commencent à se mouvoir dans différentes directions. Un homme au dehors qui passe avec un ami, un collègue peut-être. Une serveuse qui débarrasse, des oiseaux bien courageux pour braver la fraîcheur. Et puis, cet homme... Cet homme si étrange qui la fixe de loin. Le cœur de Samantha se mit à battre alors que l'inconnu se rapprochait. Il avait quelque chose de touchant et de perturbant dans le regard. La miss Trudeau n'osait à peine le regarder, pinçant les lèvres en signe d'inconfort.

L'homme arriva à sa hauteur et, voyant qu'il était bien décidé à lui parler, le salua timidement. Dieu qu'elle n'aimait pas sortir ! On rencontre de ces malades ! Qu'allait-il se passer maintenant quelle contact était établi ? Samantha ne mit pas longtemps avant d'avoir sa réponse. Le jeune homme la salua avec familiarité, se mettant à la tutoyer comme s'il la connaissait. Était-ce elle ? Elle qui ? La jeune femme ne comprit pas sur le coup, mais le compliment lui plut. Elle sourit à l'inconnu qui prit place face à elle. Il devait certainement être un fan, la demoiselle ne voyait pas ce qu'il pourrait être d'autre et était bien loin d'imaginer les intentions de cet homme dont elle ne savait rien. « Merci, c'est gentil. Que tu as l'air jeune... » s'exclama-t-elle alors. Son visage avait quelque chose d'enfantin, son regard était lumineux et donnait envie de sourire à l'écrivain. Elle brûlait de lui demandait son âge, car elle aimait évaluer le pourcentage de jeunes qui lisaient ses livres. Si elle savait que ce pauvre homme se trompait de cible, elle serait bien embêtée ! Sa peau était lisse, il était bien coiffé, comme quelqu'un qui va à un rendez-vous galant. Avait-il prémédité sa rencontre avec elle ? Peut-être que l'homme la considérait comme son idole et désirait faire sa connaissance. Un forcené ? Samantha espérait que non et était rassurée d'être dans un lieu public. Le grand brun commanda un chocolat chaud en lui demandant comment elle allait. La serveuse se tourna vers elle et fit signe qu'elle en prendrait un autre également.

« Je vais bien, et toi ? » répondit la brune, surprise de tutoyer un inconnu. Il la mettait à l'aise, bien qu'elle ne sache pas ce qu'elle faisait là, à parler avec un fan comme si de rien n'était. « Tu viens souvent ici ? J'aime bien cet endroit, c'est calme, plus intime qu'ailleurs. » Ses parles pouvaient être comprises de plusieurs sortes par le jeune homme mais pour elle, ce n'était qu'une manière de faire la conversation sans vexer un si adorable jeune homme. Il était mignon avec son petit air enjoué.

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you write?

La commande du liquide brûlant eut une jumelle tout aussi sucrée. Mathias en eut un sourire aux lèvres, qui pétilla la confirmation de sa joie de retrouver Emily. De toute les idées qu'il eut put se faire de cette brunette, il avait maintes fois pensé à ce scénario. Le plus banal. Une conversation discrète et timide autour d'un breuvage, des regards de par delà l'imaginaire d'un écran qui n'avait été jusque là traversé. Et le jeune Cleveland est timide, comme à son habitude, tente maladroitement de le cacher. Poussières de rougeurs en joues...

Et tout comme lui, elle n'avait l'air certaine de ses paroles et de leur poids. Lui, c'était par pure gêne gamine. Elle, c'est qu'elle ignorait que l'homme se trouvant devant elle pouvait bien penser d'elle le prénom d'Emily et l'historique de conversation énorme. Une falsifiable coïncidence qui entraînement leur haine ou amitié? Le temps d'une constatation de la vérité qui devrait bien aboutir un jour et d'un breuvage chocolaté nous le dirait. Jusqu'à maintenant, le livreur de pizza avait le cœur au gazouillis. Tout planait de la joie - quoi qu'il se demandait bien pourquoi la jeune femme avait fait son antisociale à apporter leur ordinateur à un rendez-vous de première rencontre. Mais il ne s'en plaint pas ou n'en jugea pas; elle était d'une gentillesse bien appréciable et rares étaient ce genre de détails qui pouvaient le chicoter. Après tout, la brunette faisait ce que bon lui semblait, même s'il s'agissait de pianoter son clavier toujours et encore, dans un café ou à la maison, car il faut dire qu'il savait celle dont il croyait Emily traîner de nombreuses heures sur son écran. Et un commentaire, aussi naïve soit-il, de la belle le surpris: elle s'exclamait de sa jeunesse apparente. Le jeune homme aussi les sourcils, puis les froncis en perplexité amusée. Il avait l'air jeune? Toujours il n'avait point menti en lui disant son âge exact dans les centaines de conversations qu'ils avaient put avoir - à ses croyances. Alors, pourquoi cette réaction à son visage de vingt ans bien distinct? Un léger rire frôla ses lèvres alors que sa rauque voix entama de l'air amusé:

Et bien... J'ai 24 ans, comme j'ai toujours eut 24 ans!

Très cocasse, très affable. Une phrase qui pouvait sonner plutôt folle ou étrange hors circonstance, mais qui sonnait totalement franc; après tout, c'est vrai qu'il avait toujours eut 24 ans dans «les conversations qu'ils s'étaient échangées».  Toutefois, pour sa part, Mathias trouvait que sa compagne semblait plus vieille que les 22 ans qu'elle s'était dite sur le net. Peut-être avait-elle mentit sur son âge? Ou peut-être paraissait-elle plus vieille que la vingtaine? Peu importe, il n'aborda pas le sujet. Non par soucis de délicatesse - il était bien trop stupide pour savoir comment être galant même s'il souhaitait bien l'être - mais simplement parce que ce détail lui souciait peu.

Sur la pensée d'une tournure de page, il se redressa pour l'écouter le sourire au visage. Elle allait bien, sur quoi il répondit qu'il était de merveille aussi. Maintenant un chocolat-chaud devant lui, il en prit une lapée, essuya en vitesse la moustache de mousse qu'elle lui donna. L'arôme était délicate et enjolivasse de palais: il repris une gorgée; manqua s'étouffer sur celle-ci. Elle parla d’intimité de ce lieux. À la gêne qu'il toussota et se reprit d'un sourire rougissant. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là? Le bêta se fit mille scénarios et idées en tête, celles que la brunette faisait son agace, l'autre qu'elle était innocente. Et le frisé pouffa, répliqua, à l'hésitation:

Haha-euhm... Non, je ne viens pas souvent ici. C'est la première fois que je viens, bien franchement... Je ne sors pas souvent de chez moi mis à part pour aller chez des potes en fait, et il baissa le menton, honteux, parce que si seulement il avait réellement des potes chez qui aller! Mais oui, c'est... un bel endroit. Et les chocolat-chauds sont exquis, il reprit sa timidité avec cette maladresse.

Et l'engloutis d'une autre gorgée.

Avant de revenir sur le portable que la belle avait amené. il le désigna du menton et croisa les bras sur la table pour s'y appuyé, d'un air intéressé.

Tu écris ici aussi..? Je dois dire que j'aime trop de la manière que tu écris - pour ce que j'ai eut la chance de lire à date en tout cas. Tu fais quoi en ce moment?

Et une autre atroce coïncidence puisque la Emily qu'il croyait avoir en face de lui écrivait, en réalité, maniait la plume avec talent. Comme Samantha l'écrivaine, sur un plan plus personnel, évidemment. Et il avait eut la chance de lire quelques un de ses écrits, en clavardage, qui l'avaient bien plut - si seulement il avait sut que la brunette en face de lui était cette romancière et qu'elle avait maintenant tout pour croire qu'il était un fan de ses oeuvres! Et pourtant, il ignorait même l'existence de cette artiste, lui qui ne connaissait rien à la littérature.

©BoogyLou

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Samantha & Mathias
★★★★★★

La situation était étrange. C'était une rencontre à laquelle on ne s'attend pas. La jeune femme était venu dans ce café afin d'écrire tranquillement, dans un autre cadre que celui de sa maison si déprimante ces temps-ci. Un bon chocolat et son ordinateur en mains, elle avait écrit durant deux bonnes heures avant de faire une petite pause. Et c'est là que la journée bascula ! Un jeune homme, rasé de près, les cheveux frisés et l'air mignon d'un jeune enfant se posta devant elle. Bien évidant, la brune pensa qu'il l'avait reconnu et qu'il était un fan au vue de sa façon de l'aborder. Ce qu'elle ignorait, c'est que le jeune homme n'était en rien présent pour elle, mais pour une rencontre avec une amie, une amoureuse peut-être même ! Mais tout cela ne semblait pas transparaître dans leurs paroles et la demoiselle ne se doutait en rien de l'objectif de l'homme qui venait de prendre place face à elle.
Il s'était invité comme si c'était prévu, se commandant un chocolat chaud. Samantha fit signe à la serveuse  qu'elle en prenait un nouveau, avant de reporter son attention sur son interlocuteur. Elle qui craignait les discussions de ce genre, avec les fans, redoutait la question la plus répandue « Pourquoi n'avez-vous rien écrit depuis cinq ans!? » Elle avait envie de garder un peu de dignité, plutôt que de parler de sa dépression et de tout ce qui l'avait empêché durant tout ce temps à écrire convenablement. Ce n'était que depuis quelques semaines qu'elle avait retrouver l'inspiration, ses amis aidant en revenant dans sa vie. Elle avait reprit contact avec certains des plus important, comme Aidan, son soutien premier, et entamait une phase d'activité extrême. Bien que certains jours soient compliqués et qu'elle perde totalement pied, restant au fond de son lit sans voir de but à son existence. La vie est dure, très dure pour l'écrivain qui ne sait comment se sortir de ce cercle vicieux..

Mais aujourd'hui, elle avait eu envie de sortir, de prendre son courage à deux mains pour entrer dans ce café, après avoir prit soin de vérifier qu'une certaine blondasse ne s'y trouvait pas... Et là, devant cet inconnu, elle ne se sentait pas encore menacée et appréciait son engouement pour sa personne. Il avait vingt-quatre ans, que c'était jeune pensa la demoiselle ! Elle ne s'attendait pas à ce qu'un aussi jeune homme soit passionné par ses écrits. Elle en sourit largement et sincèrement. « C'est adorable. » lâcha-t-elle, ravie de rencontrer de nouvelles personnes. Samantha n'est pas du genre à se vanter d'être un auteur pour une catégorie spécifique de lecteurs, elle aime voir de la diversité. Sa manière d'écrire est d'ailleurs un signe de cette pluralité. Des mots tenus dans un langage de littérature classique, comme bon nombre d'écrivain, mais avec cette partie presque enfantine pour que les moins expérimentés aient une vision concrète de ce qu'elle cherche à exposer dans ses œuvres.

D'ailleurs, la miss Trudeau exprima son adoration pour les endroits comme celui dans lequel ils se trouvaient. Elle trouvait cela plus intime, du fait que les gens allaient et venaient uniquement pour un café et que les plus pressés partaient rapidement, tandis que les autres prenaient place avec leurs proches sans se soucier de gens autour. Elle n'était jamais dérangé et c'était aussi bien qu'à la maison, avec le plaisir de croiser des habitants de Lakeview que l'on ne verrait pas chez soit, avec chacun des particularités distinctes. En revanche, il était moins fréquent de rencontrer concrètement une personne et de discuter avec elle. Si l'étranger – dont elle ignorait toujours le nom, persuadé que lui connaissait le sien – n'était pas venu vers elle, il est certain que Samantha n'aurait jamais eut l'audace de déranger sa plénitude. Il s’étouffa légèrement en l'entendant parler et ça la fit sourire alors qu'elle prenait une bonne gorgée de sa boisson. Le jeune frisé n'avait pas pour habitude de venir au café, ne sortant que rarement semble-t-il. Elle comprenait ce mode de vie qui consiste à rester enfermé chez soit pour ne voir que de rares fois des amis ou de la famille. Il était comme un petit geek qui doit passer son temps à réviser, pensa la demoiselle en étant loin du compte. « Je fais un peu la même chose que toi, c'est marrant. Le monde extérieur est parfois si étrange ! Mais les chocolat de ce café donnent envie de sortie, de se retrouver. » Sans en avoir aucune idée, l'écrivain avait des paroles ambiguës, que l'inconnu pouvait interpréter à sa guise comme si elle avait voulu lui dire qu'elle était heureuse de le retrouver lui, alors qu'en réalité, elle parlait de manière générale. Mais quand on ne se trouve pas sur la même longueur d'onde, il est très compliqué de pouvoir envisagé que l'autre pense différemment. Ce qui rend la conversation encore plus drôle d'un point de vue extérieur.

Le jeune frisé lui demanda si elle écrivait souvent au café, paraissant apprécier les romans de la miss Trudeau. Celle-ci sourit de plus belle, profondément touché qu'il exprime ses lecture comme une « chance ». c'était adorable décidément ! « Merci, c'est adorable. » fit la brune à ce compliment, avant d'ajouté, en répondant à sa question première : « Oui, ça m'arrive, c'est un endroit plus vivant ! » Bien plus vivant, oui. On fait rarement plus vide que sa demeure, où ne passent que de rares personnes, comme sa nièce adorée, Sasha, avec qui elle aimait passé du temps. Elle était la seule chose qui illumine sa maison en temps normal, depuis qu'elle avait emménagé dans ce quartier.
Sur quoi elle travaillait en ce moment... Ça, c'était LA question ! Pour quelqu'un qui n'a rien publié depuis des années, il paraît dur de se remettre en selle avec un texte fort. « Et bien, j'essaie quelque chose d'un peu différent, dans un registre un peu différent de d'habitude. C'est bien de changer de temps à autre. C'est loin d'être terminé mais j'espère que ça plaira. » dit la jeune femme en rougissant légèrement, ne désirant pas décevoir ses lecteurs, encore moins après avoir entendu l'étranger parler avec cet émerveillement d'enfant au matin de Noël ! Si elle savait...

i bet you are writting
a book!

C'est adorable?

Matthias se posta inertie d'une moue probablement déconfite et déplorable à voir. Adorable... Les lèvres retroussées tel l'adolescent dégoûté par un devoir, les sourcils froncés dans l'incompréhension totale: patauge dans la figure qui ne sait quoi penser de tout cela. Tout cela... Enfin, de ces trois mots. Adorable?! En quoi la vingtaine était-elle adorable, peut-être sauf aux yeux d'une grand-mère? Non... Sa compagne n'était pas si vieille, tout de même. Alors qu'avait-elle à sortir cette expression? D'autant plus qu'il lui avait déjà dit, et que des millions de fois probablement elle avait vu ce chiffre sur son profil internet lors de leurs conversations en clavardage étincelant... Son regard patina sur la table et il se racla la gorge - fit preuve par la même occasion de sa gorge fumeuse et inévitablement apparente - et secoua ses bouclette pour oublier tout cela. Peut-être était-elle simplement aussi nerveuse que lui à cet instant et bégayait ses pensées avant de les entasser dans sa bouche. Fait qui serait étonnant, mais qu'il goba tout de même à défaut de ne vouloir davantage réfléchir et de concentrer plutôt son attention sur la belle à nouveau.

Hymne au chocolat et au café, raison de sortir et de bouffer l'air. Mignon, pensa-t-il tout en rattrapant sa langue qui se mordait de vouloir ajouter «Pas autant que la drogue et les fêtes!». Se retenir avec tact, le peu dont Matthias faisait preuve, celui d'un livreur de pizza qui perd sa vie en penaud entre les craques d'un sofa. Dires de fous, que de se faire expulser de la table et de la vie par un stéréotype de vrai perdant. Stéréotype, reflet trop réel: ce jeune homme était un vrai perdant. Sans l'ombre d'un doute. Et cette estime à caler qu'il abreuva d'une gorgée de chocolat-chaud pour la dissoudre de sa chaleur resta dans le creux de son ventre sans jamais paraître volontairement. Changement de songe. Deux casaniers, il jugea. Et sourit de plus belle.

L'écouta avec attention trésor. Il se doutait qu'elle passait beaucoup de temps sur son clavier, vu le nombre d'heures par jour qu'elle était connectée sur leur site de rencontre ou à des jeux coopératifs en ligne. Et de tous les scénarios qu'il s'était imaginé de la joli Emilie, pyjamas derrière son écran ou paresse avec croustille en bouche, jamais il n'avait pensé à la coiffée de charme coquet entre deux cafés sirotés par des inconnus. De quoi qu'on ne connaissait jamais réellement le partenaire de clavardage que lorsqu'on lui faisait face en bout de ligne. Quoi que Matthias l'ignorait bien; mais il ignorait encore tout de Emily et ne faisait que se gaver de mensonges... D'ailleurs, il avait guetté sa réaction à son toussotement maladroit lorsqu'elle avait fait allusion à de l'intimité, mais ne sembla trouver signe de quoi que ce soit sur son visage. Impossible de deviner le tournant de cette conversation. Impossible de dire qu'elle allait se terminer par le dévoilement d'une écrivaine célèbre élégante du bout des doigts devant le livreur de pizzas paresseux et stupide de premier rang.

Réponse à sa question: elle se dirigeait vers une nouvelle voie d'écriture. «Ah oui!» s'exclama-t-il d'un air intéressé. Et il l'était vraiment. Peut-être n'avait-il jamais terminé un roman de sa vie, mais toujours il avait eut admiration pour ceux étant capable d'en composer plusieurs. Il ne comprenait rien à la littérature, n'en savait pas plus grand chose. Mais les quelques lignes que Emily lui avait fait lire l'avait bien plut, dans les mesures qu'un stupide cancre pouvait y trouver le lucratif. Il réfléchit et creusa sa mémoire: des poèmes, des chansons, des lettres et des essais, quelques citations et des mémos. C'était tout ce qu'il avait lu de sa correspondante. Et lui, en piètre connaissance, pensa à quoi d'autre son inspiration pouvait-elle bien se porter. Puis, illumination. Il haussa les sourcils, et acclama gaiement:

Ne me dis pas que tu travailles sur un roman! rhétorique habituelle, joyeuse, banale et très commune.

Mais qui pouvait paraître carrément imbécile devant Trudeau, celle ayant laissé plus d'un roman derrière elle en sa carrière. Il la regarda, question au regard, de son air niais et enjoué. En creux de cœur, il savait la trouver incroyablement talentueuse de s'embarquer dans un tel projet. Mais entre toi et moi, il n'y avait rien de surprenant dans cette question puisqu'elle était posée à nul autre que Samantha.

©BoogyLou

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Samantha & Mathias
★★★★★★

C'était un moment agréable, quoiqu'un peu étrange en réalité. La demoiselle ne connaissait même as le nom de son interlocuteur et lui parlait avec une aisance remarquable compte-tenu de son habituel comportement. Mais le jeune homme était semble-t-il quelqu'un qui ne se pose pas autant de question qu'elle. Il en faut du cran pour aborder un auteur célèbre, même ici. Samantha savait bien de quoi elle parlait, même elle qui avait du renom n'osait pas aller vers certains écrivains qu'elle adorait et dont elle avait lu chaque livre. C'était intimidant, stressant et l'on se retrouve souvent très bête devant une idole. Mais lui non. Lui paraît très à l'aise devant la jeune femme, parlant comme s'il la connaissait depuis des années. Peut-être qu'il peut arriver qu'à force de voir et lire des choses sur la miss Trudeau, l'homme avait apprit assez de chose pour se sentir plus proche d'elle. Bien souvent on trouve des gens qui s'identifient aux personnages de romans, se sentent en phase avec ce qui est décrit, ou encore, en lisant la biographie de l'auteur se trouve touché par ses propos et tombe littéralement sous le charme de la personne. Samantha avait déjà eu affaire à ce genre de fan. Le fanatique type, celui qui vous suit dans la rue, qui vous envoie des fleurs avec des mots tendre, mais qui reste un psychopathe effrayant ! C'est à cette époque là que la jeune femme à prit un garde du corps, elle n'avait pas d'autres choix. Surtout qu'elle restait enfermé chez elle le plus clair de son temps et que bien des gens connaissaient son adresse. Elle ne comptait pas déménager, elle se sentait trop bien chez elle, avec tout ce qu'elle avait créer. Ce lieu l’inspirait. Alors elle avait repoussé les fanatiques à l'aide de son garde du corps et ça faisait un bout de temps qu'elle n'avait pas été embêtée.

Mais pour le moment, l'inconnu n'avait pas l'air d'être le genre de type qui vous suit le soir jusqu'à votre domicile. Un bon point pour lui et une sûreté pour elle. La conversation enchaîna le plus normalement du monde sur les projets de Samantha. La jeune femme livra qu'elle était en pleine écriture d'un nouveau livre qui serait différents des autres. L'auteur est habituée aux thrillers psychologiques traitant d'affaires bien particulières, s'inspirant de faits réels le plus souvent pour partir dans un point de vue bien spécifique. Quelque fois elle invente totalement, se plongeant dans un univers sombre, pleins de meurtres en séries, de gens psychotiques et tout ce qu'il peut y avoir de glauque. Autant dire que certains de ses romans sont très sombre et pour un public averti. Mais quelque fois la note est plus légères et des jeunes d'une vingtaine d'années s'intéressent à elle. Elle se fait l'effet d'être comme sa copine Amélie Nothomb, une auteur controversée, critiquée, mais adulée de tous. Elles ont de nombreux points communs et s'entendent très bien. Elles ont fait une conférence un jour ensemble, pour un prix littéraire. Charmante femme !

Le jeune homme de vingt-quatre ans, comme il l'avait signalé à la jeune femme, avait l'air surprit tout à coup. Au départ il avait parut intéressé par ce qu'elle disait, mais là il semblait s'interroger, l'admirer, mais sa phrase était étrangement formée. Elle en rit doucement. « Que voudrais-tu que j'écrive d'autres ! » sa question pouvait être considérée comme tout aussi rhétorique que son exclamation, mais tout de même, la demoiselle ne comprenait pas ce qu'il y avait de si particulier à ce qu'elle écrive un roman. C'était tout ce qu’elle avait toujours fait. Hormis les poèmes écrits au lycée et dont elle n'en avait que peu utilisés. Dans un de ses romans il y avait un de ses poèmes, qu'elle avait placé là comme une comptine d'enfant qu'un de ses personnages ne cessait de répéter. « Y'a-t-il quelque chose que j'ai écris qui te plaise plus qu'une autre ? Les critiques sont toujours bonnes à prendre. » fit la jeune femme, ne s'apercevant toujours pas de la supercherie. En même temps, elle ne connaissait ni Matthias, ni cette Emily, comment aurait-elle pu se douter qu'il y avait méprise alors que le jeune homme lui parlait d'écriture, de choses banales que n'importe qui aurait pu dire, se retrouvant submergé par le fait d'avoir devant lui un auteur à succès. Quand cela prendrait-il fin ? Aucune idée mais une fois le rideau tombé, ce serait drôle de comprendre l'énorme quiproquo.

there is a star
a sea star

Si seulement Matthias savait qu'il se trouvait de la grande Trudeau. L'écrivaine d'une chute de milliards de pages, de lettres infinis! Même l'illettré comprendrait l'effronterie d'aborder la tapeuse de clavier en plein travail, et jamais il n'aurait fait l'ose de s'introduire dans son moment au café. Même s'il avait lu ne serait-ce qu'un seul de ses romans ou qu'il était son plus grand fan.

Mais don terrible d'un Dieu moqueur du haut de ses nuages, peut-être sinon coïncidence terrible sur une ligne de karma qui se valait bien des vengeances et des joies, le livreur de pizzas ne se trouvait pas devant la célèbre plume, mais plutôt en face de Emily. Rage du devin de voir cette situation qui n'en finit plus, qui s'étire sur une innocence et une insouciance cocasse, presque titillante. Et enfin, quelque chose commença à clocher dans le dialogue. Du côté du frisé, du moins. Encore une réponse qui laissa son air pantois et un fond de mal aise en gorge. À ne savoir quoi répondre, à être embêté et confus. Que voulait-elle écrire d'autre..? Comme si elle avait oublié les dizaines poèmes, essais, nouvelles et articles amateurs! Se pouvait-il? La garçon but une autre gorgée de son chocolat-chaud; il achevait, il le sirota plutôt. Simagrées de conversations: tourne autour du réel et de l'étrange. Il adorait la compagnie de la jeune femme, mais ne savait trop ce qu'il devait en tirer d'entre ses paroles. Il ignora sa question, ingrat, et occupa plutôt ses lèvres à tremper le chocolat, continua l'écoute de l'auteure qu'il ignorait écrivaine.

Et encore une fois, pour effacer les brouillements, la supposée Emily posa sur table un prochain sujet à faire ballotter l'intérêt de son compagnon. Et sur sa question, il se lécha les babines et croisa les bras sur la table. Roula des yeux, réflexion burlesque qui était tout lui, gratta sa barbe qui était habituellement hirsute mais qui n'était pas cette journée. Et souvenir plongé fait, il sut exactement quoi répondre, bonheur aux lèvres:

Ton écrit que j'ai le plus aimé... c'est clairement ce poème qui parle d'un bateau, il débuta, se reprenant avec vivacité: Non! D'un vaisseau! Oui! C'est ça! Et ça parlait de... l'océan, des vagues... D'une étoile tombée du ciel devenue une étoile de mer ou je sais pas trop...

Matthias soupira, se sentit piètre. Bourdonnant d'une excitation gamine, les mots avaient beau quitter ses lèvres, ils s'entassaient sur le flou qu'il gardait en mémoire. Une de ses mains gratta sa nuque.

Arf... Désolé... J'ai pas vraiment une bonne mémoire. Mais je me souviens avoir vraiment aimé ce poème! C'est fou! Il m'en donnait des frissons, de ce que je comprenais en tout cas...

Maladresse enfantine, sujet qui n'était pas de ses habitudes. Une gêne rosa ses joues, de très peu, et il pencha le menton. Intellectuel à la trempette, rien de fascinant que son vocabulaire avait à déployer sur la poésie. Il se sentait stupide. D'autant plus qu'il avouait ces émotions que n'importe lequel de ses amis auraient pris en moquerie, lui le premier avec sa grande immaturité. Tout de même, c'était franc et spontané. Et l'important était que Emily comprendrait le point...

...si elle avait été en face de lui à cet instant.

©BoogyLou

Beauty and the Geek

Samantha & Mathias
★★★★★★

La supercherie continuait de plus belle, sans que ni l'un ni l'autre ne semble se douter d'une incohérence. Parler dans un café est une chose que n'importe qui ferait, que l'on prenne le courage de s'adresser à son auteur favoris ou non. Le fait de prendre place à une table, face à une demoiselle aussi belle et seule, rien de plus bateau. Samantha avait son petit côté solitaire, ne niant pas le fait qu'elle craignait les étrangers, s'ils étaient bizarres dans le sens dangereux du terme. Le jeune homme face à elle était des plus calme, un peu excité de la rencontre mais il n'avait rien d'effrayant, il n'était donc pas nécessaire de faire appel en douce à la sécurité. La brunette appréciait cette conversation. L'homme lui parlait d'écriture, son sujet favoris ! Quoi de plus normal lorsque l'on sait que la jeune femme est une auteur très célèbre !? Et pourtant, le jeune homme n'est pas sur la même longueur d'ondes. Lui pense parler à une toute autre personne, ne sachant même pas qui était Samantha en réalité. Sa familiarité ne déplaisait pas forcément à la demoiselle, mais elle ne se doutait en rien qu'elle n'était pas l'objet des fantasmes de Matthias. Dont elle ignorait le nom qui plus est ! Elle n'osait pas le lui demander pour l'instant, il semblait tellement heureux de parler, de découvrir l'auteur, qu'elle ne voulait pas couper cours de suite à ses attentes.

Miss Trudeau demanda à son voisin de table quel était son écrit préféré, à savoir surtout le livre qu'il avait préféré d'elle. Une question des plus simples lorsque l'on parle à un fan de bouquins, mais qui semblait bien plus dur pour le jeune homme. Il réfléchissait avec attention, comme si sa réponse pouvait froisser la demoiselle et la faire décamper. Il n'y avait rien de mal à aimer tel ou tel de ses œuvres, la jeune femme n'aimait pas forcément tous ses romans. Sur le coup du moins, elle n'est jamais fan de ses fins, mais les critiques aiment et son éditeur aussi, alors elle leur fait confiance et continu sur ce même registre, le seul qu'elle sache exploiter. Il est loin le temps où la belle brune était heureuse, souriante et écrivait des poèmes d'amour pour son petit-ami de l'époque ou inventait des comptines avec sa sœur, cherchant à se mettre à l'écriture de livres pour enfants, lorsqu'elle tomba enceinte. Mais tout ceci était bel et bien finit depuis qu'elle avait passé la vingtaine. Son enfant n'était plus, son fiancé l'avait quitté, la jugeant responsable et la jolie maison de Pineapple où elle vivait avec ses parents avait été remplacé par un hôpital psychiatrique où elle avait passé des mois et des mois, sans jamais parvenir à se résonner. Envolé le bonheur, place à la tristesse et aux textes plus sombres, aux Thrillers qui ne finissent pas toujours bien. Vivre sans famille à chouchouter pesait énormément sur les épaules de Samantha. Elle aurait tellement voulu plus...

Matthias parla de poème alors et cela intrigua l'écrivain. Elle avait écrit quelques poèmes dans son adolescence, mais jamais n'avait rien publié. Il n'y avait qu'un poème dans un de ses romans et celui-ci était bien plus gore qu'un bateau et des étoiles de mer. Sauf s'il avait fouillé sa résidence pour dénicher des poèmes qu'elle même avait oublié, cet homme était en réalité un fou dont elle se passerait bien de trouver dans sa vie... Elle laissa néanmoins Matthias terminer, pensant qu'il parlait peut-être de quelque chose d'autre, ayant confondu son nom avec celui d'une autre lorsqu'il avait chercher des informations sur internet. Ça arrive tout le temps que l'on prête un autre nom à un écrit, que l'on se permette de posé le nom de Samantha sur un texte que l'on aimerait rendre public.  Même si cela paraissait être ahurissant, tout pouvait arriver dans la vie. Mais la demoiselle n'était pas du genre à prendre la mouche, elle se chargerait simplement de signaler à son vis-à-vis qu'elle n'a pas écrit ce poème-ci.
Il rougit de ne pas se rappeler les paroles du poème, sa mémoire n'étant pas au mieux de sa forme. La jeune femme sourit tendrement, réellement attendrie par ce personnage. Elle posa un instant sa main sur celle de l'homme, se montrant compatissante. « Ne t'en fais pas, ça arrive de ne pas se rappeler. Je n'ai pas écris de poèmes depuis longtemps, mais le prochain qui me viendra à l'esprit, je te le dédicacerais sur ma page. » dit miss Trudeau, cherchant à rassurer le jeune homme, qui comprendrait certainement qu'elle n'était pas son Emily, qui devait écrire plus de poèmes que de livres et bien plus souvent qu'elle. « Et dans mes histoires, est-ce que tu parviens à t'identifier à un personnage ? Ce n'est peut-être pas la question la plus facile, mais j'aime bien apprendre à connaître les gens au travers de certaines anecdotes. J'ai créé un personnage autour d'un ami rencontré il y a des années et qui m'a inspiré, j'aime les rencontres de ce genre. » fit-elle, pensant à son ami Tyee dont elle aimait les critiques et conseils en tout genre. Un homme vraiment adorable. Et si grand ! Mon dieu ! Ça lui plaisait de parler de lui, il faudrait qu'elle l'appelle pour lui dire qu'elle a un nouveau projet ! Mais est-ce que Matthias saura répondre à sa question, ou les deux jeunes gens se rendront-ils compte qu'il ne s'agit de rien de plus qu'une supercherie d'une grosseur si énorme que l'on aurait du se rendre compte du malentendu depuis les premiers mots échangés ?

HJ:

© BOOGYLOU.

The Beauty and the Geek

What..? What the shit?

La jeune femme posa une main sur la sienne, alors qu'il se désemparait dans les rougeurs de ses pommettes. Il avait souvent voulut être cet intellectuel et posé esprit qui saurait nourrir celui d'une compagne ou d'une bonne amie, ne serait-ce... Mais jamais il n'en parviendrait de tels, exploits en son sens, et plus encore. Il rougit encore, peut-être plutôt de cette attention si fine qu'on lui avait rarement fait cette dizaine d'années passées. Et puis elle dit le buttoir.

Matthias plissa le regard et pencha sa tête sur le côté. Ses sourcils froncis donnèrent à son regard ce questionnement biaisé et loufoque, pincement de lèvres de se retenir de projet en l'air une quelconque folie du moment. Elle? Ne pas avoir écrit de poème depuis bien longtemps? Et le charme de cette dédicace fut engloutit dans le beurre de cet affolement en crâne. Cette soit-disant Emily avait la mémoire bien loin... Non, elle délirait carrément. Celle qui lui avait écrit que la poésie était son art de vivre n'avait aucun droit, aucune parole pour ce genre de fait. Cela ne faisait pas longtemps qu'elle avait écrit de strophes; la veille-même elle lui avait fait lire un! Matthias se redressa, lentement, le scepticisme au visage, et tout ce doute creux et pesant qu'il y transportait. Et bien paisiblement, il glissa sa main sous celle de la jeune femme, parce qu'il ne savait plus vraiment. Plus s'il avait à faire à la personne qu'il croyait. Plus s'il s'agissait vraiment de Emily à qui il parlait depuis un bon quart d'heure déjà.

Il ouvrit la bouche, les traits froissés carrément par la confusion, mais rien n'y sortit. Et elle ajouta une question qui cassa tout en sa cervelle de mioche. Des personnages... S'identifier à un personnage... Jamais, des nombreux poèmes qu'elle eut put lui faire lire, il n'y avait eut de personnages à nommer concrètement. Encore moins de personnalité à qui s'identifier. Il resta statue, gueule entrouverte à n'émettre aucune parole. Comme une statue indécise et troublé, qui réalise la catastrophe à une vitesse folle derrière ces yeux qui fixent sans réaction. Et il l'observa intensément, mâcha trois milles bonnes fois leur rencontre et conversation en tête. Fixa ses yeux - des noisettes. Son interlocutrice avait des yeux bruns. Sa correspondante n'avait-elle pas déjà dit les avoir verts?

Et il eut un éboulement. Drastique et sauvage, qui dégringola de sa tête de linotte, arracha son aorte furibonde au passage et tomba en brique douloureuse dans son estomac. Sa manière de parler, son physique détaillé, ses œuvres... Ce n'était pas Emily. Ses lèvres remuèrent, mais que quelques bégaiements murmures y sortirent. Il fit regard sur le côté, d'un air désemparé totalement, comme un gamin qui essaie de fuir une mauvaise situation d'un quelconque moyen. En fait, il examinait le café très subtilement - se croyait-il - s'il n'y avait pas une autre brunette solitaire dans les parages. Il y en avait deux autres. Coïncidence qui ne le surprit pas, non, qui le mit K.O. Et attention reportée sur l'écrivaine professionnelle, il la contempla encore, ayant reculé sur sa chaise, et il leva un doigt pour la pointé d'un air incertain comme le font les indécis pour désigner le visé. Il hocha un peu de la tête, totalement mêlé, et finit par dire bien abruptement de sa rauque voix:

Yo... T'es pas Emily, toi, hein?

Silence mal aise. Immobilité de marbre. Confusion et froid. Parce qu'il connaissait déjà la réponse.

HRP:

Nouveau message

Expéditeur: Unknown
Destinataire: Samantha G. Trudeau
Message reçu, aujourd'hui.

Il en aura mis du temps tu ne trouves pas ? Mais j'espère que tu es prête à continuer ce petit jeu, j'ai beaucoup parié sur toi. Tu es Emily, pour la journée. Tiens le pari et ta soeur ne saura jamais ce qui te ronge depuis toutes ses années. -W

Beauty and the Geek

Samantha & Mathias
★★★★★★

La conversation avait prit une drôle de tournure concernant l'art de l'auteur. Tous deux parlaient de poèmes, d'écrits, de textes et Samantha était toujours persuadée que le jeune homme assit face à elle était un de ses fans. Un grand fan à en jugé par l'excitation qui émanait de lui rien qu'à pouvoir lui adresser la parole. Elle ne se doutait pas que Matthias était surtout plus qu'heureux de rencontrer une toute autre jeune femme, que la belle brune n'était pas. Elle ne savait pas le nom de ce jeune homme, elle n'avait pas forcément prit le temps de le lui demander et c'est de là qu'est né le quiproquo. La demoiselle parlait, lui posant tout un tas de questions sur ses œuvres et lui répondait en disant avoir aimé beaucoup de ses écrits.
Mais le masque était en train de tomber. Miss Trudeau était heureuse et surprise que le jeune homme ait trouvé sur internet des poèmes qu'elle avait écrit des années auparavant, elle se disait qu'il était réellement un grand fan pour avoir cherché partout pour pouvoir lire des textes dont elle-même avait du mal à se souvenir. Elle avait tellement écrit, depuis tant d'années, qu'elle n'aurait su dire tout ce qui avait été traité comme sujet. Plus jeune, elle écrivait beaucoup de poèmes d'amour, elle était alors en plein bonheur avec son petit-ami de l'époque. Elle se construisait en chanson, le cœur gaie, la vie devant elle. Jamais elle ne se serait vu écrire des livres aussi glauques et morbides qu'elle le faisait maintenant. La nouvelle de ses fiançailles avec son Jim était quelque chose qu'elle avait toujours en tête, mais qui s'étiolait de plus en plus. Elle avait dix-huit ans lorsqu'elle s'était fiancée à ce homme. Elle tomba enceinte à peu près en même temps. Mais malheureusement tout ne s'est pas bien passé. Elle perdit tout ce jour là... son futur mari et sa petite fille. À peine sortit de l’œuf, le bébé ne respirait déjà plus. Samantha s'est toujours sentie coupable de cette mort, de cette rupture. Elle a fait du mal et se fait du mal depuis des années déjà.

Et depuis ce temps là, la mort à envahit son quotidien, écrivant sur le sujet qu'elle connaît le mieux, espérant comme retrouver un peu de bonheur lorsqu'elle écrit la fin de ses livres et que l'enfant est retrouvé. Mais bien des fois, elle a changé la fin, se demandant si une mort ne serait pas mieux. Dans Ma fille a disparu par hasard la petite fille avait bien faillit subir un tout autre sort. Elle avait épargné sa vie car à ce moment là, on lui avait donner un peu de  bonheur. Sasha lui avait dit de laisser la fin ainsi, de ne pas être trop cruel pour ne pas que le lecteur ne soit traumatisé. Tyee lui avait dit la même chose, n’aimant pas forcément voir l'histoire se terminer comme ça, aussi brutalement. Il fallait bien un peu de bonheur dans la vie. Sous médicaments, Samantha se sentait moins lugubre, bien que ce ne soit que chimique. Il ne faut pas trop jouer et les quelques fois où elle ne prend pas son traitement, elle se sent mal mais au moins elle ressent. Elle peut écrire.

La tournure des événements fut un peu étrange. Son voisin de table avait changé d'expression faciale. Il n'était plus aussi joyeux, comme prit d'un doute immense. Il ne savait plus. Il semblait troublé... ce n'est que quelques secondes – très longues – qu'il s'exclama alors : « Yo... T'es pas Emily, toi, hein ? » Le ton qu'il avait employé était déconcertant, à tel point que Samantha ne savait pas quoi dire. Elle venait de comprendre qu'il y avait méprise sur la personne. Elle ne savait pas comment le prendre, si elle devait être vexée qu'il ne la connaisse pas ou bien qu'il ne soit pas capable de reconnaître l'amie qu'il est venu voir... « Je... » commença Samantha alors que son portable sonna. La demoiselle baissa les yeux sur l'appareil et découvrit qu'un message d'un expéditeur inconnu venait d'arriver. D'un coup de doigt, elle ouvrit le message et eut la surprise de découvrir W. cela faisait un moment qu'elle n'avait pas eu de texto de sa part, ne sortant pas il ou elle n'avait certainement rien à lui dire. Et la seule chose qu'il avait trouvé pour la faire culpabiliser fut de lui annoncer qu'elle devait se faire passer pour Emily sous peine que W parle à Erika de quelque chose qui s'est passé il y a des années de ça... Le cœur de Samantha s'accéléra alors, sachant très bien de quoi il s'agissait. Ele avait fait quelque chose de très mal, et craignait que sa sœur ne l'apprenne. Erika et elle ne s'entendaient pas forcément bien mais il ne fallait pas qu'elle apprenne quelque chose ! Si le prix à payer était de se payer la tête d'un type qu'elle ne connaît pas, qu'à cela ne tienne ! Elle le ferait. Après tout, elle était auteur, elle savait mettre en situation des personnages, elle serait donc ce personnage. Cette Emily qui écrivait des poèmes.

« Euh, excuse moi. Je ne comprends pas... Pourquoi dis-tu que je ne suis pas Emily ? … C'est  à cause des poèmes ? Tu sais, j'ai des périodes où j'aime faire des poèmes, d'autres des histoires, des résumés. Tu ne te souviens pas de ce que j'ai écrit sur cet océan mais moi si. Les océans d'étoiles qui baignent notre âme d'une lumière sereine. Je n'suis pas du genre à usurper l'identité des gens, tu me connais pourtant... » Elle ne savait pas si ça passerait, mais elle faisait de son mieux. Si W lui avait donné des informations sur cette Emily, elle aurait pu être un peu plus crédible mais ce n'était qu'un début et elle espérait vraiment que Matthias ne se souvienne pas assez de ce poème pour dire que les vers n'étaient pas ceux là...

HJ:

© BOOGYLOU.

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. . .

Et du doute qui rasait tous les malaises, un silence, pointu et décoloré. Qui ne dura que quelques secondes sur l’aiguille paresseuse du cadran assorti de à ce petit café, mais siècle de soupirs sur le pouls jeune Matthias. Qui s’écorcha brutalement à voir sur le visage de la supposée Emily qui, elle aussi, réciproque hésitation, pataugeait l’embarras poignant.

Alors le livreur de pizzas s’affala sur le sol. Point littéralement, il sentit plutôt son corps lui lâcher. Quelle merde venait-il de faire encore?! Mais sur sa chaise, son tronc, son cou, restèrent immobiles. Qu’un visage aux yeux plissés derrière ses lunettes, et une main qui vint détruire l’effort de trois minutes dans ses cheveux bien peignés. Elle ne lui répondit d’abord que de la cinquième lettre de l’alphabet et observa son cellulaire qui sonna tout juste pour étaler sur le rouleau compresseur interminable le temps de réponse. Matthias se sentait victime d’un jeu télévisé où l’animateur faisait patienter les auditeurs et les joueurs du verdict de la question numéro neuf. Mais cette fois, le jeune savait déjà que la réponse à sa question serait désastreuse…

Et simplement pour contredire le pauvre, ce fut une totale aberrance d’une situation et ses hôtes, comme si l’évidence loupée était une insulte. Elle vint tout bâtir ce passé qui avait déjà été construit de clavardage et courriels certaines fois plus profonds que d’autres, et surpris, étrangement, Matthias, avant de le soulager : il n’y avait pas Emily dans ce langage. Mais le naïf, sans avoir à vous le cacher, raisonnait plutôt bien, se demandait pourquoi ce ne serait pas son amie du net devant lui. Pourquoi serait-ce une usurpatrice? Même si elle n’avait pas ses mots, rien ne prouvait qu’il ne s’agisse pas d’elle. Le verbal et l’écrit étaient deux formes de communication si distinctes qu’elles rendaient l’une vulgaire et l’autre chef-d’œuvre avec un peu d’effort… Cet embarras poignant, au final, n’était peut-être d’entendre sa question. Matthias s’en persuada. Tomba plein nez dans le panneau de l’irrésistible W. La belle devant lui devint donc Emily. Pour de bon, je veux dire.

Autrement, il se serait effondré sur sa chaise dans une exhalation plus qu’exagérée. Il aurait rit comme un fou, ou aurait reprit avec sursaut le cours de son breuvage bien naturellement. Mais les mots qu’elle avait employés n’avaient sut que le désarçonner. Alors, supposons qu’il s’agisse bien d’Emily – car, soyons réaliste, il ne pouvait s’agir que d’elle dans le crâne du frisé – il ne l’avait jamais imaginé ainsi. Elle émanait quelque chose de totalement différent, du moins, de par l’écran d’un ordinateur ou d’un cellulaire. Bien qu’il ne soit pas déçu, il était surpris. Et restait en suspend sur le fil de fer de la deuxième rencontre d’une personne qu’on avait pu autrefois appeler «ami».

Elle lui parla de ses poèmes, de ses écrits. Surtout, ce que l’homme avala, d’usurpation et de ce qu’elle n’était pas. Sur ce, son corps se décrispa et il fronça légèrement les sourcils. Sa main alla frotter sa bouche, il accrocha son regard dans le vide. Il ne savait trop quoi répondre à cela, sinon bien mollement :

M’ouais… J’imagine…

Parce qu’il n’était pas pour la contredire sur ce qu’elle disait être, sur ce qu’elle était réellement et sur ce qu’elle eut été à l’ordinateur. Et le scepticisme le laissa sans voix, encore, comme si il n’y avait plus rien à dire ou à faire dès lors. En fait, il réfléchissait toujours, et mâchouillait le tout avec ce qu’il y avait dans sa tête de linotte. Au final, ce fut la serveuse qui vola sa tasse vide qui le tira au crochet hors de tout ce qu’il gobait… Ou peut-être ne le gobait-il pas tout à fait? Sornettes! Il remercia la jeune femme au tablier et demanda deuxième portion de ce nectar sucré qui lui avait avalé des gorgées belles et jolies jusqu’à maintenant. Et en toute politesse spontanée, il demanda à celle qui était Emily, sourire discret en coin de bouche :

Tu veux quelque chose… d’autre que ton café? Je t’offre un truc…

Un truc qu’il espérait ne pas être l’artillerie de crème fouetté sur red velvet onctueux jusqu’à la cenne près. C’est qu’il était riche en gentillesse et bien appauvrit en portefeuille… Mais plutôt que de ce tourmenter (après tout, ça ne valait rien d’exister si ce n’était de vivre au jour le jour!) il mit l’accroc sur ce qu’elle lui eut dit plus tôt dès qu’elle eut donné une réponse à sa proposition. Enfin, pour passer un beau moment, Matthias était mieux de faire discussion plutôt que de se froisser jusqu’à la velléité. D’un air plus emballé, il lança :

Des histoires..? Des résumés..? Ne me dit pas que tu t’es enfin décidé à écrire un roman?! Je savais que j’arriverais à te convaincre! C’est quoi le sujet?

Et il désigna l’ordinateur entre eux deux du menton. Comme s’il devinait son contenu actuel. Croisa les bras. Se pencha un peu plus sur la table vers elle, presque dans le ton de la confidence. Bien émerveillé. Visiblement intéressé. Curieux, par-dessus tout, et envieux d’être privilégié de quelques paragraphes. Ce qu’il pouvait sauter aux conclusions rapidement…

Beauty and the Geek

Samantha & Mathias
★★★★★★

Ça n'allait pas passer, elle en était certaine, c'était perdu d'avance et tout ses secrets s'envoleraient d'ici quelques minutes... La belle Samantha ignorait tout de son voisin de table, ignorait même qui était cette Émilie pour qui elle devait se faire passer. La brunette n'est pas une grande fan de ces gens qui usurpe l'identité des autres, trouvant ainsi du confort et une vie plus intéressante, elle ne l'a jamais fait et n'aurait jamais cru le faire un jour. Elle a des principes mais tout s'évapore dès qu’il s'agit des secrets de famille. Tout ce qu'il se passe dans la famille Trudeau-Savannah se doit de rester secret, la belle ne supporterait pas de se voir rejeter par sa sœur, de perdre ses nièces et tout cet amour qui les lit. Alors elle affirma être Émilie, scandalisée que son interlocuteur ait un doute sur son identité. Samantha est une bonne actrice, elle a longtemps participer à des cours de théâtre, bien que son art premier fut l'écriture. La diversification était importante à ses yeux avant de perdre tout goût à la vie. Et voilà que cela servait, avec le peu qu'elle savait de la jeune femme que venait voir ce frisé, la belle entrait dans son personnage. Heureusement que Émilie écrivait elle aussi et n'était pas une chanteuse de hard rock ou une toxico en manque, elle aurait eu plus de mal. Se mettre dans certaines situations ne lui plaît pas, souvent épiée par des paparazzis elle ne peut se permettre de jouer à quelque jeu dangereux pour sa réputation.

Matthias semble se laisser convaincre, ne cherchant pas plus loin. Il aurait pu lui en demander plus, chercher la petite bête, mais ne le fit pas et la belle lui en était reconnaissante. Il allait falloir se remémorer toutes les précédentes phrases, depuis l’arrivée de l'homme, afin de se placer dans le bon contexte pour la suite. Elle réfléchit un long moment, profitant de l'intrusion de la serveuse pour passer la scène de leur rencontre au crible depuis le début. Elle ne releva les yeux que lorsque le jeune homme lui proposa de lui offrir quelque chose à boire. « Oh, oui. Pourquoi pas, c'est gentil. Je vais prendre comme toi. » fit-elle en souriant. On ne peut pas se tromper en choisissant quelque chose que l'autre aime, ça ne rend la situation que plus normale. Enfin, aux yeux de l'auteur.

Le sujet que décida d'aborder Matthias fut l'écriture, ce qui réconforta légèrement sa voisine de table. Elle était plus apte à parler de ça que de jeux vidéos ou n'importe quoi d'autre touchant à l'informatique. À part écrire, la belle brune ne faisait rien d'autre sur son ordinateur. Alors son sourire se fit plus doux, plus intéressé lorsque les yeux de l'homme se posèrent sur son ordinateur. Samantha, ou plutôt Émilie, rougit légèrement, jouant parfaitement la comédie. « Oui, tu as une force de persuasion plus grande que ma volonté il faut croire ! » fit la belle. « J'avais envie de quelque chose de fort pour commencer, une sorte d'aventure. Je n'sais pas ce que ça donnera, mais ça m'amuse bien. »

Le jeune homme était tout près et elle s'était rapproché également, se montrant amicale et familière face à cet homme qu'elle était sensé connaître depuis longtemps. « Je n'ai pas encore de nom pour mon héros, tu aurais pas une idée ? » demanda la brunette à son « ami », feignant un sourire malicieux. Le stress était présent mais l'écrivain faisait tout pour contrôler son rythme cardiaque et ne pas trahir le mensonge qu'elle était forcé de continuer...

© BOOGYLOU.

the beauty
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Heureux présage d'entente à parfait que de se faire répondre à l'offre d'un petit quelque chose à boire. Par la même commande. Quelque chose qui ne ruinerait pas son porte-feuille. Bien. Sur un sourire de Matthias que la serveuse qui n'avait rien à voir dans le décor fila dans les cuisines. Qu'elle déguerpisse. Voilà, c'est mieux ainsi.

Regard jovial et enfantin sur une jeune femme qui souriait comme la belle qu'elle était. L'écriture avait toujours été un terrain sans mine ou embroche pour Emily. Un terrain de confort et de gentillesse, de douceur et de compréhension. Tout pour donner la fascination à la parole du garçon et l'étoile au cœur. Une admiration, sans doute, que de prendre la conversation d'une écrivaine aussi amateur soit-elle. Lui qui vivait que de pauvre culture ne pouvait qu'applaudir le travail d'un génie de telle. Si seulement il avait sut qu'il était devant Samantha Trudeau - et si seulement il avait sut qui Samantha Trudeau était sur la reliure d'un roman!

Et air qui se garda aussi rose et qui malmena une fierté faussement caché sur ses lèvres en demi-lune. Cleveland croyait dur comme fer qu'il avait réussit à pousser la plume de son amie de l'internet sur un livre à centaine de pages. C'est ce que son interlocutrice lui disait, après tout. Et alors il jubila en gamin à s'imaginer les premières de ce bouquin. Peut-être n'aurait-il jamais le courage de le lire jusqu'à l'épilogue, et encore espérait-il pour Emily qu'il fasse première sur les tablettes de librairies... Lui, avoir convaincu la prochaine écrivaine de son temps à composer la grande histoire! Il se voyait déjà prometteur, mais était tout simplement fou. Probablement le rêve des écrivains amateurs. Qu'il en ajouta de vive voix:

Ah mais c'est trop cool! Je sais pas si tu comptes le faire... amener à un truc d'édition ou je sais pas quoi... Mais ça serait vraiment cool! ça doit être génial que de vendre une copie de son propre livre avec son nom dessus et tout!

Vocabulaire puérile pour dire l'impertinent, évidemment. Surtout devant Samantha qui avait déjà vendu grand nombre d'exemplaires. Qui connaissait déjà le sentiment de recevoir le dollars pour ses lignes. Et elle continua pour encore plus l'impression et le captiver: une aventure. Comme n'importe quel lecteur en devenir trouverait alléchant, sans doute. Une aventure? Le frisé pensa à un roman médiéval, tout d'abord. Mais se rectifia en pensant qu'Emily n'irait sûrement pas dans ces zones de dragons et magiciens qui n'avaient rien à voir avec son pinceau de strophes unique. Il était loin du compte de Samantha aussi il faut dire. Alors l'idée resta en blanc. Tout ce qu'il pouvait en psner ou imaginer était que cela «amuserait bien la brunette».

Maintenant, les deux étaient légèrement penché vers la table. Comme de vieux amis qui font la conversation d'un été de feuilles tombées. Peut-être était-ce ce qu'ils étaient, après tout, pensa Matthias. À s'être parlé indéfiniment sur le net, il avait découvert une pelure l'un à l'autre jusqu'à l'amitié sincère peut-être... Il est vrai que la rencontre avait déboulé d'un début assez louche et tremblant - voir ballottant ou traînant de la patte. Mais pour deux connaissances qui n'avaient que clavardé, ils s'en tiraient plutôt bien! Du moins, le scepticisme n'était plus de la partie pour le livreur de pizzas. Et le curieux en profita pour faire sourire mignon à vouloir faire cracher à Emily les chocolats de son roman qui n'était encore qu'une surprise. Et mieux encore, elle lui demanda son avis. Pour l'élément crucial qu'était le prénom de son personnage. Bien mal en point, c'est des sourcils et une bouche froissés et tordus d'embêtement qui répondirent à l'écrivaine. Il n'avait pas plus d'imagination qu'une roche trouée, selon lui, et pas plus de connaissance en la matière. Et bien que le petit sourire qui lui donna fil à retordre à déchiffrer qu'elle lui donna l'incitait à pousser sa réflexion, il ne sut lui donner de réponse. Non, il lui demanda plutôt:

Bah... Je sais pas... D'abord faudrait que tu me dises un peu sur le personnage en question, non? Il vient de où? Il fait quoi dans la vie? Dans quoi il se fout les pieds? Tu vois?

Il dit en grimaçant de ne trop savoir quoi dire d'autre. En espérant que cela lui donne l'idée. Car, au dessus de vouloir bien aider son amie, il ne voulait certainement pas qu'elle le prenne pour un taré qui ne sait même trouver un nom pour un personnage. Puis il haussa les sourcils et se rattrapa à faire bégayer le bout de sa voix:

Mais-mais-mais si tu ne veux pas rien me dévoiler sur ton roman, je vais comprendre, hein!

Il cligna des yeux et je vous jure qu'il eut dit cette phrase d'un air qui criait: je veux tout savoir! je veux tout savoir maintenant!

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Samantha & Mathias
★★★★★★

La situation était toujours aussi gênant, d'autant plus que le jeune homme offrait un chocolat à sa voisine de table. La brune n'avait pas d'autre choix que de se faire passer pour cette Emily, alors que la jeune femme était peut-être non loin d'eux, à attendre le frisé. Elle n'osait cependant pas regarder le café, des fois que la vraie Emily soit là. Elle ne voulait pas croiser ses yeux bien que sa présence l'aiderait à comprendre qui elle était et ce qu'elle faisait dans la vie, afin d'être mieux dans la peau du personnage. Pourquoi W voulait-il qu'elle garde cette identité, risquant de faire souffrir le jeune homme, alors qu'elle aurait pu tout simplement lui dire qu'il s'était trompé et en rire un moment avant de reprendre le cours de sa vie ? L'un comme l'autre risquait gros, mais elle n'avait pas le choix et Emily elle devint, avec le peu d'informations qu'elle possédait.
Fort heureusement, les deux femmes avaient une passion commune, l'écriture, et ce fut plus aisé de mentir sur son identité. Matthias, dont elle ignorait toujours le nom, était fasciné par le fait qu'elle se lance dans l'écriture d'un roman, quelque chose de concret et de fort, passant au niveau supérieur. Samantha n'aura aucun mal à parler de son livre, de plus si l'inconnu ignore l'auteur renommée qu'elle est, ce sera plus facile. Personne ne pouvait détruire sa couverture hormis W.

Tout heureux d'être au courant d'un énorme projet, le frisé demanda si son amie comptait proposer l'ouvrage à une maison d'édition. Emily avait l'aire d'être une jeune femme discrète et modeste, tout comme elle, la réponse ne faisait pas un pli. « Et bien... Je n'en suis qu'au début, je ne sais pas si ça sera digne d'être publié. J'hésite, c'est une nouveauté pour moi, tu sais. Peut-être... » balbutiait la demoiselle, feignant l'incertitude alors qu'elle publiait ses œuvres depuis l'âge de vingt-deux ans. « Si je le fais, tu me soutiendras ? Je pense que j'aurais besoin d'un ami pour ne pas reculer. » D'accord, c'est un peu cruel que de lui faire penser à une proximité certaine entre eux alors qu'elle n'est pas la personne qu'il est venu voir, mais Emily avait l'air d'être une personne ouverte et elle ne pouvait pas exprimer sa réelle pensée depuis le texto de W, des fois qu'il écoute pour s'assurer de l’exécution.
Le frisé avait un drôle de langage, on le sentait peu adapté à cet univers littéraire qui est celui de la brune. Il ne doit peut-être pas lire autre chose que des articles sur les derniers logiciels sortis ou les jeux internet. Il fait très geek mais ça ne déplaît pas à la demoiselle qui trouve touchant cette façon qu'il a de s'exprimer. Elle ne eut s'empêcher de lui sourire, culpabilisant tout autant de son comportement. C'est puérile que de se laisser dicter sa conduite par un numéro inconnu dans son téléphone ! Pourquoi écoute-t-elle ce W en réalité ? Sait-il vraiment ce que la jeune femme cache à son aînée ? Prendre des risques à toujours été la faiblesse de Samantha, après tout écrire un roman n'est jamais acquis, on risque de se planter en beauté. Mais elle écrit, elle publie et ses lecteurs l'aiment pour ce qu'elle fait. Elle se risque à divers registres, elle essaie. Mais quand il s'agit d'Erika, elle n'ose pas, elle ne veut pas perdre la complicité qu'elles ont quelque peu retrouvé depuis ces années.

Alors elle poursuit sa quête d'informations sur la jeune Emily, cherchant un nom de personnage pour le livre en cours. Cela l'aiderait tout autant qu'il manque encore une pièce du puzzle à l'auteur. Matthias pose beaucoup de questions, toutes intéressantes malgré son ignorance. Il est gentil, poli. Samantha baisse un instant les yeux, ne sachant si elle devait dévoiler une partie de son texte. « Mais..Mais...Mais si tu ne veux rien me dévoiler sur ton roman, je vais comprendre, hein ! » s'empressa d'ajouter le frisé à lunettes. « Oh pour ces petits détails, je pense que tu peux être de la confidence. Mais le reste, je le garde jusqu’à ce que j'en écrive plus. » répondit miss Trudeau Emily. « L'idée est que le personnage principal est originaire d'une petite ville sans histoires, dans le Nord du pays. Il est professeur en mathématiques. Pour l'intrigue, il s'agirait de résoudre une disparition... d'un proche de ce personnage. Mais je ne peux en dire plus. » fit la demoiselle le plus naturellement du monde, toujours penchée vers son ami, se surprenant à lui lancer des yeux de biche. « Penses-tu que je pourrais utiliser ton prénom pour un gars comme ça ? » demande Samantha, espérant ainsi avoir le nom du jeune homme. Il est vrai qu'ils sont sensés se connaître depuis quelques temps, mais sans avoir l'identité de l'homme, elle ne peut rien faire... Peut-être aura-t-il l'idée de laisser échapper son prénom, du style « comment ? Tu veux l'appeler Kevin ? » ou toute autre chose qui pourrait contenir le prénom de l'homme. Par pitié ! Ce serait lui faciliter la tâche que de savoir comment nommer son interlocuteur. Ce serait la moindre des choses pour être une meilleure Emily. Elle pourrait aisément changer de sujet par la suite.

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Autre détail qui ne l'empêcha pas de croire pour autant qu'Emily se tenait devant lui: il n'aurait jamais imaginé cette rencontre, cent fois proposée par son esprit avant, de cette manière. Il croyait qu'il en serait davantage de faire connaissance et non d'établir le parfum du schéma actanciel de son futur roman. D'abord il ne savait même pas c'était quoi un schéma actanciel.

Mais il n'en était pas moins déçu et buvait sa seconde tasse de chocolat chaud, jumelle à le faire gazouiller en face de lui, avec une chaleur au ventre qui n'était que confortable en travers des centaines de conversations qu'il avait eut avec son amie clavardeuse. Celle-ci lui répondit avec l'hésitation d'une jeune écrivaine qui embarque dans un livre à grandes pages pour la première fois et qui ne sait trop si la publication sera chose faite. Bien normal. Elle n'avait l'expérience faite et peut-être pas l'idée conçue pour la chose. Après tout, elle n'avait jamais publié de tomes, surtout pas en grande quantité depuis sa vingtaine! Il lui sembla réponse toute plausible et Matthias se fit une fois de plus moustache de chocolat qu'il essuya de sa serviette de table. Et sur la question qu'elle lui relança, il haussa les sourcils presque en étonnement. Alors qu'il s'essuyait toujours le bec. Avait-elle douté de sa confiance et de son aide via l'ordinateur? Ou voulait-elle simplement en être pleinement certaine?

Oui! Oui bien sûre que je vais te soutenir, voyons! Peu importe! Jusqu'au bout à tous prix! Je souhaite vraiment pour toi que ce projet va aboutir!

Il termina sur un sourire innocent. «Peu importe» et «jusqu'au bout à tous prix» n'étaient pas des mensonges. Mais s'il avait sut... Loin de se douter d'une manigance du -W qui, pourtant, devrait être pour lui une frayeur à chaque coin de rue, ce fut l'enthousiasme que de tenter, en curieux, d'apprendre davantage sur son histoire. Et bien heureux il fut d'apprendre qu'il pourrait être de confiance au dévoilement de ce qui restait possible à compter des minces lignes déjà écrites de son tout premier réel roman. Le livreur de pizzas sourit en grand gamin et, deux mains sur sa chaude tasse, il se pencha pour mieux entendre son amie lui raconter les secrets d'un roman en construction.

Matthias fut bien naturellement emballé par l'idée de l'écrit. L'histoire semblait le genre de lecture qui nous empêche de dormir la nuit parce qu'on est gobé par les mots à lire ou parce qu'on fouille la réponse en nos méninges. C'était bien! Vendeur et prometteur. Ce fut ce qu'il en déduit des quelques miettes qu'elle lui donna, bien que ce ne soit de son registre d'en juger, il en était bien conscient. Bien sûre qu'il lirait le roman de son amie, mais avec tout la force qu'on s'accorderait à lui donner. Sinon, il se perdrait.

Ça me semble génial comme idée! Non, ne m'en dit pas plus! Je veux découvrir par moi-même!

Bien sûre, comme n'importe quel lecteur qui veut garder la fin en surprise! Sauf que Matthias n'était pas un lecteur. Et il espéra seulement qu'Emily ne devine pas qu'il en serait d'un effort considérable pour lui de lire un roman entier, surtout à caractère policier ou de suspense. Par chance qu'il ne pouvait perdre la face à Samantha qui ne savait qu'il n'avait jamais terminé un bouquin de sa vie... ou le flairait-elle?

Et vint la question lancé par l'écrivaine - la vraie - à savoir si le nom de Matthias pourrait être employé pour son personnage. Le livreur de pizzas en parut encore une fois surpris, souriant, surtout. Il n'avait aucune idée de la stratégie de Samantha qui était de mettre le doigt sur une piste menant à son patronyme. Oh! je lui aurais bien donné, la pauvre! À savoir si Matthias en sera de ce même élan:

Euh... Je sais pas, mon nom a jamais été pris pour le personnage d'un roman, il plaisanta, et rit. Mais t'es sérieuse? Mon prénom pour un professeur de math' qui résout une enquête? J'en douterais fort... Mon père a choisit mon prénom à cause d'un joueur de football américain alors...

Il grimaça en grand pardon. Parce qu'il était réellement navré de ne pouvoir prêter son prénom à ce personnage. Parce qu'il le pensait vraiment. Il se gratta la tête et se risqua:

Mais je t'ai jamais dit... Mon deuxième prénom c'est Philip. Ouais, c'est ringard pour un type comme moi... Mais peut-être ça pourrait faire pour... Ce prof? Il haussa les sourcils et les épaules d'un air totalement impuissant. Tu sais! Je suis prêt à te soutenir, mais ce qui est de t'aider pour l'écriture, je serais bon à rien!

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Samantha & Mathias
★★★★★★

L'enthousiasme du jeune homme n'était plus à prouver, il était semble-t-il fan de son amie Emily et de ses envies de grandes publications. Samantha  devait s'avouer plus à l'aise de parler de son livre incognito que d'assumer devant un éditeur qui attend beaucoup d'elle. Ce jeune homme là semble enclin à tout accepter, heureux de voir des projets dévoilés aboutir. Il la soutiendra, il venait de l'assurer, alors qu'il ignorait tout de la supercherie de W. la jeune femme se sentait coupable, au point qu'elle voulait lui avouer ne pas être son amie, mais quelque chose la retenait, la culpabilité d'actions passées, de ce qu'elle avait toujours taché de cacher aux yeux de Erika, sa sœur aînée. Elle ne pouvait prendre le risque de perdre la face face au monde. La demoiselle but une nouvelle gorgée, le sourire au lèvres, ne se barbouillant pas de chocolat. Une dame de son rang sait boit une boisson chocolatée sans s'en mettre plein le visage. Non pas qu'elle jugerait que Matthias soit quelqu'un d'une classe inférieur, simplement, la jeune femme fait toujours en sorte d'être au meilleure de sa forme, attachant énormément d'importance à son apparence physique. Elle faisait en sorte de ne jamais salir ses vêtements, et ne supportait pas que l'on tente de lui gâcher la vie. La dernière fois où elle avait mit les pieds dans ce café, une petite blondinette lui avait renversé son café dessus, rendant l'auteur hystérique, malade. Elle a refusé de remettre un pied dans le café depuis lors. Exception faite aujourd'hui, elle avait prit soin de ne croiser aucun café brûlant, mais elle venait de se trouver un nouvel ami, des plus étranges et qui pourrait devenir plus agressif s'il apprenait la véritable identité de Samantha. Alors elle resterait Emily, cette jeune poète romantique qui tente d'écrire un roman, sous les yeux admiratifs de son camarade d'internet.

Miss Trudeau raconta un bout de son livre, cherchant un avis positif pour se sentir de continuer. L'homme ne semblait pas avoir lu beaucoup de romans dans sa vie, il ne connaissait pas le visage de Samantha qui apparaissait pourtant sur chaque quatrième de couverture, c'était drôle et touchant de sa part. Elle était en sécurité, il suffisait qu'aucun fan ne franchisse la porte de l'endroit, gardant son mensonge intacts. Dieu qu'elle n'aime pas mentir ! C'est quelque chose qu'elle manie pourtant très bien, mais pas son activité favorite. « Tu seras informer de l'achèvement du livre, ne t'en fait pas. » Il n'en saurait pas plus mais sa joie faisait du bien à l'écrivain, qui se sentait capable de terminer, qui voulait finir pour gagner le cœur d'un nouveau fan.

La belle brune enchaîna en cherchant une information cruciale pour la suite de l'après-midi, si suite il y avait : elle devait absolument connaître le nom de son interlocuteur ! Ça paraît si débile et pourtant, Samantha ne se voit pas appeler l'homme par n'importe quel prénom, ça trahirait son usurpation ! Mais le binoclard n'était pas des plus coopératif. Il ne donna pas son prénom à la demoiselle qui, malgré elle, laissa son sourire retomber avant de reprendre sa tasse de chocolat gracieusement offerte. Un joueur de football Américain... il y en avait des tonnes et la brunette ne s'y connaissait en rien en sport ! Si elle avait de quoi chercher, elle appellerait Connor, le meilleur ami de sa nièce, et lui demanderait de faire une recherche avec le visage du jeune homme et l'indice du joueur de football. Mais nous vivons dans une réalité bien trop piégée et même W ne donnera pas l'identité de l'inconnu, ce serait tellement moins drôle pour lui... « Hum.. Peut-être qu'en effet, pour un professeur de mathématique, ce n'est pas pertinent, mais ça serait original ! » reconnue-t-elle.

Déçue, la belle Samantha baissa les yeux sur son chocolat. Elle ne saurait pas le prénom de l'homme. C'est alors qu'il rouvrit la bouche, dévoilant un secret bien à lui. Ainsi donc, son deuxième prénom était Phillip. Certes, cela n'aiderait pas la brune, mais c'était un bon début. Elle sourit. « Ringard ? Oh non ! Je trouve ça très joli, ça te va bien même ! Phillip.. » Elle ne lui aurait jamais trouvé ce nom. Elle l'aurait bien vu s'appelait Matthew, James, mais Phillip jamais ! Ses parents avaient l'air d'être des gens bien, avec une certaine poésie dans l'âme. « C'est aussi un nom d'un joueur de football ou leur inspiration est venue d'ailleurs ? » plaisanta miss Trudeau.

L'inconnu était bizarrement adorable, c'était drôle à voir. Sa ferveur laissait entrevoir les sentiments qu'il éprouvait pour son Emily. Il l'appréciait vraiment beaucoup, ça se sentait, ça se voyait à sa manière de poser les yeux sur sa personne. « Tu pourrais me trouver les noms des personnages et moi je m'occupe d'écrire mon pavé ! » fit-elle comme une concession. Comment se sortirait-elle d'ici !? Il lui fallait trouver une solution pour partir avant que quelque chose ne dérape, ou pour faire sortir l'homme de là au cas où l'autre Emily, la vraie, se pointerait. Elle devait ressemblait quelque peu à Samantha, pour qu'il se soit diriger vers elle avec cette certitude plutôt que vers la petite blonde au comptoir ou la brune aux cheveux court. Ce qui signifiait que Emily était une demoiselle brune, les cheveux plutôt long, douce et imaginative, avec un penchant pour internet et ses tchats. « Est-ce que tu aurais envie de te balader un peu ? » demanda-t-elle alors, apercevant quelque chose, quelqu'un.

HJ:

© BOOGYLOU.

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C’est d’une vérité que Matthias ne se trouvait pas des plus utiles en ce moment. Bien qu’il frôlait d’être ce fan mordu et fini pour celle qu’il prétendait être Emily, il aurait donné toute sa tête à l’aider à construire une bonne histoire qu’elle en aurait pas été des meilleures. Des milles en dessous de ce que Samantha était capable de faire.

Il se trouvait nul, à côté de cette charmante écrivaine supposément amateur qu’il considérait depuis longtemps comme une amie, et malgré les efforts, gagnait la place de celui qui ne vaut pas grand chose. Comme il avait toujours eut le mérite de gagner. Justement, après que le livreur de pizza eut dit son nom, l’écrivaine avait noyé son regard peu satisfait dans son breuvage et l’y avait attardé un peu trop longtemps à son goût. C’est tout simple, aussi bien Samatha pouvait mentir, il pouvait lire dans son regard, comme il avait ce talent pour déchiffrer n’importe lequel des yeux. Bien naturellement, et sans effort. De la déception. Il espérait pourtant tant de bonne compagnie de cette jeune femme…! Gêné, il imita son interlocutrice et but une gorgée de chaud chocolat.

La suite le surpris, toutefois. Agréablement. Qu’on lui dise que ce deuxième prénom lui allait bien était une première fois dans sa vie. Une première sans sarcasme, je veux dire. Alors il haussa les sourcils et les coins de ses lèvres, dans un sourire bonasse et touché. Il murmura un «merci» si faible qu’il ne sut trop s’il avait quitté ses lèvres ou avait fait son nid sur le bout de sa langue. Et le jeune homme, sur cet air de beaux propos, s’amusa d’un rire touffu à la blague sur ce prénom qui n’allait pas pour deux sous à un footballeur. Sur quoi, sur une fin de rire, il déposa à sa suite :

Non… Non je ne crois pas. Des fois, je me demande si ma mère ne s’est pas inspirée du prince d’Angleterre et ça me fait peur.

Il se pinça les lèvres dans un air joyeux à faire apparaître des fossettes dans le creux de ses joues. Vint alors qu’elle lui proposa un marché : qu’il trouve les noms de passage des milliers de mots de son roman à grande reliure. Matthias battit des paupières et mis délais à répondre. C’est fou, mais il avait peur de décevoir sa belle amie, juste avec cette tâche pourtant si simple et insignifiante. Mais il était de toute joie de se faire attribuer un rôle dans la confection de ce roman. Qu’il soit de ce talent ou pas. Alors il accepta, bien entendu.

Marché conclu! Je te promets pas que ça donnera le meilleur des résultat, mais je crois pouvoir faire ça.

Un autre rire. Un peu plus gêné, cette fois. Il s’engloutit dans sa tasse qu’il engloutit sans lui laisser le temps de refroidir et s’en lécha les babines. La dénommée Emily parut alors un peu incertaine. Ou nerveuse? Difficile à dire. Un éclat dans la pupille, un retroussement de nez… Difficile à dire.

Il sortit son portefeuille de la table et jeta un billet sur la table au moment même que la serveuse arriva pour voir le pourboire et lui gratifié un air tout à fait ravissant et souriant. Celle-ci remercia, dit les «au-revoir» évidents et habituels, et… C’est à cet instant qu’Emily entra dans la pièce. La vraie Emily. En retard, essoufflée et échevelée quelque peu, mais rayonnante de joie. D’une brève description, identique à Samantha. Matthias survola son minois et fronça les sourcils. Inutile de vous dire pourquoi : il trouvait que cette jeune femme qui cherchait la petite foule du regard lui faisait étrangement penser à quelqu’un assise juste en face de lui. Mais il n’y fit pas plus attention car sa partenaire actuelle lui posa une question. Il ne savait trop ce qu’elle avait put pensé, mais ça avait, du moins, changé ses idées de décor bien drastiquement. Elle proposa une balade. Pour discuter du roman? Il ne le croyait pas vraiment… Moi je sais très bien que non. Mais c’est sans hésitation, qu’il prit cette offre bien chaleureuse et sympathique!

Avec plaisir! À condition que tu m’en dises un peu plus sur les personnages… Si tu veux que je leur trouve des noms, faudra que j’aie un brin de leur histoire et de leur personnalité, tu crois pas?

Petit chantage parce que, en vrai, Matthias se mourrait d’envie de connaître les détails de ce roman. Sans qu’il ne l’avoue explicitement. Pour se sentir privilégié? Peut-être, oui. Et qu’il oublia la vraie Emily à la porte d’entrée de plus en plus piteuse…

Il avait bien fait de venir à ce rendez-vous, il n’y avait pas à dire!

Terminé et Verrouillé

(mouhahaha j'adore cette fin, ce lien, tout **)