L’envie d’un bon hamburger bien gras et d’une frite éprit la lieutenante de police Jane Julia Wellington ; dont tout le monde surnommait JJ. C’est donc vers le Frenchfries que la jolie brunette se dirigea à bord de sa belle camionnette noire qu’elle avait acquis récemment. La journée de travail terminée, c’est dans la bonne humeur que la fêtarde qu’elle était profiterait du reste de sa journée. Elle ne savait pas encore vers quel bar elle irait, mais l’envie d’une bonne bière lui héritait la gorge comme l’envie d’un encas bien gras à l’instant même. Jane stationna son camion près de l’immeuble, détacha sa ceinture et marcha jusqu’à la porte vitrée du petit restaurant. Une fois à l’intérieur, elle tourna la tête analysant la pièce du regard. Jane s’installa droit au comptoir, attrapa un menu et jeta un coup d’œil aux plats. Une fois décidée, elle déposa le bout de carton plastifié sur le comptoir et sourit à la serveuse. « J’ai l’impression d’avoir un trou dans l’estomac aussi gros que le trou d’cul d’un babouin tellement j’ai faim putain ! Je vais te prendre un double-cheese burger et une grosse frite… puis un coca ! » Elle lui fit un clin d’œil démontrant qu’elle avait une faim de loup. « Bordel, ça va faire du bien tout ça ! » Dit la vulgaire lieutenante en posant une main sur son ventre. Wellington avait toujours eu ce langage démonstratif et très corsé. Tout ceux qu’elle connaissait s’y était fait, mais les inconnus pouvaient s’y voir offusqués à l’entendre.

Cela faisait à peine quelques jours que j'étais revenue dans ma ville natale. Lakeview avait son lot de drames comme de moments heureux. Cependant, à côté de New York, j'avais l'impression de vivre dans un lieu plus que paisible. Je me sentais bien ici, j'étais heureuse de revenir au bercail. Je m'étais maquillée afin de masquer les cernes qui avaient pointées le bout de leur nez, à cause de mon manque de sommeil. En fait, mes insomnies étaient dues à la peur. Je croyais qu'il pourrait être capable de me retrouver. Qui ça ? Duncan, mon ex. J'avais besoin de sortir : autant pour prendre l'air que pour voir du monde. Je n'étais pas fan de la solitude. Pénétrant dans l'un de mes commerces préférés de la ville, j'esquissais un large sourire même si la coupure de ma lèvre était douloureuse. Bonjour, Millie. Tu n'as pas beaucoup changé depuis cet été. Millie était une serveuse réputée du Frenchfries. Je vais te prendre un Chicken Bacon et des frites avec de la mayonnaise, s'il te plaît. D'un coup d'oeil sur la gauche, j'aperçus JJ. Nous nous connaissions depuis belle lurette puisque nos mères sont les meilleures amies du monde. Salut JJ ! J'étais sincèrement très heureuse de la voir. Nous avions été très proches. Nous l'étions un peu moins aujourd'hui puisque j'avais vécu à New York pendant deux années. Cependant, ma mère me donnait souvent des nouvelles de Jane.

En recevant son assiette, Jane esquiva un grand sourire à la serveuse, frottant ses mains l’une contre l’autre. « Sweet Mary mother of shit, c’est trop bon ça putain ! » Dit-elle en levant les deux sourcils d’un bon spontané en souriant à la serveuse qui s’esclaffa de rire en allant servir une autre cliente. La brunette se retourna la bouche pleine lorsqu’une tête connue s’adressa à elle par son surnom. Ne prenant même pas le temps de mâcher ce qu’elle gardait toujours en bouche, la brunette se leva d’un bon totalement surprise par la venue de Dreazzle. « Putain de merde, Waldorf en chair et en os ! » Dit-elle en souriant, posant une main devant sa bouche, l’empêchant de gaspiller le burger qu’elle continuait à manger. Une fois la bouchée terminée, Wellington se jeta dans les bras de son amie. Oui, la jolie demoiselle avait 10 ans sa cadette, mais ça ne l’empêchait pas de l’adorer. Suite à cette accolade, la brunette se redressa constatant l’état du visage de sa grande copine. « Fuck, c’est quoi cette merde que t’a au visage ? » Demanda-t-elle surprise et choquée par ce qu’elle voyait à l’instant. Le sourcil de la brune s’arqua systématiquement sur son visage en attendant une réponse de Waldorf sur l’origine de ces blessures.

Je fus ravie de l'accueil chaleureux de JJ. Cela me faisait plaisir de réaliser qu'elle n'avait pas l'air d'avoir changé le moins du monde. Elle était sublime même si elle disait toujours le contraire. Elle jurait tout va, comme je m'en rappelais. Ma mémoire ne m'avait donc pas fait défaut. Elle me serra dans ses bras puis je remarquais que sa bouche était couverte de gras. Intérieurement, j'étais morte de rire. Elle avait cette faculté à se foutre de tout. Et oui, Wellington ! Je suis de retour ! J'étais heureuse d'être ici, de retrouver ma famille et de la retrouver. Elle avait toujours été là pour m'épauler. Lorsqu'elle me demanda ce qu'il m'était arrivé, je parvins à garder un sourire de façade. Je n'avais pas envie de m'étendre. surtout que JJ était flic et que j'étais certaine qu'elle voudrait lui casser la figure si elle le retrouvait. Non, non, non. Hors de question qu'il débarque. Je suis allée dans le Bronx avec une copine. On rejoignait un ami à elle. Puis, on s'est fait passer à tabac car il devait de l'argent à son dealer. Je levais les yeux au ciel d'un air "c'est pas si grave, voyons". Alors que ça l'était mais j'étais parvenue à foutre le camp pour ma sécurité. Je me saisis de ma commande fraîchement préparée puis, je m'installais à côté d'elle. Comment va ta mère ? Je bus une gorgée du coca que j'avais fini par commander, de quoi lui donner le temps de répondre.

Revoir Dreazzle rendait Jane très heureuse, elle n’avait presque pas reçue de ses nouvelles depuis un temps, surtout que de son côté, JJ avait vécu un drame en perdant sa petite-amie et fiancée Leslee le jour de la cérémonie qui devait être le plus beau jour de sa vie. Le lieutenant Wellington se contentait de sourire radieusement, parce que de son côté, elle n’avait même pas prise le temps de prendre de ses nouvelles à son tour, ce qui la rendait légèrement mal à l’aise. Malgré ce détail, Jane souriait et s’empressait d’en apprendre plus sur ses deux années passées hors de Lakeview. « Fuck me twice Waldorf, quand tu dis de retour, c’est que tu t’installes carrément à Lakeview à nouveau ? » Cette annonce rendait la lieutenante folle de joie. Malgré tout, elle s’enfila quelques frites dans la bouche, se dépêchant de mâcher pour faire passer le tout avec une gorgée de boisson gazeuse et ainsi continuer la discussion avec une bonne amie. L’état du visage de la jeune brunette inquiétait beaucoup la demoiselle qui se questionnait sur les raisons de ces marques. Dreazzle lui expliqua finalement l’histoire, la tête de JJ s’enflamma aussitôt, les dents serrées et le regard vif. « Non, mais tu veux te foutre de moi ? C’est qui cet enfoiré que je lui défonce le cul ? Merde… c’est pas une manière de réagir et toucher une femme, c’est certainement pas acceptable. Donne moi son adresse, tu vas voir qu’il va en chier un tas met qu’il nous voie arriver. J’ai des contacts à New York chérie ! » Dit-elle en fronçant gravement les sourcils, prête pour affronter le diable qui s’était jetée sur la pauvre Waldorf.

La conversation suivante fut un peu plus douce, laissant le vent s’emporter vers leurs mères. Wellington opina en souriant. « Elle va bien, depuis la mort de papa, c’est plus difficile, mais elle s’en sort. Je crois. » Dit-elle. Jane savait que sa mère vivait un deuil tout comme elle et Leslee.

En revoyant JJ, j'avais la sensation de retomber en enfance. Nous avions tellement de souvenirs ensemble. Nos mères étaient tellement proches que nous avions eu l'habitude de nous côtoyer fréquemment. Elle était d'ailleurs celle qui gardait un œil sur moi lorsque nos parents s'absentaient pour partager une soirée mondaine ou non ensemble. Ses expressions me faisaient mourir de rire intérieurement. Elle ne parlait tellement pas comme une lieutenante de police banale. Elle, c'était le genre : je m'intègre dans la té-ci, yoh ! Elle était adorable. Bah maintenant que je suis diplômée de Columbia, je n'ai plus rien à faire ailleurs et j'ai bien l'intention de travailler ici. Tout comme de vivre ici d'ailleurs. J'étais également ravie de me dire que nous pourrions nous voir très souvent à présent. Les kilomètres qui nous séparaient n'existaient plus... Lorsque je lui parlais de ma mésaventure, je la vis monter sur ses grands chevaux. Non, ce n'est pas une blague, JJ. J'ai fait ce qu'il fallait, il doit déjà être derrière les verrous à l'heure qu'il est. Il a bien fallu que nous rendions des comptes, Linzy et moi lorsque nous sommes arrivées à l'hôpital dans cet état. Tout va bien, ne t'en fais pas. Je ne pouvais m'empêcher d’espérer qu'elle n'irait pas fouiner. Elle se rendrait alors compte que je mentais sinon...

Lorsque JJ me rappela le décès de son père, je fis une légère moue. Je ne m'imaginais pas perdre mon père, nous étions si proches. Moins qu'avec ma mère, bien sûr mais il était, évidemment, une des personnes que j'aimais le plus au monde. Oui, je me doute. Ce sont toujours des événements dont il est difficile de se remettre et que l'on préférerait éviter. Je pris une bouchée de mon burger. Grimaçante, je fis tout de même de mon mieux pour masquer ma douleur.

Jane fixait sa grande amie, le sourire bohème et jovial. Elle ne s’attendait certainement pas à la recroiser en venant déjeuner dans ce petit café, mais la surprise la rendait euphorique. Elle n’arrêtait pas de sourire. Le manque de grande et sincère amie semblait lourd pour la lieutenante surtout depuis le départ de son unique grand amour Leslee. Lorsque Dreazzle lui annonça l’accomplissement d’un diplôme à Colombia, la brunette ne put que se réjouir pour elle. Elle tituba de bonheur en souriant. « Non, mais c’est une foutu bonne nouvelle ça Drez. » Elle lui dévoila un grand sourire jusqu’à ce que la discussion tourne vers l’incident qui lui avait couté un visage défiguré. Le brune serrait les poings sans s’en rendre véritablement compte. Elle rageait contre cet individu et se réjouissait qu’il aille terminer derrière les barreaux. « Foutu con, qu’il se fasse défoncer la rondelle ; parce que c’est tout ce qu’il mérite… » Elle baissa les yeux un moment et attrapa une nouvelle bouchée de son délice chocolaté. « Ouais, très difficile… je suppose que tu n’as pas entendu parler de ce que j’ai vécu cette année… ma Leslee ? » Dit-elle délicatement, tellement la douleur oppressait sur son cœur.

ABANDONNÉ.