Est-ce que Lyly est là?

   

« En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie. »

Honoré De Balzac

   

   

   

- Salut Ly’! C’est encore moi! Décroche ce putain de téléphone. Je veux savoir tu es où! J’ai envie d’aller fêter la bonne nouvelle. J’ai eu le poste à l’hôpital. Je te l’avais dit. C’était dans la poche. Alors, là, tu es mieux de répondre. Je n’ai pas toute la journée. Je n’ai pas envie de faire toute la ville une fois de plus pour te retrouver.

Lyly ne répond pas à son portable. C’était le quatrième message que je lui avais laissé. Je lui avais envoyé une dizaines de SMS. Elle n’était pas chez elle. À la maison, personne ne décrocha le téléphone. C’est très rare, car ma mère est retraitée et ne fait que du ménage toute la journée. Je me dirige chez son petit-copain ou son ex. Je ne sais plus trop. La vie de Ly’ est tellement en bordel que je ne sais plus rien d’elle. Je viens à peine d’arriver à Lakeview, ma ville natale. Je dois être ici depuis deux ou trois semaines. Ma sœur m’a supplié de revenir. Avec mes problèmes à Chicago, j’ai sauté sur l’occasion de revenir noué des liens avec ma famille à qui je manque tant.

Je stationne ma voiture dans la rue et je me dirige vers un immeuble. J’avais fait des recherches sur facebook pour trouver l’adresse de ce dénommé Matthias. Personnellement, je n’aime pas trop les réseaux sociaux. J’en ai un seulement pour parler avec ma sœur. Encore là, c’est elle qui a insisté pour que je me crée un compte. Je pousse la porte du hall et je monte les escaliers. J’arrive à une porte avec la lettre e. Je cogne brutalement. Ça me met en colère quand je ne sais pas ce que fait ma sœur et qu’elle ne me donne pas de nouvelle. Je suis peut-être contrôlante, mais je me fais du souci pour elle.

   

© BOOGYLOU.

Est-ce que Lyly est là?

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Matthias revint de travail avec la lassitude bloquant son aorte. Il n'y avait de justification plus tendre que la simple des banalités. Maya n'était pas à l'appartement cette soirée-là - chez un ami? à une fête? dans la rue? Il n'aurait put dire. Mais combattre ses démons serait probablement le passe-temps de la soirée sur quelques tours d'horloge fatidique ou pas.

Il retira sa casquette à l'effigie d'une pizzeria qui nourrissait le trois quart de Lakeview - il en aurait mis sa main au feu pour cette folie tant il travaillait. Ce chapeau fut donc balancé sur le divan. Non loin de la télécommande, d'un sac de chips - vide, espoirs rompus - d'une bouteille de purificateur d'air, un coussin troué, un portefeuille, des chaussettes et une pile de CD hors ou non de leur boîtier. Chantier de guerre, bordel fumigène comme tout le reste de l'appartement: au final, habiter avec sa cousine ne l'avait pas rendu plus ordonné. Cette pensée lui mit sourire au visage. Lui? Plus ordonné?

Il sauta sous la douche, mis son chaleureux pyjamas tout droit sortit de la sécheuse qui réussit à le faire frémir de confort, se mis une pizza pochette au micro-onde et s'installa en grande classe de paresse devant la télévision qui lui offrit le match de football à peine entamé. Casse-croûte en main, il s'apprêta à croquer le festin de pauvre quand il eut retentissement à sa porte. Des coups de fauves. Ils étaient brusques. Ils étaient violents. Ils avaient la rage. Matthias sursauta à faire glisser sa pizza sur le sofas, et il lui donna quelques jurons bien nets et soyeux alors que l'échos des frappes faisaient carambolage derrière lui. Il soupira en balançant sa tête vers l'arrière d'exaspération, se leva, tenta de ramasser les dégâts du mieux qu'il le pouvait... Et le tintamarre continuait.

J'arrive! J'arrive, merde! Pas la peine de démolir la porte! il cria de sa rauque voix sans bonheur - disons, très agacée - alors qu'il nettoyait en vitesse la sauce tomate.  

Puis il prit marche vive et forte vers la porte. Visiblement, ces agressions tardives dans son cadre de porte n'étaient pas sa tasse de thé. Et autant calculait-il les foulées jusqu'à la poignée, il se faisait scénario utopique d'une brève conversation. Parce que peu importe qui était derrière cette porte, ce n'était pas quelqu'un qu'il désirait voir. Ses proches n'étaient pas des meurtrier de cerisiers.

Quoi? il mugit en ouvrant grand la porte aussi sèchement et vivement qu'on peut donner à l'être humain de l'être.

Lyly avait décédé il y a au dessus de trois ans de cela. Elle n'était plus qu'un fantôme dans sa vie. Qu'il repoussait avec tant de force, tant de tristesse... Son cœur eut été sous l'étau de la mort pendant des siècles, il lui semblait désormais. À peine avait-il réapprit à battre avec tous les remords du monde grâce à Candy, il fut transpercé par glace et vertige en l'écart d'une seconde frêle et tremblante. Il resta immobile devant le fantôme de son ex-copine - qu'il aimait toujours, on ne pouvait le cacher! - et pataugea ses songes dans une averse de souvenirs. Non, plutôt il fut poussé sans merci dans ses mémoires d'angoisse jusqu'à la grêle de la souffrance physique. Son souffle fut coupé. Lui laissa la bouche grande ouverte à hurler au mutisme ce mal poignard au thorax qui grandissait à chaque seconde que son regard ne pouvait se décrocher de ce visage. Celui qu'il eut vu pour la dernière fois dans une tombe.

Oh mon Dieu... Lyly..?

Il ne trouva rien de mieux à souffler. Une pluie de larmes s'accaparèrent de ses paupières qui versèrent des silencieuses promesses. Celles de ne plus jamais pleurer pour Lyly. Car la vie était trop courte pour y verser les pleurs. Car ce serait rejoindre cette jeune femme que de retomber en dépression. Mourir de chagrin est possible. Ce n'est pas une mort médical, mais c'est une mort qui est possible.

À cet instant, toute sa vie s'envola comme la feuille d'automne perd branche. Encore.

Est-ce que Lyly est là?

 

« En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie. »

Honoré De Balzac

 

 

 

Même si ma sœur m’avait supplié de revenir. Ce n’est que maintenant que j’ai décidé de faire le grand saut. Il faut dire que je n’ai plus de nouvelle depuis longtemps. Je ne suis pas particulièrement proche de ma famille. Je viens juste de revenir. Personne ne sait vraiment que je suis à Lakeview que depuis deux ou trois semaines. J’avais tenté de rejoindre mes parents sans succès. Ils voyage beaucoup et profite de la vie de la vie comme ils l'ont toujours fait. Ils ne s’occupaient pas vraiment de Lyly avant et ils ne doivent pas le faire plus maintenant. Je me rappelle avant mon départ pour Chicago que c’était moi qui fouillait la ville au complet pour retrouver ma sœur. Elle était toujours cachée avec des drogués. J’aurais aimé lui faire une surprise et arriver devant elle avec son grand sourire contente de me revoir après autant de temps loin l’une de l’autre.

La porte s’ouvrit. Le gars derrière avait l’air pressé. Il semblait avoir fait du ménage avant de venir ouvrir la porte, car quelques minutes avant, j’avais entendu du bruit. En le voyant, j’ai tout de suite su qu’il prenait de la drogue. Je sais reconnaitre ces gens-là. Il avait l’air bizarre en posant son regard sur moi. J’arque un sourcil quand il m’appelle Lyly. Ma sœur ne devait pas lui avoir parlé de moi. J’étais la sœur jumelle cachée de ses amis. En voyant ses yeux se remplir d’eau, je me suis demandé ce que ma sœur lui avait fait.

-Non! Non! Je suis Zoey Kennedy! Lyly est ma sœur jumelle. Je la cherche partout. Sais-tu où elle est allée fourrer son nez encore? Je voulais lui faire une surprise.

Je le regarde d'un air hautain. Je n'ai pas envie qu'il se mettre à croire que je suis elle et que je suis revenu pour me remettre avec lui. Je n'ai aucune idée de qui il est et de quel genre de relation il avait avec ma soeur. Je croise les bras et je le fixe du regard. Je commence à croire que ma soeur lui a vraiment fait du mal pour qu'il pleure en me voyant.
 

© BOOGYLOU.

Est-ce que Lyly est là?

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Matthias voyait au travers des larmes. Voyait une femme qui n'était pas celle qu'il avait aimée, et pourtant qui portait son visage. Sans ses mèches de couleurs impossibles aux cheveux. Ses airs. Ses mimiques, toutefois, n'avait rien d'un Lyly. C'était un fantôme qui jouait la comédie ou un sœur jumelle. Comme elle s'avoua être justement lorsqu'il voyageait sur cette réflexion. Et les pluies continuèrent. Il n'y avait rien d'autre à faire, non?

Lyly qui n'était pas Lyly leva le menton de cet air hautain et déplorable qu'on avait vu mille fois chez mes riches en manque de crachat. Mais le frisé ne s'en soucia pas trop. Sinon de se répéter pour la centième fois que ça ne pouvait être Lyly. Il sentit le poids d'un deuil d'une centaine d'heures se faufiler sur ses épaules. Il perdit pied, s'accota au cadre de porte. Il ne pouvait s'arrêter de la regarder, et retint avec une force qu'il ne connaissait pas une main tremblante à venir caresser la joue de ce fantôme. Une sœur jumelle. Qui aurait crut. Quelle coïncidence morbide. N'importe quoi pour faire tourner un couteau dans un plaie. Celle qui avait été cicatrisée avec bien des difficultés. Sans doute fallait-il qu'un jour elle éclate. C'est ce qu'il fit. Il éclata en sanglots.

Devant la jeune femme. Il se retenait du mieux qu'il le pouvait. Mais un noir broyait en vapeur de souffre ses poumons déjà endoloris, sa cage thoracique se congela totalement. Et la respiration lui vint une douleur acharné pour lui donner l'épreuve de parler encore. Une main devant sa bouche, il épuisa les pleurs. Il ne devait pas craquer et céder à cette quelconque dépression. Pas maintenant. Pas alors qu'il recommençait à vivre.

Lyly... Est morte... Il y a environ trois ans de ça... Je... suis désolé...

Il souffla d'une traite à l'inconnue devant lui. Rauque voix, idiome pathétique. Il soupira en jurant tellement il avait mal. Soudainement trop mal. Grinchant les dents. Gémissant. Il serra ses serres pour ne pas exploser de chagrin encore. C'était la première fois qu'il disait ces mots. De vive voix, à dire vraie. Et il épargna le reste de l'histoire. Incapable. Trop impuissant. Et encore sur le point de se crever au bas de la porte, aux pieds de Lyly qui n'était pas Lyly.

Est-ce que Lyly est là?

 

« En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie. »

Honoré De Balzac

 

 

 

Je regarde l’homme en essayant d’analyser ce qui se passe sous mes yeux. Il a l’air bouleversé. Mon cœur bat à tout rompre. Je me demande ce qui se passe dans la tête de ce drogué. La scène se déroule si vite que je ne sais pas quoi penser. Mon esprit est vide. Je n’ai qu’une seule pensée : qu’est-ce qui s’est passé à Lyly. L’homme s’accota sur le cadre de la porte. Dès qu’il pose son regard sur moi, je sens qu’il est troublé de me voir devant lui. Je reste sans mot devant cette vision. Il ouvre la bouche pour prononcer quelques mots.

- Lyly... Est morte... Il y a environ trois ans de ça... Je... suis désolé...

J’avais peur de ne pas avoir bien entendu. Mon monde vient de s’écrouler. Ma sœur. Ma petite sœur. Ma jumelle. Ma vie. Celle que j’avais abandonnée ici dans cet univers monstrueux. Ma respiration est saccadée. Mon cœur a arrêté de battre. À cette seconde même, je viens de mourir. Je me mets à trembler. C’est impossible. Mes parents m’auraient prévenu. Ils m’auraient averti. Le service. Les funérailles. Je prends conscience que je n’ai pas de vraie famille. Ma main vient prendre ma poitrine près du cœur. J’ai qu’une envie m’arracher le cœur et mourir. Ma vie, mon ange, ma sœur. Je n’ai plus rien. Je ne suis plus rien. Je m’efforce de ne pas m’écrouler par terre. Les larmes prennent place et commence à couler. Je tremble de tout mon corps.

-non.. Non! NON! C’est impossible! Tu mens!

Je commence à frapper l’homme. Je le frappe de toutes mes forces en sanglotant. L’étranger recule et je continue jusqu’à entrer dans son appartement. N’ayant plus d’énergie pour me battre, je tombe par terre sur les genoux et essuie mes pleurs du revers de la main. Je dois être forte. En repensant à la scène depuis le début, il ne doit pas mentir.

- Je… Je… Je suis désolée!

Je n’arrivais pas à formuler aucune autre phrase. Je ne fais que penser à ma Lyly. Où était-elle maintenant? Comment? Pourquoi? Tant de question sans réponse. Je veux des réponses. Il m’en doit.

 

© BOOGYLOU.

Est-ce que Lyly est là?

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Il y avait Matthias dans ce même appartement, sombre et bruyant d'une cacophonie extérieure d'une ville de soire. Il était dans un tout autre habit. D'un tout autre tempérament. C'était quelques années avant la soirée baptisée d'un coup à la porte d'une certaine Zoey.

Il y avait une rage. Puissante. Qui faisait crier à tout rompre la voix usée jusqu'au tricot du son du livreur de pizzas. Une colère noircit par la peine. Un tristesse qui se faisait laine d'acier en sa gorge qui ne pouvait que saigner son nœud et hurler d'avantage. Ce qu'il criait: il était d'anti-soie avec Lyly. Elle qui lui avait promis d'arrêter de se piquer. Qui lui avait promis de se prendre en mains. Qui avait promis d'aller chercher de l'aide. Promesses. Promesses. Promesses. Elles étaient tellement belles à l'époque... Un bouquet de fleur qui sentait la perfection et qui se tenait dans les menottes de celle qu'il aimait le plus au monde. Et il l'aimait par dessus tout cette soirée en question. Il s'inquiétait à tourner ses veines à l'encre. Encore il avait surpris l'héroïne et sa prisonnière, et cette fois il avait sorti de ses gonds. Tout simplement. Lui eut crié qu'elle ne faisait point d'efforts, qu'elle allait ruiner sa vie, qu'elle ne méritait pas ce qu'elle s'infligeait... et par dessus tout qu'il en avait assez que sa paresse prenne le dessus sur sa guérison. Guérison car, il faut avouer jusqu'à la racine, pour la belle Lyly il en était devenu une maladie. Alors il avait claqué la porte derrière lui. Et s'était enfouit dans une fête quelconque d'un ami qui n'en était pas vraiment un jusqu'à on ne sait trop quelle heure du matin. Il ne se rappelait même pas quelles furent les dernières paroles qu'il eut jeté à sa copine. Mais pour tout l'or du monde il aurait voulut qu'elles soient d'amour, contrairement à la réalité crue. Et à son retour, Lyly n'était plus là. Il ne restait d'une aiguille sur un cadavre.

Un cri le ramena à la réalité. Ses yeux avaient les flots de milles arpents en âcre de sève.
Et il eut un coup sur son torse. Un autre. Un troisième. Un tambourinage. Qu'il mit un certain temps à sentir. Il y avait Lyly qui n'était pas Lyly qui le frappait. Douleur à l'ecchymose. Mais il ne fit rien pour s'en dégager. Il la fixa, complètement déboussolé... Non. Plutôt trop bien ancrer à ce moment de macabre. Et pleurait. Ses pas le laissent pénétrer dans l'appartement. Ils sont mous et lents, mais il sont très certainement poussé par la jeune femme qui sanglote à la violence des deuils et la frappe, toujours et encore. Jusqu'à s'effondrer. Et il contempla le visage du fantôme, ses prunelles flottaient et ses cils pleuraient. Il tremblait, tout comme le mirage à ses pieds qui n'avaient plus la force de se tenir sur ses pattes. Ses poumons à la saignée lui firent part de leur douleur: mal à respirer, écorche de glaise. Mal aise qui lui trancha le thorax, le larynx, la langue... Et la pauvre s'excusa.

Il la regarda. Et fronça légèrement des sourcils. Comme s'il ne pouvait accepter ou comprendre ces excuses. Il avait tué Lyly. Il l'avait assassinée. Carrément. Sans d'autres paroles, sans d'autres explications. Et elle s'excusait. Remords à la noyade et souffrance à l’élixir de souffle. Je me demande si le jeune homme se serait mis la corde au cou pour de bon à recevoir cet alléchant SMS de notre cher -W...

N...Non... Tu... Ne sois pas désolée...

Peut-être l'aurait-il aidé à se relever. Peut-être. Mais il ne pouvait pas toucher à ce fantôme, non. Puis la phrase sortie d'un trait. Il n'aurait jamais cru qu'elle soit dite de ce peu de vie qu'il lui restait. Elle était plus courte qu'il ne l'avait imaginé, moins essoufflant aussi...

C'est de ma faute... C'est moi qui l'ai tuée...

...mais il explosa de franches pleures, le visage en sa paume. Quelque chose pour lequel il avait pleuré d'autant profondément il y avait des mois de cela ou quelques jours. Une phrase ou deux. Dites avec la difficulté d'un aveux qui n'avait franchit le seuil des cordes vocales mais qui nourrissaient les dents depuis beaucoup trop de crises. Et il pleura. Pleura. Ce grand baquet qui prenait son visage à dix doigts pour y enfouir toutes ces larmes qui ne voulaient plus s'empêcher d'exploser. Sans aucune retenu. Un cadre misérable d'entre la porte du lieux toujours ouverte pour les passants de coïncidence.

Est-ce que Lyly est là?

« En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie. »

Honoré De Balzac

Il a tué ma sœur. Il. A. Tué. Ma. Sœur.

Je ne peux pas expliquer ce qui se produit en moi. Je n’ai qu’une envie : le jeter en bas de l’immeuble dans l’espoir de faire revenir ma sœur en prenant sa vie à lui en échange. Il l’a tué comment? Il n’a jamais été en prison. Qu’a-t-il fait pour la tuer? Où l’a-t-il fait? Par quel moyen?

Mes yeux sont encore remplis de larme. Je suis toujours à genoux au sol à ses pieds. Les pieds du meurtrier de ma sœur. Je lève mon visage et je plante un regard noir dans ses yeux. Comment ose-t-il vivre, respirer après avoir tué ma petite sœur. Je n’ai plus la force de ma lever sur mes jambes. Je reste par terre. Je suis démolie.

-Comment?

Ce sont les seuls mots que je suis capable d’articuler. Des larmes recommencent à couler. Je ne suis plus moi. Je lutte contre ma tristesse. Je suis incapable de ne pas pleurer. Ma famille ne m’a rien dit. Comment puis-je renouer avec eux? Je veux des réponses et vite!

© BOOGYLOU.

Est-ce que Lyly est là?

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Matthias pleure. Rien de surprenant. Tout d’inéluctable. Il fait les ruisseau et les pluies sur ses joues, derrière ses paumes. Sans retenu, même devant l'étranger - ou le fantôme - contrairement à ses habitudes d’orgueil. Depuis trop longtemps les valves se débordent de pourriture et l'écoulement d'une salée eau fait jaillir une pression que quiconque aurait put deviner.

Pourquoi faire jaillir cette nostalgie et l'esprit d'une ex-copine assassinée par soi-même là. Dans ce petit appart' crade. Alors qu'il avait presque le goût d'une pizza pochette sur le palais. Parce qu'il n'y avait jamais de bonnes circonstances pour aborder la mort d'un amour. Et parce que la besogne d'un myocarde enflé devait être fait. Voilà pourquoi.

À travers les poussières de larmes et les sanglots qui dégoulinaient sur ses pensées maintenant flouées et absurdes, il ressentait l'anéantissement de la jumelle. L'effondrement total d'une vie de famille qui avait été, dans un songe ou une idée antérieure, bien des extrêmes à cette vérité crue et démolissant qui résidait le 111-E. Matthias constata la jeune femme littéralement sur le sol, atonique comme un building qu'on écrase pour faire place à un vide qui n'est pas vieillot. Elle qui semblait pourtant si forte dans l'encadrement d'une porte plus tôt...

L'inévitable question survient. Comment l'avait-elle tuée? Expliquer. Tout. Se ressasser ce qu'il essayait d'oublié en riches présences ou entre quelques verts sur un papier roulé.
Il inspira en hoquetant - les pleures étaient rêches comme ses malades poumons - et son visage se tordit de douleur alors qu'il gémissait péniblement. Il avait mal, rien de plus évident et clair. Et disons qu'à cet instant il n'aurait pas été déragé que son cancer l'achève sur la seconde qui vient tout juste de passer. Mais bon! Ce foutu cancer ne pouvait rien faire de bon! Le livreur pris place à s'accoter au comptoir non loin. Il ne savait trop comment il serait capable de déblayer cette histoire, et n'affichait que, sur le silence, un air d'angoisse et de perdition. Regard en biais sur le fantôme de son passé: tien, elle avait retrouvé cet air déterminé. Même qu'elle semblait vouloir lui arracher la tête. Personne ici n'est surpris. Et cela pousse le jeune homme à fondre d'une traite ses mots:

Lyly... Lyly... il détestait prononcé ce nom qui lui faisait tant de bien mais qui était mort à présent. Elle... Elle arrêtait pas de se piquer... Puis... Elle m'avait promis d'arrêter mais... Mais elle a continuer... Et... Et... Un soir... On s'est engueulé... Et je l'ai laissé... Là... À l'appart'... Dans la chambre...

Qu'il regarda de ce même air au bords de la catastrophes des pleures. Il revoyait le même éclairage de l'endroit, dans la nuit d'un vendredi soir paisible à Lakeview. Il revoyait Lyly à cette même exact position, qui lui criait dessus et qui recevait en retour le haut ton de sa rauque voix.

Je lui avait dit d'arrêter... D'aller chercher de l'aide... Mais elle a continué, c'est sûre... J'ai pas été là assez pour elle... Puis cette soirée... Quand on s'est engueulé... J'ai foutu le camp...

Il fit une pause et fixa le vide. De toutes les réactions les plus anodines qu'il avait put commettre en tant qu'être humain, celle-ci était la pire par dessus tout. S'il était resté. S'il était resté à l'appartement, pour la prendre dans ses bras et lui dire qu'il l'aimait par dessus tout au monde... Elle serait encore de ce monde. De silencieuses larmes vinrent se frayer un chemin sur ses joues.

Je... Je savais... Au fond de moi je savais qu'elle... Consommerait encore... Mais... J'ai laissé faire... Mais... Cette fois était... Une fois de trop...

Et il enfouit son visage dans ses menottes pour s'y enfermé et désirer y crever.