Shane & Daryl

Seattle. C'était la première fois que je venais dans cette ville et je devrais reconnaître qu'elle n'avait rien pour me plaire. Tout était gris et terne. J'étais un homme du sud qui détestais la pluie mais à cette vitesse la, j'aurais mon quota de flotte pour les dix années à venir. On était en déplacement avec les Nomades du club et même si j'étais la tête du groupe, je ne savais pas vraiment ce qu'on venait faire ici. Les gars du chapter de la ville nous avait appelés en renfort sans vouloir nous dire exactement ce dont il s'agissait. Alors que nous arrivions au club, je ne pu m'empêcher de me dire que nous allions peut être nous enfoncer dans une sale histoire. Garant ma moto devant l'entrée, j'enlevais le casque et le posais sur le guidon avant de descendre. Les gars de Seattle était tous dehors pour notre arrivée. Nous devions être une vingtaine de nomades près à les aider dans leurs problèmes et c'était bien normal qu'ils soit reconnaissant de notre arrivée. Serrant la main du président, je l'écoutais m'annoncer qu'ils préparaient une grande fête au club ce soir pour nous souhaiter la bienvenue. Ouverture des hostilités : 20h30. Regardant ma montre, je vis qu'on avait 1h avant que les gens commencent à arriver. Faisant signe à mes gars de me suivre, je rentrais à l'intérieur du club à la suite du président et du vice président de Seattle. Il me fit signe de faire comme chez moi et m'annonça qu'on parlerait de notre venue demain, que rien n'était pressé. Je n'aimais pas trop cela mais après tout, je n'avais pas le choix et une petite soirée de repos ne nous ferait pas trop de mal après la longue route que l'ont venait de faire du Sud.

20:30. Les gens commençaient déjà à affluer vers le club. Il y avait des gens avec des manteaux des Hell's mais également d'autres personnes qui devaient être des familiers du clubs ou simplement des curieux. La soirée était ouverte à presque tout le monde et permettait aussi de montrer la force du chapter à tout le monde. Une bonne cinquantaine de motos étaient garées dans la cour avant et bien d'autres commençaient à arriver. Attrapant, une bière, je me dirigeais vers l'extérieur pour fumer une cigarette. Le président, Elias, nous avait dis que nous étions ses invités ce soir et qu'on pouvait se servir comme on le souhaitais en alcool mais également en filles. La plupart des demoiselles présente étaient pour la plupart des filles qui n'étaient la que pour le plaisir des gars, cela ne faisait aucun doute. Tout les clubs avaient les leurs. Pourtant, ce soir je n'étais pas du tout intéressé par cela. Je me faisais du soucis sur la raison de notre venue et je ne serais pas tranquille tant qu'Elias ne nous aurait pas expliqué ce qu'on venait faire dans cette ville pluvieuse.

La soirée battait son plein et j'avais totalement perdu la notion de temps. J’enchaînais bières sur bières en parlant avec plusieurs mecs de Seattle. Les choses ne semblaient pas aller à merveille et ici et je soupçonnais la raison d'être le laxisme d'Elias. Il laissait ses hommes abuser bien trop de la drogue et des filles et ne les faisaient pas assez se concentrer sur les besoins de son chapter. M'appuyant sur le comptoir, je demandais une autre bière en observant les gens qui rentraient. Une blondinette attira mon attention. Elle était de toute évidence jeune, très jeune même. La suivant du regard, je la vis passer le vigile sans problème. Ils étaient vraiment laxiste ici... Observant sa manière de réagir, je me rendis rapidement compte qu'il ne s'agissait pas d'une de ses putes à bikers mais plus d'une jeune en quête d'adrénaline. Haussant les épaules, je descendis rapidement ma bière et en redemanda une autre avant de rejoindre mes gars.

Quelques bières et cigarettes plus tard je revins à l'intérieur. Regardant autour de moi je vis que pas mal de gars manquaient. Ils avaient du monter avec des filles dans les chambres de l'étage. Pourtant la blondinette était toujours la. Elle était au comptoir avec un des gars de Seattle. Il était gros et malpoli, je m'en était déjà rendu compte quand j'avais parlé avec lui avant. Le cliché du biker en chien. Je l'observais d'un œil. Je ne savais pas pourquoi mais j'avais l'impression que quelque chose allait clocher rapidement. Il ne fallut qu'une dizaine de minutes pour que mon impression soit confirmée. Le pervers commençait à la toucher et elle n'avait de toute évidence pas  l'air très contente. M'approchant d'eux, je posais ma main sur l'épaule du gars. Il était plus âgé que moi mais mon grade de président des Nomades Américains me donnait un avantage de hiérarchie sur lui.

DARYL _ Mec. Lâche la demoiselle et va faire chier quelqu'un d'autre?
Je vis qu'il commençait à grommeler mais je lui jetais un regard noir 

DARYL  _ Je ne protesterais pas si j'étais toi. Allez dégage.

Il partit du comptoir en jurant comme un routier et en me lançant des regards noirs. C'était sur que le président de Seattle allait entendre parler de cette histoire mais je m'en foutais. Mes hommes et moi on était la pour les aider et il serait malvenue qu'Elias me fasse une réfléxion sur ce qu'il venait de se passer demain matin. Me tournant vers la demoiselle, je lui souriais

DARYL  _ Désolé. Certains des mecs n'ont pas vus de jeunes femmes depuis un moment et ne savent plus se tenir. Je suis Daryl.

Cela faisait quelques mois déjà que je vivais à Seattle et près de deux ans que je vivais seule. Pourtant je n’étais pas majeure, loin de là. En fait j’étais dans ma quinzième année et je n’allais pas tarder à entrer dans la seizième. Pourquoi une fille de cet âge-là vit-elle sans adulte me direz-vous? Les réponses qui entourent ce mystère sont multiples et changent d’une personne à une autre. Lorsque je suis au High School on dirait que je suis l’élève modèle. En effet, mes notes sont toujours excellentes, je n’ai jamais en dessous de A. D’ailleurs je n’ai même pas de A- quand on y pense. Même mon style vestimentaire est irréprochable. Pourtant quand je sors je deviens une toute autre personne. Je me laisse aller. Lors de mes sorties j’endosse des rôles différents, de la bombasse à la rockeuse… Quelle est ma vraie facette ? Suis-je la BCBG que l’on voit en cours ? Ou bien l’une des filles du soir que l’ont voit dans différents bars et boites ? Nul ne le sait. Je change de masque au gré de mes envies ou de mes ressentis. En fait ma vie est un vaste enchainement de personnalités et de facettes.

Mes cours étant terminés, je rentrais chez moi. Je ne vivais pas dans une superbe maison ou même dans un petit appart comme le commun des mortels. C’est pour cela que je ne laissais jamais personne voir où je vivais. En fait je vivais dans un squat où j’avais l’eau mais pas l’électricité. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle je sortais aussi souvent, je ne voyais pas quoi faire dans un appartement vide toute seule. Mes effets personnels étaient constitués de peu de choses : j’avais un matelas avec une couverture, un grand sac contenant tous mes vêtements et une trousse de toilette sur la petite étagère au dessus du lavabo de ma salle de bain. Chaque jour, je récupérais mes affaires et je les dissimulais dans une partie du lycée où je savais que personne ne mettais les pieds au cas où mon abris ne soit plus disponible lorsque je reviendrais. Ce n’était pas ma première antre et je savais que ce ne serait pas la dernière. Ne pas savoir de quoi demain serait fait avait un côté excitant. D’ailleurs ma vie depuis deux ans n’avait pas été de tout repos, ce qui parait évident quand on me connait. Mais comme vous avez pu le voir plus tôt, je manie assez bien les masques et les apparences…

Ce soir-là, comme à mon habitude, je décidais de sortir. J’avais décidé de me rendre dans un des clubs de la ville. J’y étais déjà allée pas mal de fois, mais ce n’était pas pour autant mon préféré. En effet, il était régulièrement empli de bikers aux allures rustres. Ce n’était pas tous des gros lourds, cependant quand on tombait sur l’un on se doutait bien que l’on aurait du mal à le remballer. Mais d’un autre côté j’aimais l’ambiance où l’on avait l’impression de côtoyer le danger de près (et je savais que ce n’était pas qu’une impression). Ce soir, j’avais donc décidé de m’habiller en version rock, qui était de loin mon style préféré. De plus il se prêtait à merveille avec l’ambiance du club. Je pris une douche qui me revigora de par sa fraicheur puis, après m’être emmitouflée dans ma serviette, démêla ma chevelure qui commençait à avoir une longueur conséquente puisqu’ils m’arrivaient à présent à un niveau légèrement plus long que les épaules. Je me secouais les cheveux la tête en bas pour les ébouriffer, me cernait les yeux de noir et mis du rouge à lèvres. Je me dirigeais ensuite vers mes affaires et choisie une tunique noire et argentée que j’enfilais par-dessus un legging déchiré, noir également. Enfilant ma veste en cuir par-dessus, j’ajoutais une chaine épaisse autour de mon cou ainsi que des boucles d’oreilles argentées assez volumineuses. Je pris ensuite mon téléphone, mes cigarettes (entre autres) ainsi qu’un porte-monnaie de petite taille mais qui n’était pas totalement dégarni pour autant. J’enfouies le tout dans les diverses poches de ma veste, referma mes affaires que je cachais dans un coin et sortie.

Le chemin ne fut pas très long jusqu’au club. Je profitais du temps pour fumer mon petit plaisir puis entrait. Si d’habitude il y avait pas mal de bikers, ce n’était rien comparé à aujourd’hui. En effet, le club en recelait, et je vis pas mal de nouvelles têtes dont un blond que je sentie me dévisager lorsque j’entrais. Je m’assis au bar et me fit rapidement offrir plusieurs verres. Le porte-monnaie était repoussant, mais je ne tolérais pas sa compagnie pour les agréments qu’il pourrait envisager après. Mais évidemment pour moi les choses ne tournent jamais comme prévu et le gros porc commença à poser ses mains baladeuses le long de ma cuisse. Je commençais par la lui retirer, mais le gros lourd insista. Je rétorquais : « tu retires cette main de là tout de suite ». Ce qu’il ne fit pas. J’étais sur le point de franchement m’énerver lorsque le blond que j’avais vu à l’entrer vint prendre ma défense. Il ne dit que deux phrases, mais cela suffit à me débarrasser de l’autre idiot trop éméché. Je le regardais tandis qu’il regardait l’homme s’éloigner en jurant. Il avait de la prestance, et de toute évidence un rang élevé chez les bikers.  Se tournant ensuite vers moi, il me sourit, s’excusa au nom des chiens qui ne savaient pas se tenir. Il se nommait Daryl, un prénom aussi rare que beau. Je finis la dernière gorgée de mojito qu’il me restait et sautait du tabouret. Je n’étais pas très grande, ce qui devait amplifier l’effet de ma jeunesse, ce dont je me rendis compte trop tard. Tant pis. Je lui souriais à mon tour, lui tendit la main et me présenta à mon tour :

- «  Et moi c’est Shane. Ravie de voir qu’il reste encore des hommes galants ici, un peu plus et je me disais que je ne reviendrais plus »

Je lui souriais d’un air malicieux. Il ne semblait pas comme les autres, mais je savais que je ne pouvais pas m'y fier. A jouer avec le feu, on sait que l'on risque de se brûler. Je décidais cependant de voir qui se cachait derrière cette apparence à la fois aimable et menaçante et ajoutais:

- «  Comment puis-je vous remercier de m'avoir débarrassé de ce rustre? »

« Bonjour,
Nous avons constaté que le sujet suivant n'a pas reçu de réponse depuis un moment, nous vous laissons jusqu'au 20 mai sinon, le sujet sera verrouillé
Merci de votre compréhension. »